Bonjour
Comme un léger désordre dans l’organisation sanitaire américaine. Et des médias sur le qui-vive, des médias qui rongent leur frein, des médias furieusement américains. Ou anglo-saxons. Comme The Guardian . On sait que le premier diagnostic d’Ebola vient d’être porté sur le sol américain. Cela fait un assez gros bruit depuis ce matin. On sait aussi que les autorités sanitaires du Texas, sous l’œil des CDC fédéraux mène l’enquête pour retrouver tous les « cas-contact » ayant été avec le malade aujourd’hui à l’isolement au Texas Health Presbyterian Hospital.
48 heures perdues
On ne savait pas en revanche que l’enquête aurait été nettement plus simple sans une petite erreur diagnostique qui pourrait avoir de sérieuses conséquences.
Ce malade avait initialement demandé à être soigné avant d’être renvoyé chez lui avec une prescription … d’antibiotiques. Quarante-huit heures ont ainsi été perdues, une période pendant laquelle le malade était contagieux. Désormais il faut ramer. Le Dr Edward Goodman, spécialiste des maladies infectieuses à l’hôpital Texas Health Presbyterian, a déclaré à la radio publique nationale américaine que les symptômes du patient n’étaient pas véritablement évocateurs d’un Ebola quand il a été vu pour la première fois.
Clinique bâtarde
On voit la scène rapportée par le Dr Goodman : tableau clinique bâtard, bilan biologique standard. Repart avec une couverture antibiotique à tout hasard. Des échantillons sanguins prélevés sur le patient sont néanmoins adressés à un laboratoire de l’Etat du Texas, puis à un autre des CDC à Atlanta.
Puis brutal changement de braquet le 30 septembre quand les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) établissent et confirment qu’il s’agit bel et bien d’un Ebola. Le premier diagnostiqué aux Etats-Unis. Avec deux jours de retard. Les CDC sont confiants quant à leur capacité à maîtriser la situation. Reste une question : pourquoi ne pas avoir placé ce malade en isolement dès le premier jour, le 26 septembre ? Et ce alors que les premiers symptômes sont apparus chez lui le 24 septembre.
Contacts-élèves
Le Dr Tom Frieden, directeur des CDC reconnaît que désormais d’autres personnes ayant été en contact avec le malade (entre le 24 et le 28 septembre) pourraient développer la maladie dans les prochaines semaines. Il faut aussi compter avec celles qui auront été en contact avec celles du premier cercle. Combien sont-elles ? À Dallas, les dirigeants de la communauté libérienne (environ dix mille personnes) exhortent les membres à garder leur calme – mais aussi à faire preuve de prudence.
CNN vient de faire savoir que la malade a été en contact avec plusieurs élèves de différents collèges ou lycées de Dallas. L’Agence France Presse indique qu’un proche du malade « est suivi de près médicalement, car il pourrait être lui aussi infecté ». Elle ajoute toutefois que les CDC «ne sont pas au courant» de ce cas particulier. Ce qui donne une impression de désordre. Stanley Gaye, président de la « Liberian Community Association of Dallas-Fort Worth » estime que la communauté est sceptique quant aux assurances données par le CDC, et ce notamment parce que le virus Ebola a ravagé leur pays. Les personnes concernées seront-elles volontaires pour se faire dépister ? Se reconnaîtront-elles ? Et sinon ?
Equipage en quarantaine
Peu de détails ont été publiés sur le patient. On sait qu’il était arrivé du Libéria le 20 septembre sur un vol en provenance de Monrovia. On sait que l’équipage a été mis en quarantaine alors même que l’on affirme qu’il ne peut pas y avoir eu de contamination dans l’avion. Qu’en pensent les passagers ? On ne connaît ni la nationalité ni le sexe du malade (une homme selon toute vraisemblance). On ne sait pas s’il bénéficiera ou non de « traitements expérimentaux ». On ne sait presque rien de lui. Pour l’instant.
A demain