Bonjour
Au nom du désespoir, pourquoi pas ? Qui le condamnera ? Les images et l’information sont sur le site de CNN (Elisabeth Cohen). Le Dr Gobee Logan exerce dans la région de Tubmanburg dans le nord ouest du Libéria . Le Dr Logan est l’un des deux médecins aujourd’hui en charge d’une population de 85 000 personnes. Il dit être dépassé par le nombre de malades infectés par Ebola. Sans solution thérapeutique. En désespoir de cause il a eu l’idée d’expérimenté un médicament antiviral efficace contre l’infection par un autre virus, très différent de celui de l’Ebola, celui du sida. Il s’agit de la « lamivudine ». C’est un là un médicament qui peut être aisément disponible en Afrique dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de sida.
Deux morts sur quinze
Le Dr Logan dit avoir tenté l’expérience sur quinze de ses patients. Parmi eux treize auraient survécu. Soit un taux de mortalité près de 10 fois inférieur à celui aujourd’hui observé en Afrique de l’Ouest. CNN a recueilli des témoignages de survivants. La lamivudine a été donnée aux treize patients survivants dans les cinq premiers jours suivant les symptômes. Pour les deux patients morts elle avait été administrée entre le cinquième et le huitième jour.
Pour le Dr Logan aucun doute : il a apporté la preuve que, dans ces conditions d’expérimentation, cette molécule anti-VIH peut être une molécule anti-Ebola. Ce médecin est parfaitement conscient des effets secondaires, hépatiques notamment, de cette spécialité pharmaceutique. Il sait aussi que son essai ne répond en rien aux critères drastiques des essais cliniques occidentaux : grand nombre de patients, tirage au sort des malades, essai en « double aveugle » et contre placebo etc. Mais il sait aussi que désormais ses patients, sans lamivudine, ont un risque très élevé de mourir. Ceci ne permet pas d’atermoiements de nature méthodologique et éthique.
Anthony Fauci
Pourquoi la lamivudine ? A cause des similitudes qui selon lui existe dans les mécanismes de réplication de ces deux virus au sein du corps humain. Il y aurait selon lui des liens entre le VIH et le virus Ebola. Au début il eu recours à un autre antiviral : l’acyclovir. Sans succès. Puis il a testé la lamivudine sur un soignant infecté. Avec succès.
Interrogé par CNN le Pr Anthony Fauci, directeur de l’Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses a dit que cette approche n’est pas dénuée de fondements théoriques. La lamivudine n’est pas très éloignée d’autres molécules aujourd’hui en expérimentation contre Ebola. Le Pr Fauci a demandé à CNN l’adresse mails du Dr Logan pour voir de quelle manière sont laboratoire pourrait travailler, avec lui, cette question. Les deux hommes devraient entrer sous peu en contact. Pour sa part le Pr Peter Piot, co-découvreur du virus Ebola ne cache pas son intérêt. « « C’est là une observation très intéressante, nous a-t-il déclaré. Elle est à vérifier d’urgence, y comprise au plan de l’activité antivirale in vitro.»
A demain
(1) En France la lamivudine est notamment commercialisée sous le nom d’Epivir® par la multinationale britannique GlaxoSmithKline