Aquilino Morelle : Lundbeck confirme les 12 500 euros ; l’Ordre des médecins et la morale médicale s’en mêlent

Bonjour

Comme annoncé : après l’Elysée la descente, assez rapide, vers les enfers. Pour un docteur en médecine cela passe assez souvent sous les fourches ordinales. Ce sera bientôt le cas pour le Dr Aquilino Morelle. L’affaire était révélée aujourd’hui, en bonne place, dans Le Parisien. Bonne fuite : nos confrères ordinaux l’ont confirmée, sans se faire prier, à l’AFP : le Dr Aquilino Morelle a bien reçu (le mois dernier) un courrier de convocation le mois dernier pour être entendu devant le Conseil de l’Ordre des médecins de Paris. Il s’agit tout simplement d’entendre « sa version des faits ». Puis « de voir quelles suites donner ».

Moralité et probité

Bien informé  Le Parisien précise que le Dr Aquilino Morelle est convoqué devant la justice de ses pairs pour « atteinte au principe de moralité » (article 3 du code de déontologie médicale)  et « actes ou faits pouvant déconsidérer la profession » (article 31 du même code). (1)

Pour l’heure une seule ombre connue au tableau : alors qu’il était salarié de l’Igas, des rémunérations par le laboratoire danois Lundbeck. C’était en 2007 (15 octobre / 31 décembre).  Il se serait alors agi d’un « contrat ponctuel, un travail d’intermédiaire. En pratique l’organisation de deux rendez-vous avec le Comité économique des produits de santé (CEPS) – une  structure qui fixe – dans le plus grand secret –  le prix des médicaments et les taux de remboursement (2).

Seroplex® et phobie sociale

On laisse ici ou là entendre qu’il s’agissait ici d’aider Lundbeck à « stabiliser » le prix du Seroplex® (voir ici). C’est une molécule utilisée contre la dépression (épisodes dépressifs majeurs) et les troubles anxieux (tels que le trouble panique avec ou sans agoraphobie, le trouble d’anxiété généralisée et les troubles obsessionnels compulsifs) chez les adultes de plus de 18 ans. Environ 29 euros la plaquette de 28 comprimés. Remboursé à 65% par notre Sécurité sociale. Mais c’est aussi une molécule qui bénéficia, quelques mois plus tard, d’une extension d’indication. Nous y reviendrons peut-être.

Déjeuners partagés

À l’issue de son entretien les confrères ordinaux du Dr Morelle lui signifieront s’ils engagent ou non d’engager une action disciplinaire.  « Après la justice (une enquête préliminaire est en cours) ; après l’Igas, son corps d’origine (qui exige des explications), c’est désormais à l’Ordre des médecins que ce médecin énarque va devoir rendre des comptes » écrit Le Parisien.  L’AFP ajoute que l’ancien conseiller de Lionel Jospin et de François Hollande est visé par des investigations de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique.

Qui, le moment venu, témoignera à la barre ordinale en faveur du Dr Morelle ? Interrogé il y a peu par BFMTV sur d’éventuels déjeuners partagés avec lui et l’industrie pharmaceutique le Dr Jean-Marie Le Guen (aujourd’hui secrétaire d’Etat chargé des Relations avec le Parlement) ne se souvient plus véritablement. (voir ici). «  Peut-être un déjeuner. En dix ans d’activité. »

Relire l’enquête de l’Igas sur le Mediator

La justice et les appétits médiatiques étant ce qu’ils sont la question est désormais soulevée du Mediator. Pourquoi Xavier Bertrand, alors ministre UMP de la Santé, a-t-il choisi le  socialiste Aquilino Morelle pour avoir la haute main sur l’enquête de l’Igas sur le Mediator ? Un rapport d’enquête qui commence à être relu sous de nouveaux angles.

A demain

(1)     Article 3 : « Le médecin doit, en toutes circonstances, respecter les principes de moralité, de probité et de dévouement indispensables à l’exercice de la médecine. »

Article 31 : « Tout médecin doit s’abstenir, même en dehors de l’exercice de sa profession, de tout acte de nature à déconsidérer celle-ci ».

(2) Les responsables français des laboratoires danois Lundbeck ont confirmé leurs liens passés avec Aquilino Morelle. Le parquet national financier a ouvert une enquête préliminaire visant M. Morelle pour établir ses liens passés avec des laboratoires pharmaceutiques et établir s’il y a eu ou non un délit de prise illégale d’intérêt lorsqu’il travaillait à l’Igas.

Auditionné le 15 mai, le directeur administratif et financier de Lundbeck a remis aux enquêteurs le contrat de consultant signé en 2007 pour un montant de 12 500 euros avec M. Morelle, avec les dates et le type de mission de consultant « dans le domaine médico-économique ». Le laboratoire a indiqué à Mediapart qu’il s’agissait du seul contrat passé avec l’ancien conseiller. de François Hollande.

 

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