Bonjour
Le beau scoop de 20 minutes faisait partie d’une mise en scène. C’est du moins ce que l’on peut comprendre, quelques heures plus tard, à la lecture de Libération (Catherine Mallaval). La décision de justice a été rendue le 20 août [on peut prendre connaissance ici du fac-similé de ce jugement rendu par X. Augiron, vice-président –en présence de J.Patard, vice-procureur de la République]. La publicité donnée aujourd’hui (seulement) à l’affaire est le fait du cabinet d’avocats parisiens Benjamin Pitcho et Mila Petkova qui a plaidé le cas. Et, précise Libé, la 19ème marche annuelle des transsexuels est prévue ce samedi 17 octobre.
Mutilations
Pour l’heure l’affaire gagne en audience. En quelques heures elle est évoquée, analysée, commentée, décryptée. Des témoignages apparaissent (comme sur RTL). On parle de mutilations. La génétique et la médecine n’ont pas encore été conviées à la barre médiatique. Certains, les plus pointus, cherchent un angle. On lira ainsi, sur Slate.fr , le très original « Mentionner le sexe sur les papiers d’identité a-t-il un sens? » (Aude Lorriaux). Où l’on retrouve Me Mila Petkova :
«Toutes les études montrent qu’il n’y a pas de binarité des sexes, on ne correspond parfois ni à l’un ni à l’autre, Pourquoi chercher à corriger un problème qui n’est que dans nos têtes? Quand le problème, c’est nous, qui ne voyons pas la diversité? C’est nous qui devrions être opérés!»
[Il est important que le législateur] «se saisisse de l’opportunité créée par la proposition de loi PS relative à la modification de la mention du sexe à l’état civil [enregistrée le 29 septembre dernier, pour offrir une option aux personne intersexes]. C’est maintenant qu’il faut agir, et qu’il faudrait dire qu’il n’y a pas que deux sexes» »
Vieux code civil
Pour Libération ce jugement de Tours constitue « bel et bien une bombe lancée à la face de notre vieux code civil ». Un vieux code « qui ne connaît que le binaire ‘’XX’’ ou ‘’XY’’ » :
« Ce premier «sexe neutre» souhaite garder l’anonymat. Il va pourtant devenir, malgré lui, le porte-parole de tous ceux qui naissent intersexués et souffrent de ne pas être reconnus comme tels. Combien sont-ils ? Les statistiques de l’état civil ne les recensent pas. Ils représenteraient 1,7 % de la population, selon l’étude référence sur le sujet menée par Anne Fausto-Sterling, professeure de biologie à l’université américaine Brown. Et certains avancent le chiffre de 200 nouveau-nés par an en France. »
Depuis toujours
Et Libé de citer Philippe Reigné chercheur au Laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique (Cnts/Cnam) :
«Les intersexués existent depuis toujours. Pour les juristes, l’organisation sociale est basée sur le sexe. Pour eux, le sexe n’est pas une fonction, mais un état. D’ailleurs au début, on vérifiait le sexe de l’enfant à l’état civil. On tente de faire rentrer les intersexués dans des cases dès le XIXe. Par des traitements hormonaux, ou par de la chirurgie, en supprimant un micropénis et en pratiquant une vaginoplastie.»
Libé cite aussi Me Mila Petkova, parlant de son client anonyme (âgé de 64 ans) :
«Il a heureusement échappé à cela. Mais ces réattributions de sexe se pratiquent toujours sur des enfants de 0 à 3 ans. Ce sont des traumatismes, des tortures qui s’accompagnent de traitements hormonaux à vie. J’espère que cette décision de justice mettra un coup d’arrêt à ces mutilations, au-delà des principes qu’elle pose : permettre à un être de ne pas être enfermé dans une réalité qui n’est la sienne. De rétablir la vérité.»
Sexe -fiction
Espérer en découvrant que du fait d’un seul homme, juge au tribunal de grande instance de Tours, fait entrer la France dans « un club très fermé »? Espérer que la France ne soit plus éternellement en retard dans ce champ de droit civil ? Libération ne veut se faire aucune illusion : « Ce jugement sera doute cassé. Mais il est là. Et permet pour l’instant à un être humain de vivre comme il se sent. Sans un sexe de fiction. »
A demain
Le féminisme ne pourra jamais se satisfaire de l’instrumentalisation et manipulation à des fins politiques de personnes en difficulté… Fini le temps des marionnettes, nous n’avalerons pas la fiction du sexe neutre.
Au sujet du terme intersexe, il n’y a pas eu de troisième découverte, toujours X, Y… (Pas de « réattribution » mais une attribution sexuelle pour éviter des risques de pathologie, peut être est-il aussi honnête de le rappeler ?)
http://susaufeminicides.blogspot.fr/2013/07/le-genome-du-genre.html