Bonjour
C’était en avril dernier. Le 6. Dans l’après-midi les médias venaient d’apprendre que Jean-Louis Borloo avait pris la décision de démissionner de toutes ses fonctions politiques. Celui qui avait été ministre disait être malade et considérait que ne plus être en état d’assumer ces charges. Seules données médicales rendues publiques le concernant : il avait été hospitalisé fin janvier, en urgence, pour une « pneumonie aiguë » qui devait se compliquer. On évoquait alors « quelques semaines d’absence ».
Propos sordides
Jean-Louis Borloo, 63 ans. Ancien maire de Valenciennes et ancien ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy. Personnalité importante du paysage politique français. Personnalité atypique dans le monde politique. L’annonce de sa pneumonie avait, sur les « réseaux sociaux », alimenté de sordides propos. Des propos immondes. Bien évidemment anonymes.
M. Borloo avait parfois confié à quel point il avait pu être profondément blessé par les multiples caricatures faisant de lui un alcoolique. Il l’avait notamment fait avec un certain courage sur la chaîne privée qui s’était fait une riche spécialité : le montrer régulièrement « aviné » (voir ici).
Rires alcooliques
« Car c’est ainsi : pour les caricaturistes l’alcoolisme n’est pas une maladie, écrivions-nous ici en avril. C’est quelque chose comme un vice, un péché de nature à blaguer. Le cancer fait parfois pleurer. L’alcoolisme fait toujours rire. On ne sait pas pourquoi. On sait seulement que c’est triste. Immensément. » Le secret sur sa santé tenait. Il avait fait savoir que son état s’améliorait.
En juin on vit réapparaître Jean-Louis Borloo.Il avait fait savoir, pudiquement, que son état s’améliorait. Le secret sur sa santé tenait toujours. La démonstration, en somme, que le respect de la vie privée des hommes qui se retirent de la vie publique est possible. Possible en France et en 2014. C’était, sinon une bénédiction, du moins une heureuse et salutaire exception.
Nouvelle vie
Nous sommes en septembre. Le 28. Jean-Louis Borloo confie ce qu’il en est de sa nouvelle vie. C’est dans le Journal du Dimanche (Bruno Jeudy et Soazig Quéméner). Une renaissance. L’ancien avocat d’affaires crée une fondation « pour l’Afrique ». « Visiblement en pleine forme il a reçu le JDD dans ses bureaux parisiens historiques » écrit le JDD.
« – Comment allez-vous ?
– Cela va mieux, merci. C’est du passé (…) »
Respects
Il n’en dira pas plus et c’est parfait. Respect de la vie privée, pudeur médiatique. Une confidence : il a regardé « un peu effaré » ses anciens collègues lui rendre hommage à l’Assemblée avec des prises de paroles semblables à un éloge funèbre ». S’entendre mort ? Voilà une épreuve que l’on ne souhaiterait pas à son pire ennemi en politique.
Dans le JDD, François Bayrou, autre atypique volontiers singé par les mêmes comiques qui singeaient Borloo : « Il y a un mystère Borloo. Vous ne le comprenez pas. Eh bien moi non plus. » C’est là un bien bel hommage à un vivant.
A demain