Bonjour
Le cauchemar se précise. L’insupportable avance à grand pas. Trois jours après le crash on abandonne toutes les hypothèses, terroristes ou mécaniques, pour se concentrer sur la psychiatrie. C’est elle et ceux qui la servent qui nous aideront sinon à comprendre du moins à entrevoir ce qui s’est passé dans le cerveau d’Andreas Lubitz, 28 ans, copilote de la Germanwings. On abandonne les portes blindées obligatoires depuis le 11 Septembre, on quitte le cockpit pour le divan, la pharmacie, la médecine des âmes.
Redonder
Manuel Valls, Premier ministre français a tenu à s’exprimer sur le sujet. Il a estimé, dans la matinée du 27 mars que tout s’orientait vers la piste d’un geste criminel, fou, suicidaire. Le Premier ministre, ce n’est pas nouveau, a une forte tendance à redonder.
L’information vient de tomber : d’Andreas Lubitz, 28 ans, avait caché qu’il faisait l’objet d’un arrêt maladie le jour de l’accident. Murmurée par le tabloïd Bild le fait a été confirmé par le parquet de Düsseldorf .
Ne pas aller
Les enquêteurs ont retrouvé chez lui des formulaires d’ « arrêts maladie détaillés, déchirés » et qui concernaient aussi « le jour des faits », a affirmé le parquet dans un communiqué. Le parquet ne confirme pas la nature de la « maladie ». On imagine ce qui se passe actuellement chez le(s) médecin(s) qui a (ont) signé ces arrêts maladies. De même que chez ceux qui étaient en charge de les faire respecter. Sans parler de toutes celles et ceux qui avaient noté qu’Andreas n’allait pas bien ces derniers temps.
Secret médical ou pas le diagnostic porté ne tardera guère. Suivront le nom des cachets que le copilote prenait ou ne prenait pas. Bientôt les polémiques porteront sur les nouvelles contraintes, médicales biologiques et pharmacologiques auxquelles devront se soumettre des pilotes aériens. Bild souligne que toutes les informations médicales concernant Andreas avaient été transmises par la Lufthansa, maison-mère de Germanwings, à l’autorité allemande de supervision du transport aérien (Luftfahrtbundesamt, LBA).
Enfermer
D’ores et déjà la Lufthansa doit s’apprêter à bien des orages. D’ores et déjà quelques mythes publicitaires sur la qualité allemande s’effondrent. Ce ne sont pas les seuls. Bild révèle que le commandant de l’Airbus A320, enfermé hors du cockpit lors de la chute de l’avion dans les Alpes françaises, a tenté de forcer la porte du poste de pilotage avec une hache. Alors que son copilote était en train de manœuvrer l’avion vers le sol le pilote du vol Germanwings a utilisé une hache se trouvant à bord de l’appareil pour tenter de forcer la porte blindée et tenter d’empêcher la catastrophe. Bild cite ici des « sources sécuritaires ».
Une porte-parole de la compagnie allemande Germanwings a dit à Bild qu’une hache devait être à bord de l’appareil. Un tel outil «fait partie de l’équipement de sécurité d’un A320», a-t-elle précisé. Le procureur de la République de Marseille (qui dit avoir entendu le copilote respirer jusqu’à la fin) a-t-il entendu ces coups ? Des coups qui ramènent immanquablement à un Shining inversé. Shining de King-Kubrick – et ses pathologies psychiatriques et alcooliques enfermées dans les cimes enneigées.
Déprimer
Andreas Lubitz, avait traversé un épisode dépressif en 2009. Toujours selon Bild il était sous traitement médical particulier et régulier. Pourquoi avait-il déchiré son dernier arrêt de travail. Pourquoi ne l’avait-il pas brûlé ? « L’Allemagne, stupéfaite, s’interrogeait vendredi sur la personnalité et les antécédents psychiatriques du copilote de l’Airbus A320 de Germanwings » nous dit l’Agence France Presse. « Cette tragédie prend une dimension totalement inconcevable, a réagi la chancelière allemande Angela Merkel dans une courte déclaration à la presse. Cela va au-delà de l’entendement. »
Immanquablement les mémoires, les angoisses, les horreurs se réveillent. Des journalistes en viennent à se reparler. « La mort est un maître venu d’Allemagne, nous dit un vieux confrère hyper-mnésique. C’est de Paul Celan ».
A demain