Bonjour
Nous sommes tous victimes d’assuétudes mais certains le sont plus que d’autres. L’Opinion de ce 3 juillet publie un entretien avec Bernard-Henri Lévy (Cyril Lacarrière). Actualité : il vient d’être renouvelé une sixième fois à la présidence du conseil de surveillance d’Arte. Et ce soir France 2 diffusera un « portrait autorisé » du président d’Arte. Ce sera dans son émission « Complément d’enquête ».
Pierre Bergé et Jacques Chancel
Portrait « autorisé » réalisé avec l’aide de Pierre Bergé, François Pinault, Anne Sinclair, Alain Minc, Bernard Kouchner, Hubert Védrine, Claude Guéant, Arielle Dombasle, Jean-Paul Enthoven, Bernard Pivot, Jacques Chancel etc.
« L’Opinion : Une des révélations de ce documentaire vient de votre épouse Arielle Dombasle, qui évoque votre consommation de substances illicites et que la drogue vous permettrait de vous stimuler pour arriver à vos fins ? Est-ce qu’elle vous avait prévenu de cette sortie ?
B.-H.L. : Non. A l’instant où l’on se parle [mercredi après-midi], je ne lui en ai pas parlé non plus. Dans ce genre de longue interview, on dit plein de choses sans trop savoir ce que le réalisateur va retenir. Il a gardé ça. Bon. Cela fait partie des choses dont je ne peux pas vous dire qu’elles m’enchantent. »
Téléspectateurs de France 2
Nous n’en saurons pas plus. Mais avions-nous besoin de savoir cela ? Sera-ce-utile du point de vue de la santé publique ? Résumons. Pas de trahison ici. On accepte le jeu du portrait télévisé. Sans plaisir mais on l’accepte – à la condition qu’il soit « autorisé ». La condition est acceptée. Votre épouse confie alors un élément privé que vous auriez préféré garder secret. Le réalisateur garde ce passage au montage (pouvait-il, raisonnablement, faire autrement ?). Et c’est ainsi que les téléspectateurs de France 2 vont découvrir que vous consommez des substances illicites ; que pour « parvenir à vos fins », pour vous « stimuler », vous vous droguez.
Aldous Huxley
Rien d’original. Et, sans doute, rien de bien méchant. Bien évidemment la machinerie médiatique voudra en savoir plus. Jusqu’à Vanity Fair. Voire Lui. Ou « M ». Depuis quand ? Combien ? A quel prix ? Quels circuits ? Et quelles fins justifiant de tels moyens ? Bientôt vous serez pressé de raconter vos propres portes de la perception, de décrire les chemins entrouverts par ces psychotropes interdits jusqu’à l’œuvre créatrice.
Vous vous installerez sans doute dans le sillage de Théophile Gautier, avec les mots de Malraux. Peut-être, qui sait, suivrez-vous demain les sentiers de la spiritualité façon Aldous Huxley. Puis d’autres enquêteurs médiatiques viendront. On ira jusqu’à vous demander votre opinion sur la dépénalisation libertarienne des drogues illicites et sur les fléaux de celles qui ne le sont pas.
Instant mondain
Tout cela donnera, dans le meilleur des cas, la dimension politique que vous cherchez tant à donner à chaque instant de votre vie privée. Si tel n’est pas le cas il n’y aura eu, sur la télévision publique, qu’un instant mondain. Ce ne sera alors qu’un événement germanopratin. Un de plus. Quelques mots échangés dans un Saint-Germain qui n’est plus.
A demain
Vous écrivez : « Rien d’original. Et, sans doute, rien de bien méchant » .
Rien d’original c’est indéniable .
Par contre banaliser la consommation de psychotropes interdit qui plus est en « convoquant » Gauthier, Huxley , Malraux me semble problématique