Bonjour
Trente-trois ans plus tard le sida n’a rien perdu de sa dimension politique. Hier le don de sang entrouvert aux hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes – une leçon de démocratie sanitaire. Demain une décision sur le remboursement du Truvada® prescrit à des personnes séronégatives mais en situation à risque d’infection par le VIH – soit le Truvada® en prophylaxie pré-exposition (PrEP).
Paris, Lyon, Nice
La première consultation hospitalière offrant cette nouvelle possibilité ouvrira dès la semaine prochaine au service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Saint-Louis. C’est une information du Quotidien du Médecin – une information donnée par le Pr Jean-Michel Molina, chef du service et principal investigateur de l’essai ANRS Ipergay, qui a montré l’an dernier l’intérêt de cette stratégie de prévention chez les hommes ayant des relations sexuelles non protégées avec des hommes et qui n’envisage plus d’avoir recours au préservatif.
Selon le Pr Molina, d’autres services devraient rapidement emboîter le pas de l’hôpital Saint-Louis, notamment à Paris, à Lyon et à Nice. En pratique, tous les services qui ont participé à l’essai Ipergay et qui ont une bonne expérience de la prescription du Truvada® dans le cadre de la PrEP sont susceptibles de le faire », explique-t-il. Cette ouverture est annoncée peu après l’annonce de la prochaine mise en place d’une recommandation temporaire d’utilisation (RTU) du Truvada® en tant que méthode médicamenteuse de prévention.
Médicament payant
« Depuis la fin de l’essai ANRS Ipergay, les infectiologues comme le Pr Molina sont dans une situation inconfortable : alors que les recommandations de l’OMS et la version 2015 du rapport Morlat donnent toutes les clés pour la prescription du Truvada® dans le cadre de la PrEP, il n’existe toujours pas de cadre légal précis, et surtout de remboursement, pour déployer cette nouvelle stratégie de prévention » observe le Quotidien du Médecin. De fait c’est bien là que le bât blesse.
Et maintenant ? Les prescriptions préventives réalisées à partir de la semaine prochaine se feront hors AMM et les médicaments délivrés ne seront pas remboursés. « Nous voulons avant tout proposer à ceux qui le souhaitent une information complète sur ce qu’est la PrEP, précise le Pr Molina, cette consultation sera ouverte à toutes les personnes se trouvant dans des situations à risques ». Les principaux concernés sont les HSH et les personnes transgenres, auxquels peuvent se rajouter d’autres groupes, comme les consommateurs de drogues injectables ou les personnes en situation de vulnérabilité exposées à des rapports sexuels à haut risque.
Gratuité du préservatif
Le Truvada® coûte actuellement 500 euros la boîte de 30 comprimés (pris en charge à 100% dans le cadre thérapeutique) et le schéma préventif dit « intermittent » (le moins coûteux) comprend quatre comprimés, soit près 60 euros, par « prise de risque ». Pour sa part Gilead Sciences, le fabricant américain, a fait savoir qu’il comptait déposer une demande d’extension d’autorisation de mise sur le marché (AMM) de son Truvada ® en PrEP dans les prochains mois.
Et maintenant ? Après la finalisation du dossier par l’Ansm c’est la Haute Autorité de Santé qui sera saisie et qui se prononcera (pour avis) sur le remboursement. En théorie ce processus pourrait encore durer plusieurs mois. On indique ici ou là que ce ne devrait pas être le cas. L’heure est désormais venue d’un choix éminemment politique – et qui sera analysé comme tel. D’une manière ou d’une autre il conduira à d’interroger sur la prévention conférée par le préservatif – et sur la non-gratuité de ce dernier.
A demain