« Il n’y a pas ‘’ d’affaire Morelle’’ » dit Aquilino Morelle. Prochain ouvrage: « Ça va saigner».

Bonjour

Nous avions quitté le Dr Aquilino Morelle avant l’été. Il était alors convoqué par le Conseil de l’Ordre des médecins de Paris. Il s’agissait alors d’entendre « sa version des faits ». Puis « de voir quelles suites donner ». Les faits ? Le recours à un cireur de chaussures n’étant pas interdit par la juridiction ordinale, une seule ombre connue au tableau : alors qu’il était salarié de l’Igas, des rémunérations pour « prestations de conseil » par le laboratoire danois Lundbeck. C’était en 2007 (15 octobre / 31 décembre).

Episodes dépressifs

Il se serait alors agi d’un « contrat ponctuel », un travail d’intermédiaire. En pratique l’organisation de deux rendez-vous avec le Comité économique des produits de santé (CEPS) – une  structure qui fixe – dans le plus grand secret –  le prix des médicaments et les taux de remboursement.

On laissait alors entendre  qu’il s’agissait ici de conseiller à  Lundbeck pour « stabiliser » le prix du Seroplex® –  une molécule utilisée contre la dépression (épisodes dépressifs majeurs) et les troubles anxieux (tels que le trouble panique avec ou sans agoraphobie, le trouble d’anxiété généralisée et les troubles obsessionnels compulsifs) chez les adultes de plus de 18 ans. Environ 29 euros la plaquette de 28 comprimés. Remboursé à 65% par notre Sécurité sociale. C’est aussi une molécule qui bénéficia, quelques mois plus tard, d’une extension d’indication.

A l’aveugle

Le Dr Morelle fit à nouveau parler de lui il y a quelques jours. Une sortie inouïe qui aurait peut-être pu (à l’aveugle) être qualifiée de délirante. Des propos publiés dans Le Point qui firent sortir le ministre des Finances de ses gonds. Puis des propos vite récusés par le principal intéressé.

Et puis, aujourd’hui, le Dr Morelle dans Le Monde auquel il a accordé un entretien « exclusif » (David Revault d’Allonnes). Extraits :

« Pourquoi ne vous êtes-vous pas exprimé depuis votre démission de vos fonctions de conseiller politique du président, le 18 avril dernier ?

Le choix du silence m’a d’abord été imposé par la violence du lynchage médiatique dont j’ai été l’objet. Face au déferlement de calomnies et de caricatures, parfaitement orchestré, toute parole venant de moi aurait été vaine, par avance discréditée. Le silence était aussi, en soi, une réponse : le refus d’entrer, même pour la combattre, dans une manipulation dégradante. Enfin, se taire était une manière de respecter le travail des institutions : la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, le conseil de l’Ordre des médecins, la justice. Cinq mois se sont écoulés. J’ai besoin de rétablir la vérité. Je le dois aux miens.

Démentez-vous toujours tout conflit d’intérêts ?

C’est une accusation sans aucun fondement. Quand me serais-je trouvé en situation de conflit d’intérêts ? Pendant les deux années où j’ai servi le président ? Non. Pendant les vingt-deux années où j’ai servi l’Etat et la santé publique ? Non. Lorsque, avec mes deux collègues de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), nous avons mené l’enquête sur l’affaire du Mediator ? Non. Entre le 15 octobre et le 31 décembre 2007, enfin, quand j’ai assuré une prestation de conseil auprès du laboratoire suédois Lundbeck alors que je venais de réintégrer l’IGAS ? Non plus. A aucun moment, en effet, je n’ai eu à décider de quoi que ce soit pour ce laboratoire. Encore moins pu le favoriser en quoi que ce soit. Et l’IGAS n’a aucun pouvoir de contrôle sur un laboratoire pharmaceutique : la loi le lui interdit. Dès lors, parler de conflit d’intérêts n’a aucun sens.

Pourquoi l’IGAS n’avait-elle pas alors été saisie d’une demande d’autorisation ?

J’ai effectivement omis de le faire, comme cela peut arriver à n’importe qui. Mais cette omission ne révèle en rien un conflit d’intérêts. Si l’on avait examiné ces faits avec impartialité et avec calme, on serait parvenu très vite à cette conclusion : il n’y a pas d’« affaire Morelle ».

Où en sont les différentes procédures engagées à ce sujet ?

La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique a examiné mes déclarations de patrimoine et d’intérêts. Elle ne m’a formulé aucune remarque. Le conseil de l’Ordre des médecins de Paris m’a auditionné le 8 juillet dernier. Sa présidente m’a confirmé qu’aucun manquement à l’éthique médicale ne pouvait être constaté et qu’aucune procédure ne serait ouverte. Le chef de l’IGAS a examiné mon dossier administratif. La seule anomalie relevée par lui, en vingt-deux ans, est cet oubli d’une demande d’autorisation en 2007. Reste l’enquête préliminaire, pour laquelle je n’ai pas encore été contacté. J’attends de pouvoir répondre à toutes ses questions quand le procureur de la République financier le souhaitera.

Avez-vous réintégré l’IGAS ?

– Oui, bien entendu. J’ai commencé une nouvelle mission qui m’a été attribuée par le chef de l’IGAS. (…)»

Autres catastrophes

Voilà pour Le Monde. Triste affaire classée ? C’est compter sans Le Nouvel Observateur. L’hebdomadaire rapporte que le Dr Morelle serait sur le point d’écrire un livre. Ce serait alors le deuxième.

Le premier (Flammarion-1996) était intitulé « La défaite de la santé publique ». Il avait généralement été salué. (« L’épidémie du sida et ses conséquences dramatiques pour les hémophiles a mis en lumière les défauts et les anomalies structurels de la culture médicale et administrative française. Si rien n’est fait, d’autres catastrophes surviendront »)

Le prochain ouvrage du Dr Morelle s’intitulerait « Ça va saigner».

A demain

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