Bonjour
Foies gras. Nous approchons à petits pas de Noël.. Ce matin sur les ondes Marisol Touraine nous parle de la pauvreté. Les digues craquent dans le nord de la France… Il faut à grand frais renforcer les équipes pour aider en urgence les pauvres petits retraités victimes innocentes d’on ne sait quelle raté administratif.
La ministre des Affaires sociales doit monter en première ligne devant les micros médiatiques. Celle de la Santé ne sait plus comment faire avec le piège cannabinoïde dans lequel elle est tombée, cette cigarette électronique tchèque au chanvre de France qu’elle entend faire interdire. Les services juridiques du ministère sont, dit-on, sur les dents.
Chanvre ou pas
Et puis Mme Touraine doit encore faire avec cette initiative sans précédent émanant de son propre ministère : cette dénonciation par le Haut Conseil de la Santé Publique des lobbies pro-tabac qui œuvrent (avec succès) au sein même du gouvernement Valls pour bloquer les augmentations des prix.
Chanvre ou pas la cigarette électronique fait à nouveau parler d’elle. Depuis la faculté de médecine de Genève le Pr Jean-François Etter (1) nous signale la publication, sur le site Cochrane, d’une méta-analyse qui énervera un peu plus ses détracteurs. On la trouvera ici. Elle conclut, en substance, que la cigarette électronique contenant de la nicotine aide les fumeurs à réduire, voire à arrêter, leur consommation de tabac. Cette publication a été reprise par la BBC, par The Guardian, ainsi que par l’agence de presse Reuters. Elle n’a encore guère suscité l’intérêt des médias grand public français.
2,29 fois plus de chance
« Le groupe Cochrane dédié à l’addiction au tabac a agrégé les résultats de 13 études, dont 2 essais randomisés réalisés en Nouvelle-Zélande et en Italie totalisant 662 participants, et 11 études de cohortes, résume néanmoins, ce matin, Le Quotidien du Médecin (Damien Coulomb). Dans les deux essais randomisés, les personnes qui utilisaient une cigarette électronique avec de la nicotine, avaient 2,29 fois plus de chance de s’abstenir de fumer pendant au moins six mois que celles qui utilisaient un placebo sans nicotine. Par ailleurs, les utilisateurs de cigarette électronique avaient 31 % de chance en plus de réduire de moitié leur consommation de tabac, comparés à ceux qui utilisaient un placebo, et 41 % de chance en plus que ceux qui utilisent un patch. Toutes ces différences étaient statistiquement significatives. »
Absence de l’Inserm
Les auteurs n’ont pas relevé d’effets indésirables importants (études de cohorte ou essais randomisés). Les chiffres semblent en faveur d’une bonne efficacité des cigarettes électroniques dans le cadre d’une stratégie du tabac mais les auteurs restent prudents : « Le petit nombre d’études randomisées disponible et leurs importants intervalles de confiance nous obligent à qualifier de « faible » le niveau de preuve de notre analyse […] les cigarettes électroniques semblent cependant aider les fumeurs qui ont des difficultés à arrêter de fumer », expliquent-ils.
Combien faudra-t-il encore attendre avant que l’on dispose d’un nombre suffisant d’études pour pouvoir, scientifiquement, conclure ? Et comment comprendre que ces études ne soient pas lancées, menées, financées par la puissance publique ? Comment justifier l’absence (ce n’est qu’un exemple) de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) sur un sujet à ce point prioritaire de recherche médicale et de santé publique ?
Douloureuse épine
« Depuis leur arrivée sur le marché en 2006, les cigarettes électroniques connaissent une augmentation régulière de leurs ventes, écrit Le Quotidien du Médecin. Si de nombreux fumeurs déclarent utiliser des cigarettes électroniques afin de tenter d’arrêter de fumer, les agences sanitaires hésitent encore à en recommander l’usage dans ce cadre, compte tenu du manque d’éléments concernant l’efficacité et la sécurité. » Il estime qu’il s’agit là d’une « question épineuse ». C’est le moins que l’on puisse dire. C’est aussi une épine qui sera chaque jour un peu plus douloureuse.
A demain
(1) Le Pr Jean-François Etter nous signale aussi cette étude du New England Journal of Medicine démontrant la supériorité de la cytisine (alcaloïde de la cytise) sur la nicotine dans le sevrage tabagique. On peut également en prendre connaissance ici.
2 réflexions sur “Cigarette électronique : elle aide vraiment à arrêter le tabac. Marisol Touraine le sait-elle ?”