Bonjour
Henri Nallet , 76 ans, a été un responsable politique socialiste important. Il fut notamment ministre de l’Agriculture – puis garde des Sceaux d’octobre 1990 à avril 1992 sous la présidence de François Mitterrand. Il y eut l’ « affaire Urba », puis il fut nommé conseiller d’Etat. Après bien des tracas il devait disparaître du paysage où se fait l’actualité. On le retrouve soudain dans la dernière promotion de la Légion d’honneur, la plus prestigieuse : celle du 14 juillet. Libération (Eric Favereau) a noté cette promotion et, dans un billet, revient sur ce dossier. Rien de secret, pas de scandale à proprement parler, mais une conjonction de faits qui peut troubler.
De juin 1997 à décembre 2008, l’ex-garde des Sceaux a été salarié des Laboratoires Servier. Il y a successivement été directeur chargé du développement international, directeur général (affaires extérieures et communication), directeur des affaires européennes de conseiller du président. Puis vint l’affaire du Mediator® . Affaire médicale, affaire statistique, affaire médiatique, affaire judiciaire.
« Les magistrats en charge de l’instruction ont découvert qu’il avait reçu [de juin 1997 à décembre 2008] une rémunération totale de 2,7 millions d’euros, soit 20 000 euros par mois, comme l’a rappelé le Figaro. Puis, de 2009 à avril 2013, il a été consultant du groupe Servier pour une rémunération totale de 812 000 euros, soit 15 600 euros par mois. En décembre 2013, au moment de son audition, Henri Nallet était toujours rémunéré par Servier : 110 000 euros hors taxes par an pour six jours de travail par mois » peut-on lire dans Libération. L’ancien garde des Sceaux a ici eu le statut de témoin assisté.
Restos du cœur
Libération rapporte les réponses de M. Nallet sur son rôle dans le groupe pharmaceutique. «Mon travail, c’était d’avoir des contacts réguliers avec le président, M. Servier, que je rencontrais très fréquemment et avec lequel j’échangeais sur les questions communautaires et internationales», a-t-il expliqué aux juges.
S’étonner du niveau des rémunérations ? S’en indigner ? Dénoncer (dans l’indifférence quasi générale) le pantouflage ? Se faire, au contraire, une raison ? Evoquer une prescription ? Dire que le temps a passé ? Rappeler que Jacques Servier avait lui aussi été promu commandeur de la Légion d’honneur – et décoré des mains de Nicolas Sarkozy, alors président de la République.
On en est là. Puis, comme chacun, on regarde Wikipédia ? On voit alors que l’homme dont on parle est vice-président de la Fondation Jean-Jaurès , qu’il est président du Conseil scientifique de la Fondation du Parti des socialistes européens. On voit aussi, on voit surtout, qu’il a aidé et participé à la création et au développement des Restos du cœur, cette idée lancée par Coluche sur l’antenne d’Europe 1. Alors on ne dit plus rien.
A demain
3 réflexions sur “Commandeur de la Légion d’honneur après avoir été effleuré par le scandale du Mediator® ?”