Big Sugar nous tient la dragée haute – l’OMS se gratte la tête

Bonjour

Nuages sucrés dans un monde obèse et pré-diabétique. Il y a un mois le site www.lanutrition.fr levait un lièvre. On apprenait que Vincent Peillon, ministre de l’Education nationale autorisait les sucriers à œuvrer dans l’école laïque, républicaine et sacralisée. Ce lièvre fut nourrit par le Dr Dominique Dupagne dans un billet auquel nous fîmes écho – « Sucre à l’école : les racines du scandale ». Un bien beau lièvre que l’on vit sur les ondes de France Inter.

Mayonnaise

Puis le lièvre passa un après-midi à l’Assemblée nationale. Interrogé sur ce sujet le 12 février par une députée verte  Vincent Peillon parla à son endroit d’ « amalgame honteux », se félicita de l’accord passé entre Marianne et les sucriers, vanta les mérites du « Programme national nutrition santé » – on peut le voir ici. Dans le sillage du lièvre une pétition circula sur la Toile. Le Dr Dupagne réclama une mission enquête parlementaire. Interrogé il nous dit aujourd’hui  ne rien voir venir. Le « scandale » est là mais la mayonnaise ne prend pas. Elle prendra. Du moins si l’huile de coude ne manque pas.

Canne-betterave

Les sucriers avancent masqués et nous tiennent la dragée haute. Comme avec leur célèbre « Semaine du Goût » pilotée par la Collective du sucre. C’est là un rapt commercial doublé d’une trahison idéologique et pédagogique. Le rapt en douceur fondateur des « classes du goût » (voir ici) – initiative développée dans les années 1970 par Jacques Puisais. Des « classes » étalées dans le temps, laïques, citoyennes, pédagogiques, libératrices. Des « classes du goût qui existent toujours au sein de municipalités éclairées mais qui sont comme étouffées par la puissance de la dictature canne-betterave. Une initiative qui, dans un monde de gauche idéal serait soutenue par Vincent Peillon, ministre de l’Education nationale.

Abeilles chaptalisées

Pour Jacques Puisais, 86 ans, le sucre occupe une place bien à part dans l’éventail de nos émotions sensorielles. Il est monolithique, sans origine et omniprésent. C’est, économiquement et gastronomiquement, une dictature. Il devenu un produit transformé, invisible raffiné et collant. On peut y voir le symbole de la machinerie agro-alimentaire aliénante d’aujourd’hui. Voire, sans même être marxiste, le triomphe du capitalisme : il a l’emprise sur nous. Il nous transforme en abeilles inversées, chaptalisées. Il nous interdit de faire notre propre miel.

Entremets

On se souvient de celle du salé. Il y a une pathologie autrement plus lourde : celle du sucré. Elle reste à écrire. Il y a aussi une politique du sucré. Elle reste à démonter. Il y a, enfin, un fil rouge médiatique et médical du sucré. On le retrouve ici ou là. Dans les affaires récurrentes des récurrentes des « coupe-faim ». Dans deux épidémies galopantes : celle du surpoids-obésité et celles des urines sucrée. Dans les entrelacs et les entremets de la « fiscalisation comportementale » (« taxer ou pas les sodas » ? – nous y reviendrons). Ou encore via l’émergence du sucré dans le vaste champ des addictions.

Big Sugar

Appelons-le  Big Sugar. Son histoire s’écrit sous nos yeux. L’OMS en témoigne qui vient de communiquer sur le sujet (voir ce document officiel et passionnant) :

« Une grande part des sucres consommés aujourd’hui sont «cachés» dans des aliments transformés qui ne sont habituellement pas considérés comme des sucreries. Par exemple, 1 cuillère à soupe de ketchup contient environ 4 grammes (environ 1 cuiller à thé) de sucres. Une seule canette de soda sucré contient jusqu’à 40 grammes (environ 10 cuillères à thé) de sucre.

 La recommandation actuelle de l’OMS, émise en 2002, est que les sucres doivent représenter moins de 10% de l’apport énergétique total quotidien. Le nouveau projet propose que les apports en sucres soient inférieurs à 10% de l’apport calorique journalier, mais il suggère en outre qu’une réduction de ce pourcentage à moins de 5% par jour apporterait des bénéfices supplémentaires.

Cinq pour cent de l’apport énergétique total représentent approximativement 25 grammes (environ 6 cuillères à thé) de sucre par jour pour un adulte doté d’un indice de masse corporelle  normal.

Les limites proposées au sujet des apports en sucres dans ce projet de lignes directrices s’appliquent aux monosaccharides (tels que le glucose et le fructose) et aux disaccharides (tels que le sucrose ou sucre de table) qui sont ajoutés aux aliments par le fabricant, le cuisinier ou le consommateur, ainsi qu’aux sucres naturellement présents dans le miel, les sirops, les jus de fruit et les concentrés de fruits. »

 Liens d’intérêts

L’OMS vient d’ouvrir une consultation publique sur le sujet. On y peut s’y exprimer ici. Faire vite ce sera terminé le 31 mars. Et c’est en anglais. On n’imagine pas que des liens d’intérêts puissent exister entre l’OMS et les sucriers.

A demain

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