Euthanasie : Véronique Fournier est-elle vraiment à la tête du «Centre national de la fin de vie» ?

Bonjour

Pataquès. La situation est inédite et bien embarrassante. Résumons. Le 6 janvier Marisol Touraine annonçait la création du « Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie ». Le décret relatif à cette création était publié  le même au Journal officiel. La ministre de la Santé annonçait aussi que la nomination du président de ce centre interviendrait très prochainement.

Moins de vingt-quatre heures plus tard Libération levait le voile : «Véronique Fournier, présidente du nouveau Centre national de la fin de vie». L’annonce faisait aussitôt grincer quelques dents plus ou moins confraternelles, comme nous l’évoquions le 8 janvier : « Véronique Fournier présidente … Controverse sur cette nomination ».

Nomination éventuelle

Nous sommes le 10 janvier et plus rien n’est acquis. Un vide étonnant qui libère quelques prises de parole. Il y a d’abord eu une dépêche, datée du 8 janvier, de l’Agence de Presse Médicale (APM, sur abonnement) qui parle d’une éventuelle nomination. Extraits :

« L’éventuelle nomination du Dr Véronique Fournier en tant que présidente du nouveau Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie, avancée jeudi par le quotidien Libération, soulève des critiques, notamment de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs, en raison notamment de ses prises de position sur l’euthanasie.

Refus de s’exprimer

« Sur son site internet, Libération affirme, sans préciser sa source, que la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, « Marisol Touraine […] a décidé de nommer à la présidence de ce nouveau lieu la Dr Véronique Fournier, directrice du centre d’éthique clinique [CEC] de l’hôpital Cochin » (Paris, AP-HP).

« Joints par l’APM vendredi, ni le cabinet de Marisol Touraine ni Véronique Fournier n’ont souhaité s’exprimer à ce sujet. En revanche, des sources compétentes ont confirmé à l’APM que la nomination du Dr Fournier est bien pressentie. »

Nommée ou pressentie ? Pourquoi un tel silence ? L’APM rappelle aussi que le Dr Fournier a été nommée membre du Comité consultatif national d’éthique en janvier 2015 et qu’elle a été coauteure d’une étude du CEC de Cochin de décembre 2013, où l’équipe se demandait si le recours à l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation artificielles (AHA) en néonatologie
ne serait pas « le talon d’Achille » de la loi Leonetti d’avril 2005 sur la fin de vie.

Pas d’expérience

Pour sa part la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs ne cache pas, publiquement, son étonnement du choix annoncé par Libération.

« La Société Française d’Accompagnement et de soins Palliatifs (SFAP) s’étonne donc de la nomination, par Madame la Ministre Marisol Touraine, d’une personnalité qui, d’une part, n’a pas l’expérience de la pratique des soins palliatifs et, d’autre part, tient des positions en faveur de la dépénalisation de l’euthanasie.

« La SFAP s’inquiète notamment des orientations qui pourront être données aux travaux de ce centre et de la teneur de la campagne de communication que celui-ci devra mettre en œuvre dans un an en faveur du grand public, des professionnels et des aidants auprès des grands malades en soins palliatifs. »

L’épreuve de la rencontre

Joint par l’APM le 9 janvier, le président de la SFAP, le Dr Charles Joussellin, a précisé que cette société savante  avait pris position à partir de l’information de Libération, sans avoir reçu de confirmation officielle. Il estime que Marisol Touraine serait mieux avisée de nommer un médecin ou un soignant qui ait « au moins l’expérience de la confrontation avec le patient en soins palliatifs », de « l’épreuve de la rencontre ». Le Dr Joussellin a encore expliqué à l’APM que Véronique Fournier « développe une thèse utilitariste qui objective le malade ». Il ajoute :

« Si l’on parle de l’homme en soins palliatifs selon sa maladie, les traitements, les techniques, l’homme disparaît un petit peu pour être un objet que l’on peut faire disparaître plus facilement. Je suis très attaché à la subjectivité: un sujet malade rencontre un sujet soignant, et cette rencontre a une valeur considérable, qui doit être première. »

Libertarienne et individualiste

On rappellera que la Sfap s’oppose à toute forme d’aide active à mourir. La Croix (Marine Lamoureux) aborde à son tour le sujet et cite « un bon connaisseur du secteur  » : « C’est un signe politique majeur et catastrophique (…) Véronique Fournier défend une éthique de l’autonomie à l’anglo-saxonne, libertarienne et individualiste, en rupture avec la conception des soins palliatifs, fondée sur une éthique de la bientraitance qui n’accélère, ni ne prolonge, la fin de vie du patient ».

Peut-elle dans ces conditions, présider un «Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie » ? Nous donnerons, ici et dès que possible, de plus amples informations.

A demain

 

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