Rectificatif-Ebola : à Air France on commence bel et bien à avoir peur

 

Bonjour

Toujours croiser ses sources. Sur la foi d’un sujet radiophonique de France Inter  (ainsi que d’échanges antérieurs avec des responsables de la compagnie) nous avons écrit qu’Air France traversait sereinement la crise Ebola. (« Ebola : toujours plus de morts, Air France n’a toujours pas peur »). Extrait :

 « Comment les choses se passent-elles en interne ? Plutôt bien si l’on écoute France Inter. Le comité Hygiène et Sécurité a étiqueté  ces vols sur la liste des « destinations à risque ». Cela donne, en pratique, toute liberté au personnel pour refuser d’embarquer.  Mais les refus se comptent sur les doigts de la main et aucun vol n’a été annulé.

 S’il est inquiet le personnel navigant commercial peut faire appel aux syndicats. Comme le Syndicat national du personnel navigant commercial (l’un des trois représentatifs)  – un syndicat qui « reçoit pas mal d’appels » et dit « recouper les informations » entre celles  données par les médias, par l’employeur et par d’autres sources.

Pas de baisse d’affluence dans les carlingues. Au contraire. Les peureux sont remplacés par de nouveaux clients : les membres du personnel médical et soignant qui montent en première ligne. »

Doigts des mains

Des refus d’embarquer sur le doigt de la main ? Des deux mains plus exactement. Voire de plusieurs mains… Combien ? On ne le saura pas. L’Agence France Presse a enquêté après les informations du  Parisien- Aujourd’hui en France (« L’inquiétude des hôtesses d’Air France » payant).

Et ce soir, 19 août  l’AFP  est reprise par différents médias. Que nous dit-elle ?  Que la peur du virus Ebola contamine le personnel des compagnies aériennes. Que certains personnels navigants d’Air France « n’ont pas souhaité effectuer leur mission » pour se rendre en Guinée, en Sierra Leone ou au Nigeria, pays touchés par l’épidémie d’Ebola. Information soudain officielle, données par « un porte-parole de la compagnie ».

Electricité négative

« Dans tous les cas, tous les vols sont partis avec des équipages composés en totale conformité, en nombre comme en qualification, avec la réglementation », affirme néanmoins Air France pour qui ces refus n’ont eu « aucun impact ».  Il y a pourtant de l’électricité négative dans l’air.  Le syndicat national du groupe Air France/KLM CFTC,  minoritaire, a lancé une pétition (voir ici) , demandant « l’arrêt immédiat de la desserte des pays touchés par le virus Ebola ».  Déjà plus de 700 signatures dit-on.

« En signant la présente pétition, je soutiens la demande du SNGAF visant à obtenir d’Air France l’arrêt immédiat de la desserte des pays touchés par le virus Ebola en  Afrique de l’Ouest. La poursuite des vols sur ces destinations est une mise en danger GRAVE  des PN de la compagnie,  et au-delà du risque sanitaire, cette situation présente un facteur de stress important pouvant nuire à la qualité de la tâche sécurité des PNC, ainsi qu’un risque psycho-social avéré pour notre population »

Cordon sanitaire

« Nous savons que nous avons un métier à risques, mais avec des risques mesurés. Là, c’est totalement hors de contrôle, les informations ne sont pas les mêmes d’un jour à l’autre, déplore Sophie Gorins, secrétaire générale du SNPNC. Si nous ne sommes pas capables d’assurer davantage d’hygiène ou un cordon sanitaire, il faudrait annuler les vols, sauf à dire que nous sommes réquisitionnés pour porter secours. (…) Les mesures qui consistent à distribuer des gants sont un pis-aller, nous n’avons aucune certitude que nous ne transportons pas une victime ou que nous ne sommes pas nous-mêmes porteurs de la maladie. »

L’information circule depuis peu en boucle : France TV Info ; Le Figaro ; BFM-TV ;Le Point etc.

« Clause de fatigue »

On rappelle qu’un commandant de bord peut invoquer son droit de retrait s’il estime courir un « danger grave et imminent » pour sa vie ou sa santé. Ce droit est alors appliqué à l’ensemble de l’équipage, qui est remplacé par un équipage de réserve. Confrontés à la même situation, les hôtesses et stewards peuvent invoquer une « clause de fatigue ».

Cinq compagnies – Arik, ASKY, British Airways, Gambia Bird et Kenya Airways – ont déjà interrompu leurs liaisons avec Freetown.  Aujourd’hui seules trois compagnies internationales continuent de desservir la Sierra Leone : Royal Air Maroc, Brussels Airlines et Air France. Les personnels navigants opèrent « sous une intense pression de passagers qui veulent partir »  explique le directeur général de l’Aviation civile, Abubakarr Kamara. Que veut dire précisément le directeur général ?

Symbolique tricolore

Plusieurs organisations internationales, dont l’OMS, l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) et l’Association internationale du transport aérien (IATA) se réunissent à nouveau sur le sujet. Et l’OACI a fait une nouvelle mise au point le lundi 18 août. 

Il est clair que l’arrêt des vols d’Air France desservant les quatre pays africains touchés par l’épidémie aurait, du fait du prestige de cette compagnie et de la symbolique nationale qu’elle continue de nourrir, une dimension bien supérieure à son seul impact économique.

A demain

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