Euthanasie : le traitement médiatique de la mort d’un citoyen britannique chez Dignitas (Suisse)

Bonjour

Une bouteille d’eau d’Evian. C’est ce que l’on peut voir sur la table de ce banquet post-mortem – un cliché diffusé par la BBC, comme on peut le voir ici. C’est l’un des papiers illustrés qui, ce matin, disent tout. Non pas de l’euthanasie (qui le pourrait?), mais bien de la mise en scène médiatique de cette dernière. C’est là une forme a minima de militantisme auquel, de part et d’autre de la Manche, les médias se prêtent volontiers. Pour les meilleures raisons du monde, sans omettre l’émotion sous-jacente à ce type de sujet. Cette dimension médiatique est aussi, pour la famille et pour les proches, une forme assez particulière de mise en abyme du faire son deuil.

Maladie neurologique

Soit donc  Jeffrey Spector, 54 ans, de St Annes, Lancashire. Il est mort le 23 mai au terme d’une maladie qui évoluait depuis six ans. La BBC n’en parle qu’aujourd’hui. Il en va de même du Daily Mail (nombreuses photographies), mais aussi du Guardian (un seul cliché), du Mirror, sans oublier The Telegraph, qui montre, dans la prairie suisse la petite maison de Dignitas (cliché AFP) au terme d’une longue maladie neurologique (diagnostic non précisé). On ajoutera les innombrables canaux des réseaux sociaux.

Il y a encore, pour finir, The Independant, qui estime que cette mise en scène relance le débat britannique sur la pratique du suicide (médicalement ou pas) assisté. De fait les mises en scène de déplacements à l’étranger concernant des pratiques interdites dans son pays est depuis quelques décennies une forme de classique. C’est aujourd’hui vrai pour l’euthanasie comme pour les militants de la dépénalisation de la pratique de la grossesse pour autrui.

Exclusivité

Pour sa part Jeffrey Spector  était entouré, en Suisse, par sa femme, ses trois filles et ses amis. Tous ont dit qu’ils respectaient sa décision et un communiqué en ce sens a été publié. Le montant des sommes versées à Dignitas ne semble pas avoir été précisé. M. Spector lui-même s’était exprimé via un entretien accordé « en exclusivité » à la Blackpool Gazette (Gareth Vickers) (avec le même triste cliché, non signé, du centre Dignitas helvète).

Il y a encore le journaliste David Graham. Il a déclaré à BBC Radio Lancashire qu’il avait parlé avec M. Spector alors qu’il était encore à son hôtel près de la « clinique », à Zurich. M. Graham a déclaré que M. Spector, directeur d’une agence de publicité, lui avait dit avoir préalablement consulté plusieurs chirurgiens du Royaume-Uni.  En Angleterre et au Pays de Galles une loi de 1961 dispose que le fait d’encourager ou d’aider une personne à (tenter de) se suicider constitue un délit.

Ne pas tuer

Plusieurs hommes politiques britanniques viennent de faire savoir, via les médias, qu’ils allaient tenter de modifier cet état de fait. Cette situation doit être mise en parallèle avec le fait que le Royaume Uni a toujours été présenté, de ce côté-ci de la Manche, comme un modèle à suivre pour ce qui est de la lutte contre la douleur et le développement des soins palliatifs. Au point que des responsables de la médecine palliative redoute que l’on modifie l’équilibre qui, aujourd’hui prévaut dans ce domaine. Ils rappellent, au risque de ne pas être compris, que leur mission est d’accompagner vers la mort. Non de tuer.

A demain

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