Bonjour
A quoi songent les crocodiles élevés pour qu’on leur fasse la peau ? Souffrent-ils quand on les trucide ? La question n’était pas, jusqu’ici, d’une brûlante actualité. Ce n’est plus le cas – grâce à PETA et à Jane Birkin. La première est une association de défense des animaux assez peu connue en France. La seconde est une chanteuse d’origine anglaise dont la célébrité n’est plus à faire. C’est aussi le nom donné à un sac élaboré par la maison d’ultra-luxe Hermès®. Un sac mythique qui fête ses trente ans et qui demeure l’un des plus chers au monde . Exemplaire gratuit ici. Nul ne connaît les termes chiffrés du contrat qui a permis à Hermès d’user ainsi du nom de Jane.
Sévices
Où est l’actualité ? Dans l’émotion qui a saisi la chanteuse quand elle a entendu parler des souffrances imposées aux alligators sur la peau desquels son patronyme était apposé. Elle a, via son agent dénoncé « les pratiques cruelles réservées aux crocodiles au cours de leur abattage pour la production des sacs Hermès portant [son] nom ». Elle ne veut plus que son nom soit utilisé.
Le site spécialisé Fashionista raconte assez bien l’affaire. Soit une impressionnante vidéo-enquête de PETA (6’37’’- les images de mise à mort peuvent choquer). PETA a filmé dans un élevage de crocodiles au Zimbabwe qui, selon elle, fournit des peaux à Hermès® pour ses sacs – et un élevage d’alligators au Texas, dont les peaux sont utilisées pour ses bracelets-montres. PETA dénonce les conditions de vie de ces reptiles et les « sévices scandaleux » lors de leur abattage au Texas.
Amitié intacte
Hermès® a vu la vidéo et semble ne pas savoir de qui il retournait. « Hermès® respecte et partage son émotion et a aussi été choqué par les images récemment diffusées » a-t-elle fait savoir, peu après le communiqué de Jane. Mieux : elle a promis des sanctions en cas de « manquement avéré » dans les élevages de crocodiles ou d’alligators dont la maison de luxe est partenaire. « Une enquête est en cours dans la ferme du Texas (…) Tout manquement avéré sera corrigé et sanctionné », indique Hermès®, qui précise que cette ferme- partenaire « ne lui appartient pas et que les peaux qu’elle fournit ne sont pas utilisées pour la fabrication de sacs Birkin ».
Hermès® assure encore que les déclarations de Jane Birkin « n’entament en rien l’amitié et la confiance » qui lient la chanteuse et la maison de luxe » « depuis de nombreuses années ». La célèbre maison affirme imposer « à ses partenaires les plus hauts standards dans le traitement éthique des crocodiles » : « Nous contrôlons leurs pratiques et leur conformité avec les règles d’abattage fixées par les vétérinaires experts et par le Fish and Wildlife et avec les règles établies sous l’égide de l’ONU par la Convention de Washington de 1973 ».
Tout cela n’est pas sans rappeler, à distance, Brigitte Bardot et le sang des bébé-phoques sur la neige devenue rouge. Il y a quarante ans. Le luxe est-il compatible avec la souffrance ? L’hypocrisie est-elle un péché ? Doit-elle être boycottée ?
A demain
Une réflexion sur “Le sac de Jane Birkin, la maison Hermès® et les larmes des crocodiles avant leur abattage”