Bonjour
C’était attendu mais cela n’en sera pas moins un choc. C’est aussi, peut-être, une révolution. Ce sera dans Libération de demain – 27 novembre 2014. Le député (PS) Alain Claeys y dévoile le point fort de ce que devrait être le texte « réaménagé » de la loin Leonetti sur la fin de vie. Alain Claeys et son collègue député (UMP) Jean Leonetti sont sur le point de rendre leur copie au Premier ministre. Une initiative qui fait suite à un « engagement » de François Hollande. Ensuite ? Proposition de loi ou relais de l’exécutif ? Rien n’est tranché.
Hurlements attendus
Ce texte ne traitera pas du droit au suicide médicalisé. Ce qui fera une nouvelle fois hurler les militants de l’ADMD qui crieront à la trahison de la gauche sur ce sujet.
« Certains vont dire que notre texte est de l’euthanasie déguisée, d’autres l’inverse. Ce débat n’est pas le nôtre, déclare Alain Claeys à Libération. Avec Jean Leonetti, nous allons proposer un dispositif où le médecin à un cadre, et le patient pourra avoir une fin de vie apaisée. Nous écrivons ainsi : ‘’Toute personne a droit à une fin de vie, digne et apaisée jusqu’à la mort, et les professionnels de santé mettent en œuvre tous les moyens à leur disposition pour y parvenir, et toute personne a droit de refuser ou de ne pas subir tout traitement qu’il estime relever d’une obstination déraisonnable.’’»
Directives anticipés contraignantes
« Notre projet repose sur deux constats forts, ajoute-t-il. La personne concernée veut être entendue. Et, en second lieu, elle veut une fin de vie apaisée. D’abord, le projet de loi va rendre contraignant les ‘’directives anticipées’’(1). C’est-à-dire que si une personne écrit ses souhaits, ces derniers vont s’imposer aux médecins. Dans l’hypothèse où la demande sortirait du cadre, c’est au médecin de répondre, et il devra le justifier devant un collège de médecins. Notre position est claire : les souhaits du patient doivent être respectés. »
Et pour ce qui est des cas d’exception ? « Nous proposons que dans des situations où le patient est atteint d’une maladie incurable, où son pronostic vital est engagé à court terme, si le patient souhaite mourir, alors il y a, d’abord, la possibilité de l’arrêt de tout traitement de survie, répond Alain Claeys à Libération. Ensuite, nous proposons la possibilité d’une «sédation profonde et terminale jusqu’au décès», et dans un délai non déraisonnable. »
Pas trop longtemps…
Pour Alain Claeys le but est clair. « Pour la première fois, nous parlons d’une sédation forte dans le but d’aider à mourir, et nous précisons que cela ne doit pas durer trop longtemps, car ce temps de l’agonie – les études nous le montrent- devient insupportable s’il se prolonge trop. »
« Avec ce dispositif, nous avons le sentiment de régler la quasi-totalité des cas, comme celui de Vincent Lambert » ajoute-t-il. Rien ne semble moins certain. « Nous écrivons, aussi, très clairement, que l’alimentation et l’hydratation artificielles sont des traitements, et peuvent être arrêtées ».
Polémiques à venir
Ce qui va aussitôt relancer les polémiques sur ce sujet – dans la foulée du récent refus des deux parlementaires de recevoir les représentants des associations défendant les personnes victimes de traumatismes crâniens graves et cérébro-lésées . Lire « Surtout ne rien vouloir savoir des état végétatifs chroniques »
« Nous l’avons laissée de côté la question du suicide assisté même si, pour ma part, je n’y suis pas hostile » ajoute le député socialiste de la Vienne. Un regret ?
A demain
(1) Sur ce sujet on peut se reporter à l’une de nos chroniques publiée sur Slate.fr
Vous pourrez relire mon commentaire sous https://jeanyvesnau.com/2014/11/18/fin-de-vie-surtout-ne-rien-vouloir-savoir-des-etats-vegetatifs-chroniques/
Le fait de considérer que l’alimentation est un traitement qui pourrait donc devenir déraisonnable et un acharnement htérapeutique laisse songeur quant à l’humanité des gens le décidant.
Espérons que la CEDH défendra la vie.