Bonjour
A 37 ans il n’en mène plus très large. Il vient d’être condamné à huit mois de prison. Huit mois ferme. Il n’en revient toujours pas. Pourquoi ? Samedi 30 août, sur les quais de la Loire, à Tours. Il est au volant d’une voiture. Conduite bizarre. Nombreux écarts. Les chocs répétés avec le trottoir ont fait éclater deux pneus
Jamais de permis
Il n’en faut pas plus pour alerter les policiers. L’homme est âgé de 37 ans. Il demeure à Saint-Pierre-des-Corps, (Indre-et-Loire). Papiers du véhicule ? Pas de permis de conduire ? Pas de permis de conduire: il n’a jamais passé l’épreuve. Alcoolémie ? Positive : 2,40 g/litre.
De la police à la justice pour comparution immédiate. A peine le temps du dégrisement. « J’ai un réel problème avec l’alcool depuis que j’ai 18 ans », reconnaît Stéphane R… La Nouvelle République du Centre Ouest masque les noms. Un alcoolisme de vingt ans déjà.
Bières et ex-compagne
« L’alcool, c’est votre problème. Mais il est devenu cependant celui de la justice », lui rétorque la présidente du tribunal correctionnel. Il est des magistrates qui savent parler aux malades alcooliques. (1)
Que dire à la justice ? Que ce samedi-là, il se rendait chez son ex-compagne pour avoir des nouvelles de leur fils, un enfant « placé ». Il avait déjà bu de la bière avant la retrouver. Puis sur place il encore bu de la bière. Deux. « Une habitude qui a lui déjà valu diverses condamnations » écrit La Nouvelle République (Vanina Le Gall).
Alcoologues absents
Mais encore ? Que fait la médecine ? En juillet Stéphane avait, de lui-même, mis fin à son traitement médicamenteux. Il dit que ce traitement « fonctionnait mal avec son rythme de travail ». « C’est très compliqué d’arrêter de boire, Madame », lance-t-il à la présidente. La présidente laisse dire. Aucun alcoologue dans le prétoire.
Stéphane est aujourd’hui « plongé dans les difficultés financières » avec sa compagne. L’ex ? Une autre ? Il « reconnaît que le paiement des factures passe avant celui des cours pour passer le permis ».
Ne plus faire confiance
Que va dire la justice ? Le procureur, défenseur de la société, réclame une peine de dix mois d’emprisonnement assortie d’un mandat de dépôt pour ce prévenu en état de récidive : « Il n’est plus question de confiance ni d’ultime chance. » L’avocat tente d’expliquer que Stéphane « se met à boire à chaque fois qu’il rencontre une difficulté ». Cet avocat évoque la nécessité d’une cure. Pour la cure, Stéphane et la société attendront.
Stéphane a été condamné à huit mois de prison. Il est donc maintenu en détention. Personne ne lui demande si c’est très compliqué d’arrêter de boire en prison.
A demain
(1) Sur les rapports entre la justice et la maladie alcoolique, on se reportera aux explications et précisions fournies, sur ce blog, par Evelyne Sire-Marin, vice-présidente du Tribunal de grande instance de Paris.
Une réflexion sur “2,40 grammes d’alcool par litre de sang : c’était « son ultime chance ». Il ne le savait pas”