Peut-on euthanasier avant l’âge de 12 ans ? Question soulevée par des pédiatres néerlandais

Bonjour

Une fois ouvert c’est un débat sans fin, un puits sans fond. Vendredi 19 juin 2015 des pédiatres néerlandais ont posé la question des enfants qui endurent des souffrances intolérables dues à des pathologies que l’on sait incurables. Ils doivent selon ces pédiatres pouvoir, eux aussi, demander à mourir. Or la loi en vigueur dans le pays dispose qu’il faut avoir un âge minimum de 12 ans pour, le cas échéant, être entendu.

Au cas par cas

«Nous estimons qu’une limite d’âge arbitraire, comme celle de 12 ans, doit être changée et que la capacité de chaque enfant à demander à mourir doit être évaluée au cas par cas», a déclaré à l’Agence France Presse  le Pr Eduard Verhagen, spécialiste de pédiatrie (Université de Groningen), l’un des responsables de l’Association néerlandaise des pédiatres.

Aujourd’hui, au Pays-Bas des enfants peuvent à partir de 12 ans demander à être euthanasiés s’ils endurent des souffrances intolérables dues à des affections incurables et si tout indique qu’ils sont proches de la mort, qu’ils sont en état d’exprimer leur volonté et si leurs parents approuvent cette demande. « Or si un enfant de moins de 12 ans remplit les mêmes conditions, les pédiatres sont pour l’instant impuissants, assure M. Verhagen. Il est temps de s’attaquer au problème».

Capacité de discerner

En la matière les exemples sont contagieux. Les médecins néerlandais recommandent de suivre l’exemple de la Belgique voisine. En février 2014, rappelle l’AFP, la Belgique était devenue le premier pays au monde à prendre la décision d’autoriser les mineurs en capacité de discernement à faire le choix de l’euthanasie. La loi belge dispose que le mineur doit se « trouver dans une situation médicale sans issue entraînant le décès à brève échéance », être confronté à une « souffrance physique constante et insupportable ne pouvant être apaisée ».

La capacité de l’enfant à comprendre ce qu’il demande doit également être évaluée au cas par cas. L’initiative de la demande de mourir doit émaner de l’enfant et  les parents doivent donner leur consentement. Quant aux enfants qui ne sont pas capables d’exprimer leur volonté, les médecins néerlandais entendent pouvoir agir à la demande des parents, après l’accord d’une commission médicale, comme c’est le cas pour les nouveau-nés jusqu’à l’âge an. Aux Pays-Bas les pédiatres vont mettre en place une commission pour continuer à examiner la question avant de rendre un avis officiel au gouvernement.

Lourdes controverses

Il s’agit souvent de situations extrêmes, assure le Pr Eduard Verhagen : des enfants «à l’approche de la mort et dont les parents veulent leur offrir la possibilité de mourir de manière humaine. L’AFP rapporte qu’entre 2002 et 2012, cinq demandes d’euthanasie de mineurs ont été honorées : un enfant de 12 ans et quatre jeunes de 16 à 17 ans.

On se souvient peut-être que le débat belge sur ce sujet avait eu un large retentissement. Plus généralement l’application de la loi belge sur le suicide médicalement assisté fait l’objet de lectures diverses et de lourdes controverses, comme en avait témoigné Le Point (Violaine de Montclos) en janvier dernier. Le site Gènéthique cite d’autre part une publication datée du 3 juin du Journal of Medical Ethics aui fait le point sur « les inquiétantes dérives euthanasiques qui ont lieu en Belgique » où cette pratique serait « complètement hors de contrôle ». Cette publication est signée du Pr Raphaël Cohen-Almagor (School of Politics, Philosophy and International Studies, The University of Hull). L’auteur fait état de dérives qui ne peuvent manquer d’interroger :

‘’The aim of this article is to provide a critical review of one of the most worrying aspects of the euthanasia policy and practice in Belgium—the deliberate shortening of lives of some patients without their explicit voluntary request. Some suggestions designed to improve the situation and prevent abuse are offered’’.

Pathologies psychiatriques

Cette publication a été reprise sous une forme spectaculaire par The Daily Mail qui fait état de milliers de cas où la morts aurait été provoquée sans véritablement avoir été demandée.  « L’euthanasie non demandée dépasse très largement les quelques milles cas d’euthanasie qui sont enregistrés par an en Belgique, expliquait en 2014 dans Le Soir,  le Pr Jean-Louis Vincent, ancien président de la société belge de soins intensifs (Hôpital Erasme, Bruxelles). Ces interventions actives ne sont rapportées à aucune commission. »

La question des pratiques euthanasiques chez des personnes souffrant de pathologies psychiatriques fait également l’objet, en Belgique, de certaines interrogations. Plus généralement la question est celle du poids des membres  de l’Association belge pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD) ainsi, corollaire, que celles des interprétations que l’on peut faire des termes de la loi et de la réalité concrète de son encadrement.

A demain

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