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Les vents tournent. Lufthansa a révélé, mardi 31 mars, qu’elle avait été informée par Andreas Lubitz (copilote de l’A320 de Germanwings) que ce dernier avait connu un « épisode dépressif sévère ». C’était en 2009. Elle dit avoir transmis au parquet de Düsseldorf (en charge de l’enquête allemande sur les causes du crash du 24 mars), des « documents supplémentaire » confirmant qu’Andreas Lubitz, le copilote de l’avion, avait informé en 2009 l’école de pilotage de l’entreprise, qu’il avait connu un « épisode dépressif sévère ».
C’est un évènement : jusqu’à présent, Lufthansa (par la voix de son PDG, Carsten Spohr) avait affirmé que cet homme de 27 ans avait interrompu sa formation pendant « plusieurs mois » il y a six ans. Mais Carsten Spohr avait déclaré ne pas avoir le droit de révéler les raisons de cette interruption. Qui est responsable ? Qui sera déclaré coupable ?
Géométries variables
Les vents tournent et le secret médical est à géométrie variable : désormais Lufthansa affirme donc avoir procédé à « de nouvelles recherches internes » pour fournir ces documents – des pièces qui concernent sa formation au pilotage, des « documents médicaux » et la « correspondance par courriels entre le copilote et l’école de pilotage » – et ce, « dans l’intérêt d’une élucidation rapide et sans faille » des circonstances du drame.
Carsten Spohr, ainsi que le PDG de Germanwings, Thomas Winkelmann, se rendront mercredi 1er avril à proximité du lieu du drame pour se recueillir et rendre hommage aux équipes sur place.
Le temps des légistes
Pour sa part le président de la République française fait pression sur les spécialistes de médecine légale : en visite à Berlin François Hollande vient de promettre une identification rapide des restes des 150 victimes du crash. Les recherches pour la seconde boîte noire se poursuivent. « Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a confirmé que d’ici la fin de la semaine, il serait possible d’identifier toutes les victimes grâce aux prélèvements ADN faits et à ce travail scientifique exceptionnel », a déclaré François Hollande lors d’une conférence de presse commune avec Angela Merkel (au terme du 17e Conseil des ministres franco-allemand).
Déclaration aussitôt modulée : le ministère de l’Intérieur a précisé qu’on pouvait « espérer que d’ici la fin de la semaine on aura récupéré les ADN de toutes les victimes », mais sans en avoir la certitude. Tout indique que cela sera nettement plus compliqué et plus lent que ne l’aimerait l’exécutif. Le temps des médecins légistes est rarement celui des gouvernants.
279 millions d’euros
Les vents tournent et les calculs progressent. Pour faire face aux probables demandes de dommages et intérêts de la part des familles, le consortium d’assureurs conduit par le géant allemand Allianz a mis de côté 300 millions de dollars (279 millions d’euros), a indiqué une porte-parole de Lufthansa. Elle confirme ainsi des informations du journal Handelsblatt. « L’avion était assuré à hauteur de 6,5 millions de dollars, d’après le quotidien économique allemand, qui cite des sources proches du dossier, précise l’Agence France Presse. Même s’il était prouvé qu’Andreas Lubitz avait volontairement provoqué le drame, cela ne changerait rien aux indemnisations auxquelles les proches des victimes ont droit. »
Lufthansa, « par respect pour les victimes », a annulé les célébrations prévues le 15 avril pour le 60eanniversaire de la compagnie. L’AFP ajoute que selon le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, huit spécialistes israéliens ont été dépêchés sur place afin d’aider notamment à retrouver les morceaux du corps d’une victime juive.
Recherche criminelle
« Ces spécialistes sont rodés à cet exercice du fait des attentats en Israël, le judaïsme imposant l’intégrité du corps des victimes lors de l’inhumation, précise encore l’AFP. Environ quatre cents échantillons prélevés sur les morceaux de corps ont pour le moment été envoyés à l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), près de Paris. Soixante dix-huit profils ADN de passagers ou membres d’équipage avaient été isolés dimanche 29 mars, toutefois aucune victime n’a été formellement identifiée. Les résultats définitifs ne seront connus qu' »entre deux et quatre mois » et seront d’abord communiqués aux familles, indique la gendarmerie française. »
Effets personnels
Près du lieu du crash, à Seyne-les-Alpes, le lieutenant-colonel Jean-Marc Ménichini de la gendarmerie française a déclaré qu’il n’y avait « plus de corps sur la zone du crash » et que l’évacuation de ces derniers était donc terminée. Demain 1er avril « vingt militaires chasseurs alpins vont monter avec les équipes pour récupérer les effets personnels des passagers ».
A demain