Bioéthique : la curieuse et dérangeante affaire des ovocytes décongelés du CHU d’Angers

Bonjour

« La bonbonne a été placée en quarantaine » expliquait Ouest France dans son édition du Maine-et-Loire datée du 28 octobre. Une bonbonne d’azote liquide. Tout s’est passé dans la nuit du 18 au 19 octobre dans le service de gynécologie-obstétrique du CHU d’Angers. L’alerte a été donnée à 8 heures du matin, lors du contrôle habituel. « Selon le relevé du traceur, la température de la bonbonne contenant les ovocytes serait passée de – 170° à + 20°, en l’espace de quelques heures.

Promesse d’enfant

« Pour nous, ils sont perdus. Mais nous les conservons, au cas où » a déclaré le CHU. Dix-sept femmes sont touchées. Originaires de la région, elles avaient suivi -ou suivaient- un traitement de chimiothérapie, de radiothérapie (ou avaient subi un acte chirurgical). Dix-sept femmes à qui la médecine avait proposé de conserver par congélation (« vitrification ovocytaire ») quelques-uns de leurs ovocytes  pour une grossesse ultérieure. Une promesse d’enfant en quelque sorte. Pour l’heure quatorze des dix-sept femmes concernées ont pu être informées, les autres restent  injoignables. Le CHU relativise la portée de l’accident et proposera à ces femmes de pratiquer, si c’est possible, de nouveaux prélèvements ovocytaires.

« Un tel incident est extrêmement rare. Nous n’en avons jamais connu au CHU, a déclaré François Faure, ingénieur biomédical en charge des équipements médicaux. Les bonbonnes sont contrôlées tous les jours et l’azote une fois par semaine. Par ailleurs, le fournisseur, Air Liquide, effectue une visite de maintenance une fois par an. »

Pas d’erreur humaine

Une enquête est en cours. Ouest France avance une première hypothèse : une « fuite » serait à l’origine de l’incident. Entendre une fuite d’azote. On parle aussi de « rupture de la chaîne du froid ».  L’Agence de biomédecine a été alertée et doit nommer un expert. « Des milliers de bonbonnes de ce type sont utilisées en France. Les incidents sont extrêmement rares » insiste le CHU. Personne n’évoque une « erreur humaine », encore moins un geste de malveillance.

Le Figaro a voulu aller plus loin. « À quel point ces femmes se retrouvent-elles pénalisées? » demande-t-il. «Les projets de naissance ne sont pas complètement remis en cause, lui a répondu la direction du CHU d’Angers. La majorité d’entre elles ont retrouvé une fertilité de façon spontanée et deux d’entre elles sont déjà enceintes». De plus, «elles savaient qu’elles ne devaient pas fonder tous leurs espoirs sur cette technique de préservation. La chance de grossesse par ovocyte stocké était très faible pour la plupart d’entre elles».

Pannes de congélateurs

Une fuite d’azote liquide ? Ce genre d’ « incident » est-il fréquent ? En 2013, 469 « incidents » ont été enregistrés par l’Agence de biomédecine. «On entend par incident, tout accident ou erreur survenant au cours des différentes étapes du processus d’assistance médicale à la procréation (AMP), susceptible d’entraîner un effet indésirable sur la personne ou la perte de gamètes, de tissus germinaux ou d’embryons. À titre d’exemple, des incidents à type de perte partielle ou totale d’embryons liée à un matériel défectueux (ex : panne de congélateur) ou de problèmes d’étiquetage des tubes de liquide folliculaire ont été rapportés.» précise l’Agence de biomédecine.  Sur les 469 déclarations faites aux autorités en 2013, 11,7% concernaient une perte ou une destruction partielle ou totale de cellules sexuelles.

L’Agence ne précise pas si des actions en justice sont parfois, dans de tels cas, engagées par les personnes concernées. Sur quelles bases pourraient-elles, d’ailleurs, être intentées ? Indemniser une promesse de gestation envolée ?

A demain

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