Bonjour
L’anxiété se doit d’être une pathologie temporaire. L’information était avant l’aube dans Le Parisien papier (Claudine Proust) Puis un peu plus tard sur le site de la Haute Autorité de Santé. La nouveauté ? La réévaluation par la HAS des benzodiazépines dans le traitement de l’anxiété. Et le maintien à la catégorie important de leur intérêt thérapeutique. Le contraire eût-il été surprenant ?
Inacceptable
Voilà un vrai sujet de santé publique : « environ sept millions de personnes auraient consommé des benzodiazépines anxiolytiques en 2014 dont 16 % en traitement chronique (plusieurs années) ». Soit une situation totalement inacceptable au regard des recommandations officielles. Le sujet, jusqu’à présent, ne semblait guère inquiéter. Ni la puissance publique, ni la sécurité sociale, ni les prescripteurs. Encore moins les fabricants.
Juin 2015. Lutter contre inacceptable deviendrait-il un thème d’actualité ? Voici le message mandé par la Haute Autorité de Santé :
« Efficaces sur une courte période, la Commission de la Transparence a estimé que leur intérêt thérapeutique était toujours important. Cet avis est une recommandation au maintien du taux de remboursement à 65%.Toutefois les nombreux effets indésirables de ces produits (troubles de la vigilance, chutes, troubles de la mémoire…) et leur utilisation parfois prolongée, exposant au risque de dépendance, conduit la HAS à publier conjointement une fiche mémo pour aider les médecins à réduire les prescriptions au long cours des benzodiazépines, que ce soit dans l’anxiété ou dans l’insomnie. »
Sagesse infinie
L’affaire embrasse large : alprazolam (XANAX®), bromazépam (LEXOMIL®), clobazam (URBANYL®), clorazépate (TRANXENE®), clotiazépam (VERATRAN®), diazépam (VALIUM®), loflazépate (VICTAN®), lorazépam (TEMESTA®), nordazépam (NORDAZ®), oxazépam (SERESTA®), prazépam (LYSANXIA®) et leurs innombrables génériques.
Ecoutons la HAS dans son infinie sagesse :
« De façon générale, les benzodiazépines anxiolytiques sont efficaces à court terme (8 à 12 semaines) mais leurs effets indésirables et le risque de dépendance qu’elles induisent doivent conduire à inscrire leur prescription dans une stratégie à court terme, soit dans un contexte de crise aigüe d’angoisse, soit en seconde intention dans les troubles anxieux ou les troubles de l’adaptation.
Il est donc important que dès l’instauration d’un traitement par benzodiazépines dans la prise en charge de l’anxiété comme dans celle de l’insomnie, le médecin puisse impliquer le patient dans une démarche d’arrêt de ce traitement. »
Degré d’attachement
C’est pourquoi, afin de contribuer à cette démarche, que la HAS publie aujourd’hui 29 juin une fiche dédiée aux modalités d’arrêt des benzodiazépines en population générale. Celle-ci recommande d’évaluer la dépendance au traitement du patient et son degré d’attachement à ces produits pour décider avec lui d’une stratégie adaptée à sa situation. Cette discussion pourra avoir lieu au cours d’une consultation dédiée et donner lieu – avec l’accord du patient – à un protocole pluri-professionnel de sevrage des benzodiazépines pouvant associer médecin, pharmacien, infirmier et entourage.
Phosphorescences
Bien évidemment, le généraliste ne peut pas tout. Pour les patients habitués à de très fortes doses de benzodiazépines, ou en cas de dépendance à l’alcool ou de troubles psychiatriques sévères associés, une prise en charge spécialisée est nécessaire.
On retiendra cette formule issue des phosphorescences d’acteurs qui vivent assez loin du terrain : « Le patient doit pouvoir être acteur du processus et choisir le rythme qui lui convient, de quelques semaines à plusieurs mois. »
Bien faire, en somme, autant que faire se pourra. L’anxiété se doit d’être une pathologie temporaire.
A demain