Bonjour
Un nouveau vaccin contre une maladie virale en progression qui constitue un véritable fléau sous bien des latitudes où règnent les moustiques. Jadis c’eût été un tonnerre d’applaudissements. Aujourd’hui, bien sûr, c’est plus compliqué. The New England Journal of Medicine vient de publier les résultats d’un vaste essai clinique de phase III évaluant l’efficacité d’un vaccin contre la dengue mis au point par la multinationale française Sanofi-Pasteur. Cette publication fournit les résultats obtenus auprès de 33 000 personnes vaccinées (des enfants et des adolescents âgés de 2 à 16 ans) pendant une période 25 mois. Les résultats présentés agrègent ceux de différents essais menés en Asie et en Amérique du Sud.
Observation paradoxale
Les personnes vaccinées recevaient, sur un an, trois doses de ce vaccin tétravalent. Les résultats à trois ans confirment les taux d’efficacité observés jusqu’à présent : une réduction de 60,3 % des cas de dengue symptomatique chez les patients vaccinés. Les auteurs observent cependant que les enfants vaccinés avant l’âge 9 ans étaient moins bien protégés (44,6 %) que ceux vaccinés après 9 ans (65,6 %). Une observation paradoxale : le risque de dengue sévère était réduit de 93,2 % chez les patients vaccinés après 9 ans et de 44,5 % dans le groupe vacciné avant 9 ans.
« Notre conclusion est que nous avons toutes les conditions réunies chez les patients de plus de 9 ans pour supporter l’idée d’une vaccination de cette catégorie de population, a expliqué au Quotidien du Médecin (Damien Coulomb), Valentine Delore directrice médicale chez Sanofi Pasteur, Ce sera aux pays chez qui le vaccin sera autorisé de fixer les stratégies vaccinales et de décider à partir de quel âge il convient de vacciner les enfants. » Comment comprendre ce paradoxe vaccinal ? « La dengue est une maladie compliquée avec quatre sérotypes différents, il y a des mécanismes immuno-pathologiques qui nous sont encore inconnus. Une de nos hypothèses de travail réside dans la relative immaturité immunitaireque l’on trouve chez les populations les plus jeunes ». Les chercheurs de Sanofi Pasteur vont continuer leur suivi des patients pendant trois années supplémentaires.
Fumées d’usine
Dès à présent, près de Lyon, l’unité de production de Neuville-sur-Saône commence à fumer. Objectif : produire 100 millions de doses par an, un milliard en dix ans, et « les mettre à la disposition de l’ensemble des pays touchés par la dengue – soit 2,6 milliards de personnes exposées au risque ». « Nous avons anticipé le développement industriel avant la fin des essais cliniques, expliquait-on chez Sanofi-Pasteur en 2013. C’est un pari et nous pensons que ce vaccin est la seule solution contre la dengue. Si nous avions attendu les résultats de la phase III, les doses n’auraient été commercialisables qu’en 2019, et non en 2015. » Pour le prix on attendait les résultats de la phase III des essais cliniques. Nous y sommes. Et Sanofi-Pasteur est loin devant GlaxoSmithKline.
Il y a quelques jours Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes visitait le site de production lyonnais. Elle était accompagnée du ministre de la Santé du Mexique, Mercedes Juan Lopez. On trouvera ici le texte de son discours. « Dans ces murs se façonne un formidable espoir pour des millions d’individus à travers le monde, devait déclarer Mme Touraine. Nous sommes animés par une ambition commune, celle de faire de la dengue la prochaine maladie évitable et plus largement d’agir pour la santé publique au niveau mondial. »
A demain