Ebola : Londres et Hong Kong s’inquiètent, Bruxelles et Paris temporisent. Qui a raison ?

Bonjour

Il y a une géographie politique, diplomatique, des épidémies. Une géographie médiatique aussi. Celle d’Ebola (qui progresse en Afrique de l’Ouest) le démontre une nouvelle fois. Comment, en cette fin du mois de juillet, ne pas être frappé par la discordance des analyses, des déclarations officielles ? Et comment ne pas se demander qui, dans un avenir plus ou moins proche, aura eu tort de minimiser (ou de grossir) ce risque infectieux ?

Hors de contrôle

Pour « Médecins Sans Frontières » (voir ici) les choses sont simples : la situation épidémique est désormais « hors de contrôle » et qu’il y a un « réel risque de voir de nouveaux pays touchés ». Soit au-delà de la Guinée, du Libéria, de La Sierra Leone et du Nigeria. Des initiatives privées sont prises, en marge des réglementations internationales : deux compagnies aériennes africaines, Arik et ASKY, ont unilatéralement suspendu leurs liaisons avec le Liberia et la Sierra Leone (voir ici). L’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) et  consulter l’OMS en ont pris acte.

Le Royaume-Uni manifeste une inquiétude qui tranche avec sa gestion passée des phénomènes épidémiques d’origine virale. Le 30 juillet une réunion interministérielle de crise était organisée à Londres.

Grave urgence sanitaire

« Pour l’instant d’après ce que nous savons, aucun ressortissant britannique n’est infecté et nous sommes assez confiants sur le fait qu’il n’y a pas de cas au Royaume-Uni, a déclaré le chef de la diplomatie Philip Hammond sur la BBC (voir ici). Mais le virus constitue tout de même une menace à laquelle nous devons répondre. Je voudrais souligner qu’en ce qui concerne le Royaume-Uni, la question porte sur la possibilité que quelqu’un ayant contracté la maladie en Afrique tombe malade ici. Quant à une propagation de la maladie au Royaume-Uni, nous avons des procédures de contrôle de l’infection qui rendent cette hypothèse très peu probable. »

Pragmatique M. Hammond rappelle que l’ « approche la plus logique » est de fournir de l’aide « pour traiter la maladie à la source.» Brian McCloskey, directeur des services britanniques de santé publique a quant à lui qualifié Ebola d’ « urgence sanitaire la plus grave » à laquelle est actuellement confronté le Royaume-Uni. « Nous vivons dans un monde complètement interconnecté où tout ce qui affecte des pays lointains peut avoir des répercussions majeures ici » a souligné Mark Walport, conseiller scientifique auprès du gouvernement, dans le Daily Telegraph. (voir ici)

Contrôles aux frontières

Les autorités britanniques ont averti les agents de contrôle aux frontières et le personnel des aéroports sur les symptômes de cette maladie, et appelé les médecins à la vigilance, la période d’incubation de la maladie pouvant aller jusqu’à une vingtaine de jours. Des recommandations d’hygiène sont données aux voyageurs dans la région affectée par Ebola sur le site du Foreign Office (voir ici). En comparaison le site du ministère français des Affaires étrangères apparaît  plus cheap, comme on peut le voir ici.

Extraits :

« La France est mobilisée depuis le début de la crise Elle apporte un soutien technique et une expertise pour juguler l’épidémie. Nos ambassades, notamment en Guinée (également compétente pour la Sierra Leone) et au Liberia, sont en contact étroit et permanent avec les structures de veille sanitaire et de soins mises en place dans chacun de ces pays (…) La France soutient notamment le projet de laboratoire mobile de haute sécurité porté par l’Inserm en lien avec les Instituts Pasteur et Mérieux (…)

Kits de protection

En Guinée Conakry, un expert de l’Institut Pasteur doit rejoindre prochainement les autorités sanitaires guinéennes. Il s’agit de la cinquième mission d’expertise française auprès du ministère de la Santé de Guinée depuis l’apparition de l’épidémie (…)  Au Liberia MSF a dépêché à notre demande une équipe spécialisée chargée de mettre en place un centre de prise en charge doté de kits de protection des personnels soignants (…)  La France est aussi active avec ses partenaires européens. Ainsi, l’agence humanitaire européenne ECHO a débloqué 1 900 000 € d’aide d’urgence et déployé des experts sur le terrain. »

D’ici la fin de cette semaine, le ministère français des Affaires étrangères et du développement international « réunira l’ensemble des acteurs français afin de faire un point de la situation et des risques et de décider des mesures additionnelles, en étroite coordination avec l’OMS ». Le ministère français de la Santé n’est pas, pour l’heure, actif sur ce sujet. (1).

Mise en quarantaine

À Hong Kong (sept millions d’habitants) les autorités sanitaires ont annoncé qu’elles mettraient en quarantaine tout voyageur en provenance de Guinée, Sierra Leone et Liberia ayant des symptômes de fièvre, par mesure de précaution.  À Bruxelles, une « source européenne » a assuré que l’Union était équipée pour dépister et traiter les malades contaminés par le virus Ebola. Mais elle a aussi jugé « infime » la probabilité que l’épidémie africaine touche les États membres.

Quant au « Centre européen de contrôle des maladies infectieuses », sa communication est, pour l’heure, bloquée au 17 juillet.    

A demain

(1) Précision : Marisol Touraine, ministre de la Santé s’exprime sur le sujet dans un entretien publié jeudi 31 juillet par Le Parisien/Aujourd’hui en France (payant).  Elle explique faire en sorte « que notre pays ne soit pas touché ». Extraits :

 « Aucun cas importé n’a été signalé à ce jour [en France]. Pour autant, une extrême vigilance s’impose face à cette maladie à la fois très grave et très contagieuse qui progresse en Afrique. (…) A l’heure actuelle, le risque d’importation du virus en Europe et en France est faible. » « Depuis plusieurs mois », le ministère des Affaires étrangères et celui de la Santé ont « établi des recommandations pour ceux qui se rendent dans les pays concernés ». « Sans alarmer, c’est sur cette prévention en amont qu’il faut insister ». Si des cas importés étaient signalés, la ministre de la Santé affirme que« notre pays a les moyens de faire face »« Nous avons mis le dispositif de veille sanitaire en alerte pour sensibiliser les professionnels de santé au diagnostic et aux modalités de prise en charge au cas où un malade se présenterait souffrant de fièvre et rentrant de l’un des pays concernés par l’épidémie ».

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