Colère à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Qui écrit la feuille de route de Martin Hirsch ?

Bonjour

Grève le 21 mai. Nouvelle journée de grève le 28 mai. « La colère s’amplifie à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris » annonce l’Agence France Presse. Les titres généralistes n’accordent qu’assez peu d’importance à ce conflit. D’abord parce qu’il ne perturbe en rien la prise en charge des malades hospitalisés dans le plus grand centre hospitalier du Vieux Continent. Ensuite parce ce que ce conflit est, vu de l’extérieur, difficilement compréhensible. Enfin parce qu’aucun leader ne se dégage, dans un camp ou dans un autre, pour capter l’intérêt des médias et de l’opinion.

Aucun « syndicaliste » à la voix forte et au visage buriné haranguant les foules devant les braseros, aucune infirmière en blouse blanche sur fond de salle de réa, séduisant les caméras pour expliquer le juste combat du « personnel hospitalier ».

Modèle féodal

De loin, l’affaire apparaît confuse, une histoire de remise en cause des « 35 heures », un conflit sur fond de « RTT non pris »… des minutes volées à la cafétéria… des secondes glanées devant les machines à cafés. Les médecins sont étrangement absents. Et les directions administratives, comme à l’accoutumée, enfermées dans des bureaux fermés, insonorisés. On peut voir dans l’AP-HP une sorte de reproduction d’un modèle féodal, avec son entrelacs de châteaux-forts, d’allégeances, de douves et d’entre-soi. Qui a le pouvoir ? Quel seigneur ? Quel roi ? C’est, aujourd’hui, la grande question.

Le tiers-état soignant l’a bien compris. « Si le directeur général Martin Hirsch ne nous entend toujours pas, on a prévu d’aller plus loin et d’aller voir ses tutelles. C’est bien Marisol Touraine qui donne sa feuille de route à M. Hirsch », vient de déclarer à l’AFP Olivier Youinou (SUD Santé). M. Youinou en est-il certain ? La ministre de la Santé a assuré à plusieurs reprises que le directeur général avait toute sa « confiance » pour négocier. Comme si la chose n’allait pas de soi. Le directeur général, lui, assure qu’il a, bien évidemment la « confiance » du gouvernement. Mais chacun sait que le gouvernement peut ne pas parler d’une seule voix.

Déconcertés

Il ne s’agit, au fond, que de réformer l’organisation du temps de travail dans les hôpitaux publics de la capitale, simplement pour réaliser une économie de 20 millions d’euros. L’incompréhension, la colère montante que cela génère vaut-il le bénéfice escompté ?

« Nous sommes en colère, mais nous sommes surtout déconcertés, confie à Libération Elisabeth Genest, déléguée CGT à l’hôpital Lariboisière. Martin Hirsch a changé son fusil d’épaule.  Il ouvre une liste de discussions pour calmer le jeu, mais il ne parle pas du sujet majeur qui a mis les gens dans la rue, celui de l’organisation du temps de travail et des 35 heures.» Désormais l’objectif de l’intersyndicale est « le retrait pur et simple » du projet horaire du directeur général.

Réduire les plages

Depuis que Martin Hirsch a annoncé sa volonté de « réorganiser » le temps de travail dans les hôpitaux parisiens, les relations entre direction et syndicats se sont tendues. On en est ainsi venu à parler d’un hôpital burn-outé. On découvre que « par manque de personnel », les repos non pris s’accumulent sur les comptes épargne temps – 74,7 millions d’euros fin 2014, selon la direction. La solution : une réduction des plages horaires journalières, qui permettrait de diminuer les RTT. Or les syndicats redoutent leur suppression (de même que celle de jours exceptionnels octroyés pour événements familiaux). Ils redoutent aussi et surtout un accroissement de la charge de travail, quand nombre d’agents font déjà des dépassements d’horaires.

Pour sa part Martin Hirsch explique qu’une réorganisation s’impose pour s’adapter aux nouveaux modes de prise en charge et le développement de la chirurgie ambulatoire dont Marisol Touraine a fait un objectif prioritaire d’économies substantielles.

Pandore et piqûre

« Il faut que Martin Hirsch réponde à la colère qui s’amplifie. Il a ouvert une boîte de Pandore. Il est de plus en plus isolé. S’il lui faut une piqûre de rappel, il l’aura ce jeudi. On espère que cela l’aidera à développer les anticorps nécessaires » a encore déclaré le délégué SUD à l’AFP. « Tous les syndicats sont pour une mobilisation tonique. Nous voulons le retrait du projet et amplifier le rapport de force. Nous verrons quand M. Hirsch souhaite entamer la négociation », ajoute Marianne Journiac (CGT).

« Bien évidemment, nous recevrons les syndicats jeudi 28 mai » a fait savoir la direction de l’AP-HP. Que se passera-t-il quand ces mêmes syndicats  demanderont à recevoir celle qui écrit la « feuille de route » de leur directeur général ?

A demain

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