Grippe 2015 : premiers frissons polémiques sur la réponse trop tardive des pouvoirs publics

Bonjour

La fièvre monte au chapitre de la grippe et syndromes grippaux. Marisol Touraine semblait avoir montré qu’elle maîtrisait le sujet. Le 19 février, sous la pression des déclarations des urgentistes elle déclenchait la ministre de la Santé déclenchait le plan national ORSAN Epidémie (organisation de la réponse du système de santé en situations sanitaires exceptionnelles).

Réunions

Quatre jours plus tard, nouveau branle-bas de combat anti-grippal. On vient ainsi d’apprendre, toutes affaires cessantes, que la ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, vient sur l’épidémie de grippe saisonnière, de réunir « la Direction générale de la santé (DGS), la Direction générale de l’offre de soins (DGOS), l’Institut de veille sanitaire (InVS) et des Directeurs des Agences régionales de santé (ARS) sur l’épidémie de grippe saisonnière.

Avis à la population : « Environ 2,5 millions de personnes ont été touchées à ce jour par la grippe saisonnière depuis le début de l’épidémie. Le pic épidémique est franchi dans la plupart des régions. Le franchissement de ce pic ne signifie pas la fin de l’épidémie. L’épidémie actuelle touche l’ensemble de l’Europe. La grippe n’est pas une maladie anodine : elle peut frapper durement, en particulier les personnes de plus de 85 ans. »

Instructions

Rappel des actions ministérielles : « Depuis le 23 janvier le ministère de la Santé a adressé plusieurs instructions aux Agences régionales de santé (ARS) pour leur demander de veiller à la prise en charge optimale des patients en ville, avec l’aide des médecins généralistes, et à l’hôpital, lorsque la situation le nécessite, avec l’aide des médecins urgentistes. Des établissements de santé ont adapté leur organisation dès fin janvier pour prendre en charge, dans les meilleures conditions, les patients se présentant aux urgences. La très forte augmentation (+ 50%) du nombre d’hospitalisations pour grippe constatée en milieu de semaine dernière a conduit au déclenchement du plan ORSAN Epidémie. »

A savoir : « L’Institut de veille sanitaire publiera mercredi 25 février son bulletin épidémiologique hebdomadaire sur la grippe saisonnière. Marisol Touraine a demandé aux autorités sanitaires de veiller très attentivement au bon fonctionnement du système de santé pour répondre à cette situation sanitaire exceptionnelle. »

Accusations

Et puis, dans le même temps, cette information, diffusée par l’AFP : l’épidémie de grippe qui a entraîné la mise en œuvre de mesures d’urgences dans les hôpitaux la semaine dernière aurait pu être davantage anticipée. Telle est, déjà, le bilan accusateur de l’Institut de recherche pour la valorisation des données de santé (Irsan).  

« Ce nouveau réseau de surveillance de la grippe se base sur des données fournies en temps réel par SOS-Médecins, précise l’AFP. Il affirme que « la “surchauffe” hospitalière relayée cette semaine » aurait pu être moins importante. L’Irsan rappelle notamment  avoir annoncé le début de l’épidémie à la fin de décembre et avoir alerté dès le 20 janvier « sur la forte probabilité de complications accrues sur les personnes à risques ».

 « Nous avons annoncé ce qui allait se passer, mais les mesures n’ont pas été prises », regrette le  Dr Christophe Demoor, médecin à l’Irsan, qui cite l’instauration tardive de mesures de prévention, comme l’utilisation systématique de gel hydro-alcoolique dans les collectivités recevant des personnes âgées. « En anticipant davantage, on aurait probablement diminué la propagation du virus dans ces lieux à risque », estime-t-il.

Explications

Et puis, dans la foulée, des explications accélérées diffusées à la presse par la Direction Générale de la Santé  qui entend préciser ce qu’est le « Plan ORSAN ». Il faut voir là un « dispositif » d’organisation spécifique du système de santé « pour répondre à des situations sanitaires exceptionnelles ». Il comprend cinq volets permettant de répondre de manière spécifique à cinq situations susceptibles d’impacter le système de santé : accueil massif de victimes non contaminées (« ORSAN AMAVI ») ; prise en charge de nombreux patients suite à un phénomène climatique (« ORSAN CLIM ») ; gestion d’une épidémie ou d’une pandémie sur le territoire national, pouvant comprendre l’organisation d’une campagne de vaccination exceptionnelle par le système de santé (« ORSAN EPI-VAC ») ; prise en charge d’un risque biologique connu ou émergent (« ORSAN BIO ») ; prise en charge d’un risque nucléaire, radiologique ou chimique (« ORSAN NRC »).

Finalisation

« Le dispositif ORSAN est pleinement opérationnel pour les quatre premiers volets, dont celui relatif à la gestion des épidémies (« ORSAN EPI-VAC ») déclenché jeudi 19 février pour répondre à l’épidémie de grippe, ou encore celui répondant à un risque biologique (« ORSAN BIO »), utilisé à l’été 2014 pour la préparation régionale à la prise en charge des patients Ebola. Le dispositif de réponse aux événements NRC (risques Nucléaire, Radiologique ou Chimique), auxquels les établissements de santé sont moins accoutumés, est à ce jour le seul en cours de finalisation. »

Fallait-il que tout cela soit dit à la presse avec une telle urgence ? C’était là une réponse à quelques lignes à peine sèches de Libération (Eric Favereau) (1). Que répondra maintenant le ministère de la Santé aux accusations des responsables de l’Irsan ?

A demain

(1) Extraits:

« Petit problème, le plan Orsan… n’existe pas. Ou plus exactement n’existe pas encore. C’est en mai 2014 qu’une directive du ministère de la Santé a été adressée aux directeurs des Agences régionales de santé. Il était ainsi écrit, en guise de préambule : «La préparation aux situations sanitaires exceptionnelles (SSE) était initialement centrée sur un recensement des moyens à l’échelle départementale. Cette préparation doit dorénavant être construite autour de l’organisation de l’offre de soins à partir des orientations que le préfet peut émettre à l’ARS sous forme d’effets à obtenir. Dans cette démarche, le dispositif d’organisation de la réponse du système de santé en SSE, dit « Orsan », est un dispositif intégré de préparation qui a vocation à adapter les parcours de soins des patients et à déterminer les mesures nécessaires pour que le système de santé puisse monter en puissance lors de tous types d’événements.»

Sage initiative, mais la directive se terminait ainsi : «Compte tenu de l’importance de ce chantier, une période de trois ans est prévue pour sa mise en œuvre.» Bref, le plan Orsan est un joli plan, mais il est en gestation et il existera en mai 2017. En attendant, la ministre va manifestement bien plus vite que la musique.» 

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