Bonjour
L’industrie pharmaceutique a-t-elle une autre morale que le retour rapide sur investissement associé au grossissement des dividendes ? Songe-t-elle aux malades ? Voyons l’affaire Mantadix® (chlorhydrate d’amantadine). C’est une spécialité exploitée par le laboratoire Bristol-Myers Squibb (BMS). Ce médicament est notamment indiqué dans la maladie de Parkinson (traitement symptomatique des dyskinésies induite par la lévodopa) et dans les syndromes parkinsoniens induits par les neuroleptiques.
7 000 personnes
Environ 7 000 personnes sont, en France, concernées au quotidien par cette spécialité pour laquelle il n’existe pas d’alternative. Situation de monopole pour MMS en somme ; or cette spécialité fait l’objet de ruptures récurrentes de stocks. Situation suffisamment fréquente et handicapante pour finir par exaspérer les membres de France Parkinson. Cette association a signifié son mécontentement dans une lettre, adressée à Marisol Touraine la ministre des Affaires sociales et de la Santé. L’affaire vient d’être rapportée par Le Quotidien du Médecin (Damien Coulomb).
Réserves vides
« Des informations nous parviennent de nos patients et des spécialistes du réseau : les malades arrivent au bout de leurs réserves d’amantadine et ne parviennent plus à s’en procurer » témoigne le Pr Philippe Damier, qui dirige le centre expert maladie de Parkinson du CHU de Nantes. Cette nouvelle rupture de stock vient d’être notifiée par le réseau de centres experts à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (Ansm), qui ne l’a pas encore relayée. Pourquoi ?
« Il s’agit de la troisième rupture d’approvisionnement en six mois » précise Le Quotidien du Médecin. En octobre dernier, le stock de Mantadix disponible en France s’était épuisé une première fois. Puis en décembre et l’Ansm avait été amenée à faire une mise au point. Extraits :
« Entre les mois de mars et octobre 2014, cette spécialité a fait l’objet de tensions d’approvisionnements, puis d’une rupture de stock. Aussi, compte tenu du caractère indispensable de cette spécialité chez certains patients dans la maladie de Parkinson, le laboratoire BMS, en accord avec l’Ansm a mis à disposition en octobre 2014, une spécialité comparable (Symmetrel®) pour pallier l’indisponibilité de Mantadix®. Cependant, l’approvisionnement du marché français par Symmetrel® n’est plus possible depuis le 2 décembre 2014.
Nouvelle indisponibilité
Face à cette nouvelle situation d’indisponibilité, le laboratoire BMS, en accord avec l’ANSM, met à la disposition des patients pour lesquels une alternative thérapeutique ne peut être envisagée (à compter du 22 décembre 2014 et ce de façon exceptionnelle et transitoire) une spécialité comparable. Celle-ci était initialement destinée au marché anglais : Amantadine hydrochloride 100 mg, gélule. Cette spécialité contient le même principe actif (chlorhydrate d’amantadine) au même dosage que Symmetrel® et Mantadix® »
A qui l’amantadine appartient-elle ? « Son effet sur les dyskinésies a été découvert de manière empirique par des patients parkinsoniens qui se soignaient suite à une grippe, raconte le Pr Damier, c’est une étude française menée par l’équipe du Pr Olivier Rascol du CHU de Toulouse qui en a, par la suite, apporté la preuve expérimentale ». Selon le Pr Damier, il n’existe« aucune alternative dans cette indication ». Où l’on voit que la part R & D de Big Pharma est relativement modeste dans cette indication.
Désinvolture
Pour l’heure, les neurologues des réseaux Parkinson conseillent à leurs patients de réduire leur consommation de médicament, afin d’éviter les arrêts brutaux de traitement qui sont fortement contre-indiqués. Jointe par Le Quotidien, l’Ansm précise qu’avant la fin du mois de mars, un nouveau médicament contenant de l’amantadine, l’Amantadin al 100®, qui serait importé d’Allemagne. Par qui ? A quel prix ? Dans quelles conditions ? Que répondra Marisol Touraine à France Parkinson ? Où est, ici, la puissance publique ?
4,72 € les 50 capsules.
L’avenir de l’amantadine ? Il est incertain. Le Quotidien du Médecin révèle que BMS a signalé dans lettre adressée à l’ANSM son intention de ne plus commercialiser le Mantadix® dès qu’un traitement alternatif aura été identifié. Où l’on voit que Big Pharma ne redoute guère de faire preuve d’une certaine désinvolture à l’égard, notamment, des malades. Sans parler du respect minimal des règles éthiques fondamentales.
Précision: le Mantadix® est commercialisé 4,72 € le flacon en verre brun de 50 capsules. Aucune rupture en vue pour le Sovaldi®.
A demain
Il faut lancer une pétition contre le laboratoire BMS qui organise la rupture de ce médicament efficace mais pas assez rentable. Suivez l’évolution de la proposition d’un médicament de remplacement et vous verrez que toute cette affaire n’est qu une histoire de chiffre d affaire et de business. Mépris des malades laissés au bord de la route et mépris des finances publiques qui vont subir l’augmentation du remboursement de ce traitement .
Tout a fait d’accord. Mon père a subitement arrêté le Mantadix. Les conséquences sont rudes: d’une vie normale active il est très handicapé des heures entières de la journée avec des conséquences sur l’entourage. Il vient de rentrer dans un protocole clinique d’amantadine à libération prolongée mais on suspecte qu’il a reçu le placebo car son état ne s’améliore pas. Faudra-t-il organiser des achats d’amantadine aux USA?? Nous marchons sur la tête alors qu’un médicament peu honéreux existe. Vrai scandale à dénoncer.