Ebola: si rien n’est fait il masquera bientôt le spectre de la malaria

Bonjour

30/10/14. Une épidémie commence à en cacher une autre. C’est le sens du communiqué de presse que vient de diffuser MSF, cette ONG modeste désormais régulièrement encensée par les grands de ce monde.

Comment parler de malaria quand Ebola occupe le devant de la scène médiatique et épidémique ? Les paludéens africains commencent à prendre la mesure de cette question. Au Libéria notamment, un pays où le paludisme sévit sur un mode endémique. « Avec l’épidémie d’Ebola, il est devenu très difficile voire impossible de aux personnes concernées de se faire soigner » observe MSF an première ligne sur les deux fronts infectieux.

300 000 personnes

MSF qui vient de lancer à Monrovia une distribution de traitements antipaludéens. Environ 300 000 personnes vivant dans des quartiers défavorisés de la capitale doivent en être les bénéficiaires.  Laissons mSF raconter de quoi il retourne :

« Nos équipes ont commencé, le 25 octobre, à distribuer des traitements contre le paludisme dans l’ouest de la capitale libérienne. Cette distribution a lieu dans les quartiers les plus défavorisés où la densité de la population est très forte et où l’accès aux soins, déjà très restreint avant l’épidémie d’Ebola, n’est pratiquement plus assuré. Pour pallier l’effondrement du système de santé, MSF distribue un traitement antipaludéen à quelque 300 000 personnes à Monrovia. Ce traitement (artésunate/amodiaquine) est destiné aux enfants de plus de six mois, mais aussi aux adultes. »

Mêmes symptômes

« Les premiers symptômes du paludisme sont les mêmes que ceux d’Ebola : fièvre, céphalées, fatigue intense, indique le Dr Chibuzo Okonta, responsable adjoint des programmes d’urgences à MSF.  Nous avons décidé de donner aux enfants comme aux adultes ce traitement antipaludéen qui est à la fois curatif et préventif. Car l’objectif est aussi d’éliminer le risque que des patients fiévreux considérés comme des cas suspects Ebola se retrouvent dans des centres de traitement Ebola en contact avec des personnes contaminées.»

Avant la distribution, des volontaires habitant le quartier et formés par MSF vont voir les familles pour leur expliquer les modalités de l’opération. Et ils remettent un ticket à chaque famille, entendue comme le nombre de personnes vivant dans une même pièce, qui permettra de recevoir les médicaments.  C’est une femme de la famille qui vient sur le lieu de distribution pour y retirer un sachet renfermant les traitements. »

Moustiquaires

Au 29 octobre, 20 000 familles (soit environ 100 000 personnes) du quartier  de New Kru avaient reçu un traitement. La distribution doit se poursuivre quelques jours dans d’autres quartiers. Et elle se répétera les deux mois suivants aux mêmes endroits, avec le même traitement et une moustiquaire.

MSF, toujours :

«  Dans le contexte de la crise Ebola, la vigilance est de rigueur.  Pour protéger la population comme le personnel contre les risques de contamination, la distribution a lieu tôt le matin, quand les rues sont encore désertes, et elle est organisée de manière à éviter tout contact physique en maintenant une distance entre tous les participants.  Et l’opération est fractionnée sur pas moins de 55 sites. Ensuite, après chaque distribution, les  volontaires formés par MSF s’assurent que le message a bien été entendu. Ils font du porte à porte pour vérifier si tous les membres de la famille ont bien pris les médicaments même s’ils ne sont pas malades puisque le traitement est curatif et préventif. »

Autres priorités

Le même sujet vient d’être traité, plus largement, par la BBC (Jane Dreaper). La BBC cite le Dr Fatoumata Nafo-Traoré, qui dirige le Roll Back Malaria (RBM), . Au terme d’une série de visites en a Afrique de l’Ouest elle dit la désaffection des services de soins pédiatriques habituellement  pleins de patients paludéens.

En 2012, le paludisme a tué 7.000 personnes dans les trois pays les plus touchés par Ebola: près de 4000 morts en Sierra Leone  ainsi que près de 2.000 morts au Libéria et environ 1000 en Guinée.

Rumeurs funestes

La priorité donnée à Ebola menace l’ensemble des autres priorités sanitaires è à commencer par le paludisme. Et la lutte conter Ebola laisse redouter que le terrain gagné ces dernières années contre la malaria ne soir repris par elle.

La situation est d’autant plus complexe que le symptôme inaugural est identique dans les deux cas et que de multiples rumeurs funestes continuent de circuler autour des centres de traitement de l’Ebola et des soignants qui y officient.

A demain

PS : concernant la propagation d’Ebola, le Pr Peter Piot (directeur de l’Ecole de médecine tropicale de Londres) codécouvreur du virus Ebola en 1976, s’est dit jeudi 30 octobre particulièrement inquiet pour la Chine, qui a une très importante communauté en Afrique de l’Ouest. «Des milliers et des milliers de Chinois vivent et travaillent aujourd’hui en Afrique. C’est une situation très différente par rapport aux épidémies précédentes. Il n’est pas impossible que des travailleurs [infectés] retournent en Chin, a expliqué le Pr Piot lors d’un séminaire de médecine organisé à Tokyo. Voir ici The Daily Mail.

 «On ne peut pas arrêter les gens de voyager, on verra des malades arriver dans n’importe quel pays, et de ce point de vue je pense que la Chine est particulièrement vulnérable, explique le Pr Piot pour qui la bataille se gagnera en Afrique même et non par les contrôles dans les aéroports à l’étranger. «Franchement, d’un point de vue scientifique, ce n’est pas très efficace», a-t-il ajouté. Le Pr Peter Piot a également renouvelé ses critiques contre l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), dont il a dénoncé la «lenteur» à réagir lorsque la crise a éclaté en Guinée en mars dernier.

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