Bonjour
Ce sont Les Echos (Marie-Christine Corbier) qui ont débusqué l’info originale du jour – info reprise en boucle par France Inter. Et snobée par presque tous les généralistes : « Sept facultés de médecine vont expérimenter de nouveaux modes de recrutement des étudiants. » Un espoir d’éclaircie dans l’enfer qu’était devenue depuis quarante ans la première année de médecine et des dizaines de milliers d’étudiants condamnés volontaires à l’échec inscrit dans les chiffres du numerus clausus.
Voie d’admission parallèle
« Des étudiants vont pouvoir contourner la première année commune aux études de santé (Paces) grâce aux expérimentations permises par la loi Fioraso de juillet 2013, expliquent Les Echos. Selon le ministère de l’Enseignement supérieur, 85 % des étudiants échouent à l’issue de cette première année. Une situation jugée inacceptable. Sept facultés de médecine (Angers, Paris-V, VII, XIII, Rouen, Saint-Etienne et Strasbourg) vont tester le dispositif. Le gouvernement prévoit déjà une deuxième vague (universités d’Auvergne, de Poitiers et de Tours). »
L’expérimentation se déroulera sur six ans. Elle ouvrira une voie d’admission parallèle, accessible à des étudiants qui ont obtenu une licence. Les modalités pourront différer selon les facultés. Un exemple : à Paris-V, des étudiants qui ont une licence pourront, dès janvier prochain, bénéficier de cours complémentaires en ligne (anatomie, biologie etc.). Ils seront ensuite sélectionnés par un jury pour intégrer la deuxième année de médecine en septembre 2015.
L’exemple de Paris-V
« Progressivement, toutes les licences – droit, psychologie, etc. – seront concernées, expliquent Les Echos. L’idée est de diversifier le recrutement des futurs professionnels de santé. A Paris-V, l’expérimentation porte sur des petits effectifs – de 5 à 15 % soit 35 à 40 étudiants en médecine. En pharmacie, ce mode de recrutement pourrait grimper à 30 %.
Polytechnicien et biologiste moléculaire, Frédéric Dardel, président de Paris-V, se félicite du dispositif. Sur les 2.450 étudiants de première année qu’il accueille, 351 sont pris en médecine, 113 en pharmacie, 43 en dentaire et 29 deviendront sage-femme. « On a des étudiants qui sortent du bac avec mention, qui ont l’habitude d’être dans les têtes de classe, redoublent leur première année et ont alors l’impression que leur vie est foutue, explique-t-il. L’ampleur des effectifs pose en outre un problème de« qualité pédagogique ».
Vérité cachée
« Avec 2.500 étudiants, cela fait 90 groupes de travaux dirigés. On ne peut pas multiplier les TD dans ces conditions détaille-t-il dans Les Echos. L’examen de sélection – un QCM – est, par ailleurs ’’particulièrement réducteur’’ : Les étudiants ont trente secondes pour lire la question, éliminer les trois réponses fausses, et deviner en trente secondes laquelle des deux restantes est la bonne, sans avoir le temps de faire le calcul ou la démonstration, sinon ils n’ont pas le temps de traiter les vingt dernières questions du QCM. »
Il est rare d’entendre dite aussi clairement une vérité que les doyens aiment maintenir cachée. Frédéric Dardel espère que les lycéens changeront de façon de faire : « Un bachelier L qui a envie de faire médecine et va en Paces, il se plante. Demain, avec une licence de sciences humaines, il peut très bien entrer en deuxième année de médecine. » Il mise, en 2019, sur la suppression de la Paces et la rénovation pédagogique des études de médecine .
Absurdité dépassée
L’université d’Angers a déjà franchi un pas supplémentaire en prévoyant cette suppression dès 2015. « Une évaluation sera faite de ces expérimentations à la fois pour les améliorer et les généraliser », affirmait en juin Geneviève Fioraso, secrétaire d’Etat à l’Enseignement supérieur. Mme Fioraso entend même aller « plus loin » avec « la création possible d’une licence santé, préalable d’une inscription dans un système licence-master-doctorat ». « L’aboutissement, en quelque sorte, de la petite révolution qui est en gestation » concluent Les Echos. Quelque chose comme la fin envisagée d’un système qui avait depuis atteint les limites de l’absurdité. Pour ne pas dire qu’il les avait amplement dépassées.
A demain