Bonjour
Stéphane Le Foll est, entre autres fonctions, le porte parole du gouvernement Valls II comme il l’était du précédent. On ne lui connaissait pas un sens aigu de l’humour. Visant Aquilino Morelle il vient d’avoir ce mot : « ll faudrait que chacun revienne un peu les pieds sur terre ». On se souvient qu’après être monté très haut le Dr Aquilino Morelle était tombé plus que bas. Une affaire de cirage et de quant à soi.
Froid dans le dos
Michel Sapin est depuis longtemps ministre. Aujourd’hui il est à l’Economie. Il est aussi de plus en plus fréquemment derrière les micros et les caméras. Pour expliquer que certes rien ne va mais que cela pourrait être pire. Et que si tout va mieux peut-être que, demain, la France chantera. Michel Sapin est souvent souriant. Ce matin, au micro de France Info, il ne l’était plus. Traitant des mille et un sujets à la confluence du politique et de l’éthique il a eu ce mot : « (…) le mieux qu’il pourrait arriver [à Aquilino Morelle] c’est de garder le silence ». Un mot qui, tout bien pesé, fait froid dans le dos.
Pourquoi menacer ainsi le Dr Aquilino Morelle ? Parce que le Dr Morelle vient de parler. Et que ses paroles dépassent celle d’un homme déçu. Elles sont du registre de l’homme qui gouvernait et qui découvre qu’on la trompé. Lui, l’homme de la gauche vraie trompé par celui dont il écrivait les plus beaux discours. Comme celui dit « du Bourget » (On peut retrouver ici le texte complet de ce discours grâce à la mémoire du Nouvel Observateur). On s se souvient des mots trouvés par le Dr Morelle sur « le monde de la Finance ».
« Tchéka hollandienne »
Aujourd’hui, les tourmentes semblent sans fin. C’est l’heure choisie par son ancien premier conseiller à l’Elysée (par ailleurs ancienne « plume » de Lionel Jospin et procureur contre le Dr Servier dans l’affaire du Mediator). Le Dr Aquilino Morelle porte ses fers dans les plaies. Il accuse la « tchéka hollandienne » (1) de pratiquer la « purification ethnique » contre ceux qui ne sont pas « dans la ligne ». Il veut dire comme lui-même et Arnaud Montebourg.
« Dans un violent réquisitoire émaillant un article que lui consacre Le Point publié jeudi 11 septembre, celui qui fut « une plume » du président livre une lecture politique de son limogeage (« ma liquidation par la tchéka hollandienne ») le 18 avril après la révélation d’une affaire de cireur de chaussures convoqué à l’Elysée, résume l’Agence France Presse. Reliant son départ et celui de son ami Arnaud Montebourg, il affirme (« en privé », écrit Le Point): « la logique qui est en œuvre est une logique de purification ethnique. C’est les Hutus et les Tutsis. Tout cela est limpide. Cela a commencé par moi et maintenant Arnaud. Là ils ont signé leur crime. C’est d’une pureté ! ».
Ils ? « Hollande et ceux qui l’entourent, Jean-Pierre Jouyet [secrétaire général de l’Elysée et intime du président, ndlr] et les ministres hollandais. A présent, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils sont entre eux, mais cela va accélérer leur chute » ». Pour celui qui avait dirigé la campagne des primaires socialistes de M. Montebourg, le remplacement de ce dernier par Emmanuel Macron à Bercy fait « passer d’un ministre volontariste à un ministre libéral. D’un ministre très politique à un collaborateur ». « Ils vont obéir aux ordres de Merkel comme de bons toutous », accuse le médecin et énarque. « Merkel va nous traiter comme on le mérite. Comme des laquais », insiste le Dr Morelle. » « Laquais » ?
Daim à Saint-Germain
A l’heure où nous écrivons ces lignes des collaborateurs du Point (Aziz Zemouri et Pascal Cotelle) viennent d’interroger ce médecin (ancien directeur de campagne d’Arnaud Montebourg lors de la primaire socialiste) sur de nouvelles rumeurs concernant sa participation à l’écriture du premier livre de l’ancienne compagne du président de la République. Ils l’ont trouvé « attablé à la terrasse d’un café de Saint-Germain-des-Prés, pieds nus dans ses souliers en daim ». Il leur a répondu. (2) C’était avant la mise en garde, ce matin, de Michel Sapin.
A demain
(1) « Tchéka» était , au siècle dernier , un terme bien connu de certains militants politiques. C’est l’acronyme de « Commission extraordinaire » (en russe : чрезвычайная комиссия), une formulation abrégée de « Commission extraordinaire panrusse pour la répression de la contre-révolution et du sabotage » (en russe : Всероссийская чрезвычайная комиссия по борьбе с контрреволюцией и саботажем).
Créée en décembre 1917 cette police politique fut placée sous l’autorité de Félix Dzerjinski pour combattre les ennemis du nouveau régime bolchevik. Son organisation était décentralisée et devait seconder les soviets locaux. En février 1922 elle fut baptisée « Guépéou ».
(2) Dernière minute: L’ancien conseiller politique de François Hollande, par ailleurs en charge des relations avec la presse, a sur Europe 1 accusé de « fourberie » la journaliste Anna Cabana (Le Point). Sur le fond, toutefois, il ne dément rien. Il explique juste que ses propos ont été extorqués et qu’ils n’ont aucune valeur. Une hypothèse avancée est que cette « plume » aurait aimé en garder la primeur pour un livre qui, dit-on, est en préparation.
2 réflexions sur “La sortie inouïe du Dr Aquilino Morelle, et tout ce qui s’en est suivi (1)”