Bonjour
Hier Libération publiait un billet acidulé (Eric Favereau). Sujet : la présence de Henri Nallet, élevé au grade de commandeur dans la dernière promotion de la Légion d’honneur. Henri Nallet, responsable socialiste de haut rand, ministre de l’Agriculture et garde des Sceaux sous la présidence de François Mitterrand – Henri Nallet ces dernières années judiciairement effleuré par l’affaire du Mediator®.
Indignation
Que dire, que faire de plus ? S’indigner. « La pneumologue de Brest, à l’origine de l’affaire du Mediator® ,est très en colère, en ayant découvert qu’Henri Nallet, ancien garde des Sceaux de François Mitterrand, et surtout pendant plus de dix ans salarié du groupe Servier, vient d’être nommé commandeur de la Légion d’honneur » écrit Libération – qui publie une tribune adressée à François Hollande, président de la République et signée de la main du Dr Irène Frachon. Voici ce texte :
« Monsieur le président de la République,
C’est avec stupeur et un grand désarroi que j’ai découvert dans la presse l’élévation de monsieur Henri Nallet au rang de commandeur de la Légion d’Honneur dans la promotion du 14 juillet 2015.
Quelles que soient les qualités d’ancien ministre de monsieur Nallet, personne et surtout pas les victimes du Mediator® n’oublieront aujourd’hui que monsieur Nallet a été entendu fin 2013 sous le statut de témoin assisté par les juges d’instruction dans l’affaire du Mediator® pour son rôle en tant que conseiller spécial et personnel de Jacques Servier, notamment entre 1997 et 2008, soit exactement la période durant laquelle la tromperie exercée par Jacques Servier et son entreprise a pris un tour particulièrement criminel et lourd de conséquences humaines.
Personne n’oubliera que monsieur Nallet a ensuite poursuivi ses lucratives activités de conseil en lobbying auprès de Servier jusqu’en 2013 et ce, malgré l’éclatement au grand jour du drame du Mediator® fin 2010.
Personne n’oubliera qu’à l’heure où les innombrables victimes du Mediator® se débattent encore désespérément pour obtenir reconnaissance et indemnisation (fusse-t-elle hélas misérable), face à un laboratoire impitoyable, ce dernier se montre moins généreux, et c’est un euphémisme, avec ses victimes qu’avec ses conseillers spéciaux, décorés aujourd’hui, comme le fut jusqu’en 2009 Jacques Servier, d’une distinction qui signerait dans ce contexte le déshonneur de la République.
Monsieur le président de la République, grand maître de l’ordre de la Légion d’honneur, je m’adresse à vous en tant que garant de la dignité de nos concitoyens, aujourd’hui bafoués et notamment ceux qui souffrent dans leur chair des conséquences de cet empoisonnement, pour ne pas permettre qu’une telle promotion puisse se faire sans entrave ni décence. (…). »
Entrave et décence
On comprend la stupeur. On entend le désarroi. On saisit le rôle de cette pneumologue auprès des malades. On relit la chute de cette tribune « (…) ne pas permettre qu’une telle promotion puisse se faire sans entrave ni décence ». On ne saisit pas très précisément le sens des mots et l’usage des négations. Est-ce une menace ?
On relit le Journal Officiel. Et l’on voit élevé au grade de commandeur sur la réserve du ministre de l’Agriculture : « M. Nallet (Henri, Pierre), ancien ministre, président du Haut Conseil de la coopération agricole. Officier du 11 juillet 2001. » Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture est aussi porte-parole du gouvernement.
A demain
Le combat de notre consoeur pneumologue continue , implacable lui aussi …triste devenir de cette décoration qu’ont tant mérité nos ancêtres heroïques dans l’enfer des tranchées , sous un déluge de feu …