Hôpital Pompidou : nouvelles lumières sur le fonctionnement de la commission des suicides

Bonjour

Qui, hier encore, connaissait l’existence, au sein de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP), d’une « commission centrale d’analyse des suicides et tentatives de suicide » ? Comme le veut, depuis 2013, une règle interne à l’AP-HP cette structure  avait été saisie par Martin Hirsch, directeur général, du cas de la mort, par défenestration, du Pr Jean-Louis Mégnien à l’hôpital Georges-Pompidou.

Dans le cadre de cette affaire, pour mieux éclairer, nous avons demandé au service de presse de l’AP-HP de nous préciser le statut de cette commission,  la définition de ses missions, son champ d’action, ses activités passées, sa composition actuelle. On nous répondu que l’AP-HP ne communiquait pas, actuellement, sur ce sujet. Il faudra donc attendre pour tenter de comprendre.

Intérêts conflictuels

Reste le contexte dans lequel d’inscrit ce drame et la spécificité de ce dernier ; contexte bien particulier qui voit aujourd’hui des controverses internes récurrentes précéder la mise en œuvre d’une enquête de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) plusieurs fois annoncée par Marisol Touraine, ministre de tutelle de l’AP-HP.

Après celle concernant la composition et les premières conclusions dénoncées par les proches de Jean-Louis Mégnien la controverse  porte aujourd’hui sur la « commission centrale d’analyse des suicides et tentatives de suicide ». Nous nous sommes, il y a peu, fait l’écho de la dénonciation  de l’existence d’un conflit d’intérêt au sein de cette commission : la présence, en son sein,  de Mme Anne Costa, directrice de l’Hôpital européen Georges-Pompidou  – Mme Costa est personnellement citée, à différents degrés, dans l’affaire du suicide du cardiologue qui exerçait dans cet établissement.

Antagonismes

Cette présence est aujourd’hui  dénoncée par plusieurs des membres de cette commission et  la dernière réunion du 25 janvier a  cristallisé les antagonismes. Le conflit est désormais ouvert et il semblait impossible que le travail d’analyse puisse se faire dans de telles conditions. Les opposants à cette présence semblent avoir été entendus. C’est ce que vient de leur préciser  Gérard Cotellon, directeur des ressources humaines de l’AP-HP et président de cette commission  au terme d’une série d’échanges de mails (parfois peu amènes) dans la journée du 27 janvier.

Ces échanges témoignent des tensions qui existent aujourd’hui entre les différentes parties. Pour sa part le directeur des ressources humaines tente de justifier la présence de la directrice de l’hôpital Georges-Pompidou aux deux premières réunions de la commission consacrées à ce suicide – situation qui fait que Mme Costa peut aisément être accusée d’être  « juge et partie » – un classique bien connu des spécialistes des conflits d’intérêt.

Détendre le climat

M. Cotellon fait valoir que la une méthodologie du travail de la commission a été présentée devant le Comité hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) central de l’AP-HP 1 et que ce travail se fait « en toute transparence ». Pour autant plusieurs des membres font état du comportement problématique de la directrice -répondant notamment à des questions ne lui étaient pas posées tout en interrompant les personnes auditionnées. Ils rappellent au président de la commission qu’ils lui avaient déconseillé de la réinviter à la deuxième séance d’une commission dont elle ne fait pas statutairement partie ;  un conseil motivé à la fois pour la protéger, pour permettre aux personnes auditionnées de « parler plus librement » et « pour pouvoir travailler dans un climat moins tendu ».

Le conseil a donc été entendu. La présence de Mme Costa et de ses adjointes ne semblant désormais plus « utile » à la compréhension des faits, la commission a prévu de procéder sans elles à de nouvelles auditions de médecins concernés, à divers titres, par ce suicide et par le harcèlement qui l’a précédé. Aucune date n’est, à ce stade, prévue pour la remise des conclusions de cette commission. A fortiori nul ne sait quand la direction de l’AP-HP communiquera sur le sujet.

A demain

1 Il existe, à l’AP-HP un comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail central – CHSCT central – présidé par le directeur général et quarante-six  CHSCT locaux.

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