Bonjour
Dans sa livraison de décembre le magazine Sciences et Avenir annonce qu’il va nous dire « la vérité sur les vaccins ». Enfin. « Restaurer la confiance » titre l’éditorial de Dominique Leglu. On est bien en peine de dire quand elle a été perdue. Est-ce lors de la plus que triste «affaire du vaccin contre l’hépatite B » ? Lors de la vaccination à marche forcée contre le virus grippal de 2009 ?
Modernité administrée
On peut aussi ne voir là que des symptômes d’une cause plus profonde : l’expression d’un sourde angoisse collective contre la modernité ; une modernité vaccinale et médicale qui, paradoxe, a fait disparaître du paysage les fléaux épidémiques au cours du XXème siècle. Mais une modernité administrée, non expliquée, à celles et ceux qui en profitent. C’est dans ce contexte de progrès majeur que l’inquiétude émerge, que l’on s’interroge sur les adjuvants, leur composition et leur nocivité.
C’est dans ce contexte que l’on conteste le notion même d’obligation vaccinale, que des associations sont prises pour des causalités, que des avocats et quelques agitateurs intéressés attisent les inquiétudes. Et c’est aussi dans ce contexte que des pédiatres signent des certificats de complaisance. Qu’un tétanos en France pratiquement disparu ressort de terre et infecte un enfant « vacciné ».
Réhabiliter le geste vaccinal
Une fraction des généralistes ne sait plus qui croire. Une invraisemblable incurie bouleverse la distribution des spécialités vaccinales dans les pharmacies d’officine. On substitue comme on peut et les trois vaccinations obligatoires ne peuvent être pratiquées sans que l’on leur associe des vaccinations simplement recommandées. On comprend que sur un tel terrain puisse prospérer le discours d’une personnalité Janus comme celle du Pr Henri Joyeux (sa pétition à Marisol Touraine approcherait aujourd’hui les 770 000 signatures).
C’est dire la nécessité d’une refondation du pacte vaccinal ; un pacte incluant une réhabilitation (notamment financière) du geste vaccinal.Le samedi 1er août dernier la ministre de la Santé avait donné un entretien au Parisien
Révélation et rappels
Elle y annonçait un débat national sur la politique de vaccination. Objectif : enrayer une défiance grandissante à l’égard des vaccins. Elle précisait que ce débat national toutefois serait lancé après la remise, à l’automne, du rapport sur la politique vaccinale commandé à la députée Sandrine Hurel. En mars dernier c’est Manuel Valls en personne qui avait missionné la députée. Mme Touraine indiquait aussi que les modalités du débat « restaient à fixer ». Elle promettait encore « une complète transparence » :
« Ne rien cacher est la meilleure manière de combattre ceux qui jouent sur des peurs scientifiquement infondées. (…) Se vacciner n’est pas un geste de confort, ni uniquement un choix individuel. C’est un enjeu collectif. Les premières victimes du refus de vaccination sont les populations les plus fragiles, enfants, personnes âgées. Le risque est aussi de voir réapparaître certaines maladies contagieuses et mortelles, qui ont aujourd’hui complètement disparu. »
Aujourd’hui Science et Avenir nous révèle que le rapport de la députée Sandrine Hurel « est déjà sur le bureau de Marisol Touraine ». Il « devrait l’inspirer » pour le grand débat public national dont personne n’a plus de nouvelle. Ce rapport sera-t-il rendu public ? Faut-il considérer que le grand débat annoncé est déjà mort-né ?
A demain
Une réflexion sur “Vaccinations : annoncé durant l’été par Marisol Touraine le «débat national» est-il mort-né ?”