Bonjour
C’est un document officiel qui vient d’être rendu public. Il est visible en deux clics. Marisol Touraine l’avait simplement et rapidement évoqué hier 24 février lors de sa conférence de presse. Cet extrait du « baromètre santé » de l’Inpes vaut nettement plus qu’une simple évocation. C’est souvent le cas avec les baromètres, ces outils à pression.
Qu’y apprend-on ? Que la cigarette électronique joue un rôle croissant dans la lutte contre cette addiction majeure et mortifère qu’est la dépendance au tabac –une donnée sous-estimée quand elle n’est pas ignorée de la ministre de la Santé.
Que la cigarette électronique est connue par la quasi-totalité des Français (99%). Que douze millions de personnes l’ont, en France, « essayée », que 6% des 15-75 ans sont vapoteurs (soit environ trois millions de personnes) et que 3% (environ 1,5 millions de personnes) sont des vapoteurs quotidiens.
Qui sont les vapoteurs ?
Ils sont plutôt jeunes et masculins (les femmes ont toujours été en retard, question tabac). Traduction Inpes : « la cigarette électronique séduit moins les femmes que les hommes ». Les plus jeunes sont plus souvent expérimentateurs (garçons et filles) : 45% des 15-24 ans (ourquoi cette tranche d’âge, pourquoi ne pas segmenter ?) l’ont essayée. On observe un pic d’utilisateurs chez les 25-34 ans (8%). D’autres facteurs sont associés à l’utilisation ou non de la cigarette électronique :
- les individus ayant un niveau de diplôme supérieur au bac sont moins souvent utilisateurs de la cigarette électronique, que ce soit de façon quotidienne ou pas,
- les individus aux revenus élevés sont moins souvent vapoteurs mais ce constat n’est plus vérifié si l’on s’intéresse aux vapoteurs quotidiens,
- la situation professionnelle ne semble pas avoir d’impact significatif sur l’utilisation de la cigarette électronique.
L’Inpes souligne que les étudiants et les autres inactifs sont un peu moins de 2% à vapoter quotidiennement contre environ 3,5% des travailleurs et chômeurs. Dans l’ensemble, les hommes, les personnes de moins de 55 ans ainsi que celles ayant un niveau de diplôme inférieur ou égal au bac sont plus souvent vapoteurs que les autres. Or ces caractéristiques sont proches de celles observées chez les fumeurs.
Confirmations
Parmi les vapoteurs en cours de confirmation : • 57% l’utilisent quotidiennement • 30% au moins une fois par semaine • 10% au moins une fois par mois • 3% moins d’une fois par mois. Ils sont 20% à l’utiliser davantage la semaine, 16% davantage le weekend et 64% à l’utiliser indifféremment la semaine ou le weekend. La cigarette électronique est utilisée principalement au domicile ou à l’extérieur : 84% des vapoteurs affirment vapoter à leur domicile, 77% à l’extérieur. Ils sont 36% à le faire au travail, 27% à l’intérieur de lieux de convivialité (restaurants, bars, cafés, boîtes de nuit), 5% à l’école (uniquement des individus de moins de 25 ans) et 0,1% en voiture.
La moyenne d’ancienneté d’utilisation de la cigarette électronique est de 4 mois. Toutefois, en 2014, 47% des vapoteurs ne l’étaient que depuis moins de 3 mois et 9% seulement depuis plus d’un an.
L’enquête permet d’estimer le nombre de bouffées d’e-cigarettes par jour : les vapoteurs utilisant la cigarette électronique depuis plus d’un mois (de façon équivalente la semaine et le weekend) tireraient (l’Inpes écrit « fumeraient »…) 54 bouffées par jour. Parmi eux, les fumeurs réguliers seraient à 50 bouffées par jour, les fumeurs occasionnels à 72, les ex-fumeurs à 60 et enfin les individus n’ayant jamais fumé à 31 (sic).
L’estimation du nombre moyen de bouffées déclarées est plus importante parmi les vapoteurs quotidiens : 64 bouffées par jour. 86% des vapoteurs utilisent des cigarettes électroniques avec nicotine et 97% utilisent des cigarettes électroniques avec recharge (et non pas jetables).
« 400 000 personnes »
Pourcentages essentiels : 98% des vapoteurs sont des fumeurs ou des ex-fumeurs La prévalence du tabagisme est très importante au sein des vapoteurs : 75% sont des fumeurs réguliers, 8% des fumeurs occasionnels. De plus, 15% des vapoteurs sont d’anciens fumeurs, ce qui implique que près de 98% des vapoteurs sont ou ont été fumeurs. Les vapoteurs quotidiens se répartissent en trois quarts de fumeurs (réguliers ou pas) et un quart d’anciens fumeurs.
« Il est donc possible d’estimer le nombre d’ex-fumeurs ayant arrêté le tabac, au moins temporairement, avec la e-cigarette à 0,9% des 15-75 ans (15% d’ex-fumeurs parmi les 6% de vapoteurs) soit environ 400 000 personnes » explique l’Inpes. Qui ajoute : « L’usage de la cigarette électronique et la consommation de tabac sont donc étroitement liés ».
Et encore : « Les fumeurs (réguliers et occasionnels) présentent des taux d’expérimentation de vapotage très élevés (60% et 48% respectivement). En comparaison, on constate chez les non-fumeurs (exfumeurs et ceux n’ayant jamais fumé) des pourcentages nettement inférieurs (12% et 6% respectivement). »
Confiance dans l’avenir
Conclusion de l’Inpes : « Ces résultats montrent que la cigarette électronique est essentiellement utilisée par les fumeurs. De plus, il est à noter qu’environ 24% des fumeurs n’ayant jamais utilisé la cigarette électronique déclarent avoir l’intention de l’utiliser à l’avenir. »
On peut donc avoir confiance dans l’avenir…. Et ce d’autant que l’Inpes a aussi exploré les raisons de l’utilisation de la cigarette électronique. (1)
Résumons. Un fumeur vapoteur diminue en moyenne sa consommation de tabac de 8,9 cigarettes par jour. La cigarette électronique est vue comme une aide à l’arrêt par les fumeurs vapoteurs. Ainsi, 88% d’entre eux estiment qu’elle leur permet de réduire le nombre de cigarettes ordinaires fumées et 82% qu’elle pourrait les aider à arrêter de fumer. Par ailleurs, environ 82% des fumeurs vapoteurs sont d’accord avec l’affirmation selon laquelle la cigarette électronique leur a permis de réduire leur consommation de tabac : le weekend (70%) et le reste de la semaine (74%). La diminution moyenne est de 8,9 cigarettes par jour. De plus, les fumeurs vapoteurs sont 69% à acquiescer à l’affirmation qu’ils ont envie d’arrêter de fumer, contre 54% des fumeurs non-vapoteurs.
Porte de sortie
Les fumeurs-vapoteurs se caractérisent donc, entre autre, par une plus forte propension à déclarer vouloir arrêter de fumer que les simples fumeurs. En conclusion, on peut donc considérer que 0,9% des 15-75 ans, soit environ 400 000 personnes, constitue une première approximation de la proportion de Français ayant réussi à arrêter de fumer, au moins temporairement, grâce à la cigarette électronique.
« Les risques de la cigarette électronique sont a priori plus faibles que ceux induits par le tabagisme mais c’est un sujet encore insuffisamment documenté, les effets à long terme restent encore méconnus » met encore en garde François Bourdillon, directeur général de l’Inpes. Qui, ici, documente quoi ? Où plus précisément qui ne documente pas ce qu’il devrait documenter ?
Quant à Marisol Touraine, ministre de la Santé elle ne veut pas, avec les meilleurs raisons du monde, que la cigarette électronique ne devienne une porte d’entrée vers le tabac. Elle ne voit pas, ne veut pas voir, qu’elle en est une porte de sortie.
A demain
1 « Les trois raisons citées le plus fréquemment montrent que son usage est perçu comme un substitut à la cigarette ordinaire. Ainsi, les principales raisons pour lesquelles les vapoteurs interrogés utilisaient / utilisent la cigarette électronique sont :
- La dépendance : au sein de la population des fumeurs et des ex-fumeurs, les trois quarts des vapoteurs sont d’accord avec le fait que l’une des raisons de leur utilisation de la cigarette électronique est leur dépendance à la nicotine,
- Le prix : 71% des fumeurs vapoteurs ainsi que 66% des ex-fumeurs vapoteurs sont d’accord avec le fait que leur usage de la cigarette électronique est lié au coût inférieur à celui la cigarette ordinaire,
- La santé : 66% des fumeurs vapoteurs et 80% des ex-fumeurs vapoteurs sont d’accord avec le fait qu’ils utilisent la cigarette électronique car elle est moins mauvaise pour la santé,
- La liberté d’usage : 28% des fumeurs vapoteurs et 20% des ex-fumeurs vapoteurs sont d’accord avec l’affirmation que l’une des raisons de fumer la cigarette électronique est que cela leur permet de fumer dans des lieux où la cigarette ordinaire est interdite,
- Le respect des autres : environ la moitié des fumeurs et ex-fumeurs vapoteurs sont d’accord sur le fait qu’ils utilisent la cigarette électronique pour ne pas déranger les gens avec qui ils se trouvent,
- Le goût : un tiers d’entre eux sont d’accord avec l’affirmation qu’ils utilisent la e-cig parce qu’elle a meilleur goût que la cigarette ordinaire.
Bonjour Docteur,
Merci pour votre analyse 🙂
PS : Le lien vers le document officiel (en pdf) ne fonctionne pas.
Merci. Corrigé.