Bonjour
Survoltage vaccinal dans les allées du pouvoir. On attendait le fruit des travaux de la députée (PS, Seine-Maritime) Sandine Hurel. C’est (une fois encore diront les mauvaises langues) Marisol Touraine qui vole la vedette. Nous sommes le samedi 1er août, le gouvernement est en vacances. Pas la ministre de la Santé qui a trouvé le temps d’un entretien dans Le Parisien (C.P.). Elle y annonce un débat national sur la politique de vaccination. Objectif avoué de cette initiative : enrayer une défiance grandissante à l’égard des vaccins.
La ministre observe (sans malheureusement citer ses sources) que « le doute est beaucoup plus élevé en France que dans la plupart des pays européens ». « C’est pourquoi je souhaite un débat », ajoute-t-elle en précisant toutefois qu’il sera lancé après la remise, à l’automne, du rapport sur la politique vaccinale commandé à la députée Sandrine Hurel. Rappelons qu’en mars dernier c’est Manuel Valls en personne qui avait missionné la députée.
Improvisation
Un « débat » ? On connaît les limites de ce genre d’exercice généralement qualifié de démocratique. On se souvient, en France, de ceux sur les OGM ou sur la fin de vie aux quels avait notamment participé le Pr Didier Sicard (voir sur ce sujet l’entretien qu’il nous avait accordé en août 2012, pour Slate.fr). Pour l’heure on sent comme un parfum d’improvisation. Mme Touraine indique ainsi que les modalités du débat « restent à fixer ». Elle promet « une complète transparence ». Comment pourrait-il en être autrement ? Elle ajoute : « Ne rien cacher est la meilleure manière de combattre ceux qui jouent sur des peurs scientifiquement infondées. » Ce sera, évidemment, un peu plus compliqué. Et encore :
« Se vacciner n’est pas un geste de confort, ni uniquement un choix individuel. C’est un enjeu collectif. Les premières victimes du refus de vaccination sont les populations les plus fragiles, enfants, personnes âgées. Le risque est aussi de voir réapparaître certaines maladies contagieuses et mortelles, qui ont aujourd’hui complètement disparu. »
Cas troublant de tétanos
Restons un instant dans le sillage du propos ministériel et parlons du tétanos. Ce n’est pas une maladie contagieuse -elle peut être mortelle et elle n’a (malheureusement) pas encore été éradiquée en France. Le tétanos y a toutefois disparu chez les enfants grâce à une politique de vaccination obligatoire dès le plus jeune âge. Nous avons récemment évoqué ici le cas, plus que troublant, d’un garçon âgé de 8 ans qui a contracté cette maladie et qui, depuis plusieurs semaines, est en réanimation au centre hospitalier Gatien-de-Clocheville de Tours (Indre-et-Loire).
Sans complaisance
Deux enquêtes ont été ouvertes, l’une administrative, l’autre judiciaire. Les éléments disponibles convergent et soutiennent l’hypothèse d’un certificat de vaccination dit « de complaisance ». Les certificats médicaux vaccinaux de complaisance, cela pourrait être l’un des chapitres du rapport de la députée Hurel, puis du débat annoncé par la ministre de la Santé. La rentrée risque d’être agitée.
A demain
On pourrait vraiment faire fort sur ce sujet…
S’il y a débat, il ne faudrait pas oublier un aspect éthique important: la prise de risque partagée.
Actuellement des vaccinophobes profitent de la barrière incomplète, mais non nulle, maintenue autour d’eux par les vaccinés contre les maladies transmissibles, sans participer aux risques pris par les vaccinés qui font bénéficier tout le monde de l’immunité dite de troupeau.
C’est pas juste.