Bonjour
31 mai 2014 : « Journée mondiale sans tabac ». L’affaire commence à fatiguer l’Académie de médecine. La compagnie s’associe « cette année encore » à cette manifestation. Mais « au-delà des vœux de circonstance », l’Académie souhaite « que soient enfin prises des mesures concrètes et réellement dissuasives, individuelles et collectives ». Et ce « pour mettre un terme à une hécatombe qui constitue un véritable crime contre la santé publique ».
Une hécatombe …. Un crime ... Le 31 mai 2015 l’Académie parlera d’assassinat… Et elle sera dans le vrai. Restera alors à confondre les coupables. Longue histoire…
Comprendre pour goûter
31 mai 2014 : « Journée mondiale sans tabac ». L’Alliance contre le tabac (présidée par Yves Bur) n’a pas goûté faute de l’avoir saisi notre récent billet sur le HCSP « soudoyé par les cigarettiers ». Au point de perdre son calme et de frôler l’injure. Elle donne une nouvelle fois de sa forte voix. Et revient sur l’intérêt et les dangers de la cigarette électronique. L’Alliance écrit ceci :
« L’acte de « fumer autrement » par le biais de la cigarette électronique ne doit pas donner l’occasion de contourner la réglementation existante en « vapotant » dans les lieux à usage collectif où l’interdiction de fumer prévaut et doit rester la règle, y compris pour les utilisateurs de l’e-cigarette. Au risque de provoquer par mimétisme une incitation à « s’en griller une », l’application de la législation existante qui promeut la santé de tous (fumeurs, non-fumeurs, vapoteurs, enfants…) doit être respectée. »
Diabolisation archaïque
Au risque de se faire à nouveau étriller on dira que c’est là une approche assez archaïque. Ou, si l’on veut, une conviction fondée sur la seule diabolisation du tabac. Résumons. La cigarette électronique devrait être interdite des espaces publics au motif que le vapoteur pourrait, « par mimétisme », déclencher chez le fumeur l’irrépressible envie de fumer – et ce dans un lieu où la consommation de tabac est interdite.
Marisol Touraine, ministre de la Santé, ne dit rien d’autre. Elle reconnaît (enfin) publiquement que la cigarette électronique est moins nocive que la cigarette de tabac et qu’elle « peut aider au sevrage ». Mais elle refuse son spectacle dans les lieux publics au motif que cela constituerait « la réhabilitation d’un geste qui n’a plus lieu d’être ».
Sganarelle
Cachez ces vapoteuses que nous ne saurions voir. Qu’écrirait Molière qui savait aussi ce que tabac veut dire (Dom Juan, Acte I, scène 1 Sganarelle) ? Etranges positions. C’est, en somme, redouter une contagion tabagique par le geste. Et vouloir en faire coûte que coûte un texte de loi. Au nom de tous les non vapoteurs qui ne sauraient être incommodés par la vapeur d’eau et les arômes qu’elle diffuse. Au non des fumeurs (actuels et ex) qu’un tel spectacle pourrait pousser à retomber dans leur vice.
C’est aussi ne pas entendre ici la voix des vapoteurs, eux qui retrouveraient alors mécaniquement les espaces dévolus aux fumeurs de tabac. Avec toutes les conséquences négatives que l’on peut imaginer. La contagion par les effluves … L’angoisse de repiquer…
Inserm allergique
Chacun peut ici avoir son opinion… la partager…. Mais où sont les travaux de sciences humaines, se sociologie, de psychologie et d’épidémiologie qui pourraient nous éclairer ? Pourquoi les organismes publics de recherche (l’Inserm tout particulièrement sans oublier le CNRS et les institutions universitaires) demeurent-ils comme allergiques à ce sujet majeur de santé publique ? Pourquoi leurs tutelles ne leur ont-elles rien demandé ? Pourquoi ne se sont-ils pas autosaisis ? Silences…
Plus généralement il y a ici un méchant vice de raisonnement à vouloir assimiler vapoteuse et cigarette de tabac. L’heureuse exclusion des fumeurs des espaces publics (acceptées par l’immense majorité d’entre eux) trouvait son fondement dans les méfaits amplement démontrés du tabagisme passif. La Seita avait tenté de s’opposer à la future loi Evin en plaidant la liberté réciproque, celle du fumeur de fumer égalant celle du non fumeur de ne pas fumer. On en fit des publicités avant l’argent des fumeurs… Devant les chiffres, cela ne tint guère…
La peur du vapoteur
On voudrait aujourd’hui établir un parallèle. Il ne tient pas. Le vapoteur est dans la grande majorité des cas un fumeur qui tente de faire une croix sur le tabac. Son sang contient bien la nicotine que son cerveau réclame. Mais il rejette de la vapeur d’eau, non des produits mortifères – produits qu’il n’inhale heureusement plus.
Rien ne nous impose d’imaginer le vapoteur heureux. Il ne réclame rien à la collectivité … cherche à se soigner… à calmer ses tortures…. Pourquoi le législateur devrait-il le torturer ? Peut-être précisément à ce titre. Il a péché … et nous montre qu’il n’est pas encore pardonné… Ou alors la vision des vapoteurs fait à ce point peur qu’on veut, comme les damnés, les enfermer. Qu’en pensent ceux de L’Alliance ?
A demain