Anti-vaccins : faut-il punir les parents qui exposent volontairement leurs enfants à la diphtérie, au tétanos et à la poliomyélite ?

Bonjour

Le 17 septembre dernier les parents Larère comparaissaient (une nouvelle fois) devant le tribunal d’Auxerre.  Lyonne.fr (Antonin Bisson) y était. Les époux Larère refusent, avec obstination de faire vacciner leur fille (aujourd’hui âgée de 4 ans) contre les trois maladies pour lesquelles l’immunisation est obligatoire : la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite.

Les parents Larère ont de la suite dans leurs idées.  La première audience avait eu lieu le 9 octobre 2014. L’avocat de ce couple auxerrois, Me Emmanuel Ludot avait alors plaidé la question prioritaire de constitutionnalité (QPC). Une demande jugée recevable par le tribunal. L’affaire avait été examinée en mars dernier par le Conseil Constitutionnel – qui avait alors rejeté la demande des parents et déclaré l’obligation vaccinale conforme à la Constitution.

Retour, donc, devant le tribunal correctionnel d’Auxerre. Le 17 septembre ils comparaissaient à nouveau pour « soustraction par un parent à ses obligations légales compromettant la santé, la sécurité, la moralité ou l’éducation de son enfant ». A ce titre  ils encourent jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 30.000 euros d’amende.

Epuisement des parents

Grégory Leroy, vice-procureur de la République d’Auxerre, a requis quatre mois d’emprisonnement avec sursis et 500 € d’amende contre ces deux parents.  L’avocat de Samia et Marc Larère a plaidé la relaxe. Le jugement a été mis en délibéré au 29 octobre prochain.

Lyonne.fr nous rapporte précieusement la réaction de  Marc Larère à l’issue de l’audience :

« – Êtes-vous confiant après cette audience ? 

– Il n’y a pas de raison de ne pas être confiant, même si émotionnellement ce sont toujours des moments difficiles. On peut faire du blabla pendant des heures mais au final le résultat est toujours le même : le vaccin qu’on nous reproche de ne pas avoir donné à notre enfant n’existe pas (1). Je suis aussi là pour alerter mes concitoyens de cette situation.

– Les réquisitions du procureur ne vous inquiètent pas ?

– Elles ne me réjouissent pas, mais il existe toujours des possibilités de recours et puis on ne me promet pas le goulag non plus. Nous avons la chance de vivre dans un pays démocratique où l’on peut croiser un petit peu le fer avec le système donc je ne suis pas pessimiste.

– Quelle sera la suite des choses pour vous après le délibéré ?

– Et bien si je suis relaxé je vais me relaxer. Car je ne vous cache pas que ces moments sont épuisants. Et si une condamnation est prononcée nous réfléchirons aux suites à donner avec notre avocat.

Mauvais traitements

Accompagnés dans leur démarche, les deux parents ont reçu le soutien de plusieurs associations – dont « La Ligue Nationale pour le Liberté des Vaccinations« .

Cette affaire a aussi été évoquée sur le site de L’Obs (Cécile Deffontaines). On peut y lire des choses stupéfiantes, comme celle-ci :

« (…)  Ne pas vacciner est considéré comme une forme de « maltraitance », et cela peut nuire à la sociabilisation de l’enfant, puisque l’inscription à l’école lui sera refusée à ses 6 ans (scolarité obligatoire). Les Lalère ont été dénoncés par un médecin. L’affaire paraît folle puisque leur petite L., aujourd’hui âgée de 3 ans, se porte très bien et n’est pas victime de mauvais traitements. Elle n’est juste pas immunisée contre des maladies potentielles (…) »

«  Il suffisait de regarder dans la salle d’audience. Derrière le banc du prévenu (son épouse étant absente car elle venait de donner naissance à leur troisième enfant), une petite foule d’une cinquantaine de personnes était présente. Venues de toute la France, elles se retrouvaient autour de leur peur des vaccins et étaient venues soutenir un couple « courageux ».

« Il y avait là des mamans, comme Jennifer, agent des impôts de 36 ans, qui refuse d’injecter des produits à sa fille : Moi aussi je suis hors-la-loi, ça y est, dit-elle. La première injection doit avoir été faite pour les 18 mois et ma fille vient de les passer. »  Mais aussi un papa dans la souffrance, comme Lionel, dont le petit garçon de 5 ans a été (pense-t-il, le lien de causalité n’ayant pas encore été reconnu) victime d’une vaccination. « Même pas quinze jours après le vaccin, il s’est mis à marcher à quatre pattes en rentrant ses pouces, puis sur les poings, puis il a été incapable de se déplacer : il glissait et se cassait la figure comme Bambi. Il ne marchera et ne parlera jamais. » 

Séquelles post-tétaniques

Pour autant on ne saurait sous-estimer l’argumentaire des parents Larère est simple. Ils affirment ne pas être opposés aux vaccins dans l’absolu. Mais ils expliquent ne pas pouvoir souscrire à l’obligation vaccinale car il leur est impossible de trouver les trois valences vaccinales obligatoires (et elles seules) dans les pharmacies d’officine. Ce qui n’est pas tout à fait exact (1).

Dans le même temps  ces parents prennent délibérément le risque majeur d’exposer leur fillette au risque de contracter la diphtérie, la poliomyélite et/ou le tétanos. C’est là un risque bien réel comme la montré en juillet dernier le cas d’un enfant atteint de tétanos hospitalisé en réanimation à l’hôpital Gatien-de-Clocheville (CHU de Tours). Il est vrai que le cas de figure était différent : un pédiatre avait signé un certificat de vaccination contre les maladies obligatoires tandis que les examens biologiques démontraient qu’il ne l’avait pas été. Qui, dans cette affaire, sera condamné ? Quand, et à quelle peine ? Qui prendra en charge les séquelles post-tétaniques de cet enfant ?

A demain

(1) Il existe, en pratique, une solution pour les parents qui souhaiteraient ne respecter que les obligations vaccinales. Il faut ici savoir que les enfants allergiques à la vaccination contre la coqueluche (à cause d’une hypersensibilité à l’un des constituants du vaccin) peuvent avoir accès au DTVax® (vaccin diphtérique et tétanique) associé à l’Imovax Polio®. Or leDTVax® n’est plus disponible (rupture de stock) depuis janvier

Une solution a donc été trouvée. Voici les explications qui nous ont été données par l’ANSM :

« Pour pallier l’indisponibilité du vaccin DTVax®, nous avons autorisé l’importation des doses d’une spécialité similaire du Canada « Vaccin diphtérique et tétanique adsorbé » début février 2015. Ce vaccin se présente sous forme de flacon unidose (contrairement au DTVax® qui se présentait sous forme de flacons multidoses). Il dispose d’une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) aux USA.

Le laboratoire Sanofi Pasteur MSD met à disposition à titre gracieux sur demande des médecins prescripteurs (comme préalablement pour le DT Vax®) le vaccin diphtérique et tétanique adsorbé « canadien » sous forme d’un « kit » contenant également Imovax Polio®, (vaccin poliomyélitique inactivé du même laboratoire).

Ce kit est indiqué pour les patients présentant une contre-indication à la valence coquelucheuse et ce afin de satisfaire aux obligations vaccinales. Ces deux vaccins doivent être administrés simultanément en deux sites d’injection différents. Ce vaccin importé est disponible depuis mai 2015. »

Les opposants radicaux à la vaccination refusent la proposition qui leur est faite en objectant que ces vaccins contiennent des adjuvants.

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