Bonjour

Revenons un instant sur cette matinée du 30 avril riche en événements anti-tabagiques. D’une part la publication d’un premier consensus professionnel sur le recours à l’e-cigarette. De l’autre les déclarations sur BFM/TV de Marisol Touraine, ministre de la Santé. Des propos dont les médias ne retiendront demain qu’il sera bientôt interdit en France de vapoter dans « espaces  publics » (et non dans les seuls « lieux publics »).

On écoutera ici ce qu’a dit Mme Touraine. Et ce qu’elle n’a pas dit. Voire même ce qu’elle aurait pu laisser entendre : « Marisol Touraine, BFM/TV – 30 avril 2014 ».

Du solide

Pour l’heure l’essentiel, le solide, le concret c’est le document élaboré et rendu public sous l’égide de l’OFT. On pourra le consulter gracieusement  ici.

« Adaptations de la prise en charge de l’arrêt du tabac avec l’arrivée de la cigarette électronique. Avis d’experts »

Au total 76 items pédagogiques, pragmatiques, souvent de grande importance pratique et thérapeutique. Exemples :

« (…) 12 En absence de combustion, la cigarette électronique ne libère pas de monoxyde de carbone (gaz asphyxiant), ni de quantités significatives identifiées dans les produits actuels de particules fines solides (pro-inflammatoires), ni de substances cancérogènes, contrairement à la fumée du tabac.

13 Malgré les incertitudes, il est très probable que la cigarette électronique présente beaucoup moins de danger que les cigarettes traditionnelles et que quitter le tabac fumé pour la cigarette électronique pourra entraîner une réduction de risque bénéfique à la santé.

14 La cigarette électronique peut être proposée aux fumeurs qui ne veulent pas ou ne réussissent pas à arrêter ou à réduire leur tabagisme avec les méthodes classiques.

15  Garder quelques cigarettes en vapotant réduit beaucoup le bénéfice attendu de l’abandon complet du tabac. Comme lors d’une stratégie de réduction par substitution nicotinique, le professionnel de santé doit avoir pour objectif l’arrêt total du tabac.

16   Si le choix se porte sur la cigarette électronique, expliquer la nécessité de bien choisir sa cigarette électronique et ses e-liquides pour en optimiser l’usage à chaque étape et augmenter ainsi ses chances de remplacer totalement les cigarettes. (…) »

Incidemment la page semble heureusement tournées des insinuations-accusations de 60 millions de consommateurs (août 2013) sur le potentiel cancérogène de la cigarette électronique.

Pourquoi « Pierre Fabre Médicament » ?

Ce document sera sans doute critiqué, contesté ici ou là. On ne manquera pas de regretter qu’il n’aura pas pu être élaboré sans l’aide et le soutien  des « Laboratoires Pierre Fabre Médicament » (questions : pourquoi ? à quelle hauteur ?). Comment comprendre qu’une question de santé publique d’une telle importance ne puisse être traitée par le seul truchement de l’argent public et des organismes que cet argent entretient. Où est ici passée la Haute Autorité de Santé (HAS) ?

Usine à gaz

Pour l’heure cette haute usine à gaz administrative se borne à dire que la cigarette électronique « n’est pas recommandée à ce jour » ; mais que « son utilisation n’est pas découragée ». Ce qui pourrait toujours être utile si l’affaire devait demain prendre une tournure judiciaire.  « Nous n’avons pas assez de données scientifiques sur son efficacité et son innocuité » ajoute la HAS.

Peut-on savoir ce qu’elle fait pour obtenir ces données ? Cela pourrait intéresser les vapoteurs et les fumeurs de tabac. Voire même les citoyens qui ne le sont pas.

A demain