Bonjour
Il y a précisément sept mois François Hollande, président de la République, annonçait le lancement d’un « Plan national de réduction du tabagisme ». Tous les médias étaient là qui précisaient que tout serait fait « avant l’été ». L’affaire était confiée à Marisol Touraine, ministre de la Santé. L’été est venu. L’été est passé. Nous sommes en automne. Le sommet de l’Etat est au plus mal, nous disent les gazettes. Est-ce une raison pour oublier le tabac et les promesses ?
Satisfecit radiophonique
Le « Plan anti-tabac » semble aux oubliettes gouvernementales. Et le gouvernement conforte la consommation nationale de cette drogue légale (1). Pascal Montredon, président de la Confédération des buralistes est aux anges. Dès l’aube, ce samedi 6 septembre, il en aurait presque bégayé sur les ondes. « C’est une mesure que nous attendions depuis longtemps et nous regrettons seulement qu’elle n’arrive que maintenant ; cela aurait été mieux avant l’été … ».
Pourquoi cette joie ? Le responsable en est Christian Eckert, Secrétaire d’Etat chargé du Budget. M. Eckert a tout simplement demandé aux douanes françaises de renforcer leur action en matière de lutte contre les achats transfrontaliers illicites de tabac. A cette fin, une circulaire publiée le 5 septembre abaisse de dix à quatre cartouches le seuil au-delà duquel toute personne contrôlée par les services douaniers sera sommée de justifier de leur détention pour sa consommation personnelle.
Deux cents cigares
La circulaire abaisse également les seuils applicables pour les autres produits du tabac, qui sont désormais fixés à : 200 cigares ; 400 cigarillos ; 1 kg de tabac à fumer.
« Si le caractère commercial de la détention est établi, la personne contrôlée s’expose au paiement des taxes françaises (par exemple 840 euros pour 20 cartouches), en plus de celles déjà payées dans le pays d’achat, mais aussi à des sanctions comprenant notamment une amende pouvant aller jusqu’à 750 €, une pénalité qui peut représenter cinq fois le montant des droits fraudés, la confiscation des produits, voire une peine d’emprisonnement pour les cas les plus graves.
« Les importations depuis l’extérieur de l’Union européenne restent soumises à la même limite qu’auparavant, c’est-à-dire l’interdiction d’importer plus d’une cartouche de cigarettes. »
Toujours plus
On ne plaisante plus : « Christian Eckert se rendra ce samedi 6 septembre sur les lieux d’une opération de contrôle renforcée aux frontières auprès des équipes des douanes afin de s’assurer de la bonne mise en œuvre de ces règles ».
Le président des buralistes français est heureux mais il en veut plus. C’est souvent ainsi avec les dealers, légaux ou pas : « Nous sommes satisfaits, car c’est un bon départ, une première mesure qui pourrait s’inscrire – à condition que le différentiel de prix avec les pays frontaliers ne se creuse pas – dans un grand plan national de lutte contre le marché parallèle. ».
Le pire ou pas ?
Pascal Montredon veut dire par là : blocage des sites Internet de vente de tabac ; le renforcement des sanctions ; une campagne pédagogique de prévention auprès du grand public ».
Au moins les choses sont-elle claires : C’est désormais un « Plan national de lutte contre le marché parallèle du tabac » contre un « Plan national de réduction du tabagisme ». On attend désormais laquelle des deux « sensibilités gouvernementales » l’emportera. Un passé récent montre que le pire n’est pas le moins probable.
A demain
(1) Les buralistes ne sont pas les seuls à se féliciter de la politique du gouvernement français. D’autres dealers sont dans les mêmes dispositions d’esprit. Telle est la conclusion que l’on peut tirer de l’écoute de « Secret d’info »la nouvelle et très bonne émission de France Inter (Matthieu Aron) consacrée à Saint-Ouen, « hyper-marché de la drogue aux portes de Paris » (Géraldine Hallot).
Chapô : « En 2012, Manuel Valls avait fait de Saint-Ouen un laboratoire de la lutte contre la délinquance et l’insécurité. Deux ans plus tard, les cars de CRS sont partis et les dealers sont revenus. Saint-Ouen est même devenu le plus gros point de vente de cannabis de la région parisienne, une véritable usine. Avec ses horaires, ses prises de postes, ses ouvriers spécialisés (guetteurs, collecteurs, ravitailleurs, vendeurs, gérants). Les salaires varient de 60 à 3 000 euros par jour. »
j’ai rarement lu quelque chose de plus débile que votre page sur le tabac et les buralistes.
Dont acte
J.-Y. N.