Bonjour

C’est l’information de la nuit : les services de l’Académie Orléans-Tours  viennent de révéler qu’une élève d’un lycée professionnel de Bourges a été exclue de son établissement en début de semaine. Cette jeune fille est accusée d’avoir réalisé et diffusé une vidéo montrant des pensionnaires d’une maison de retraite atteints de la maladie d’Alzheimer. Ces images ont été partagées sur le réseau social numérique Snapchat 1

Agée de 17 ans cette jeune fille (son identité n’a pas été révélée) a pris et diffusé ces images alors qu’elle effectuait un stage, en décembre dernier, dans un Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) situé dans la commune de  Fussy (Cher). Ces précisions ont été données par la direction académique des services de l’Éducation nationale du Cher. Les faits se sont passés dans la « Résidence de Boisbelle », un EHPAD privé à but non lucratif d’une capacité totale d’accueil de soixante-dix neuf  places et qui dispose d’une unité Alzheimer.

Snapchat et Smiley

« Une auxiliaire de vie et deux résidents atteints de la maladie d’Alzheimer » apparaissaient sur cette vidéo. Les images étaient « accompagnée d’un smiley pleure de rire ». Elles ont été diffusées par l’élève à ses contacts sur  Snapchat dont on sait que la caractéristique est le caractère fugace du partage des images.

C’est le deuxième cas (connu) en France de ce type. On a appris, il y a quelques jours, que trois lycéennes étaient poursuivies pour des sévices sur des malades d’Alzheimer, pensionnaires d’un EHPAD de Seine-et-Marne – sévices qu’elles avaient filmées lors d’un stage et qu’elles avaient diffusées sur Snapchat avant d’être dénoncées par certains des destinataires –  33 films diffusés et visionnés 340 fois. Des « actes graves » avait déclaré  Laurence Rossignol, secrétaire d’État aux Personnes âgées. Agées de 16 et 17 ans, élèves du lycée professionnel Jean-Moulin de Torcy elles se destinaient à devenir auxiliaires de vie avant d’être mises en examen (pour violences en réunion avec préméditation, diffusion sur Internet de scènes de violence et atteinte à la vie privée) et placées sous contrôle judiciaire.

Najat Vallaud-Belkacem

Dans un texte qu’il nous a adressé 2 le  Dr Pierre Zanger, psychiatre et psychanalyste, membre du comité scientifique de SOS Addiction fait valoir que la violence est très présente dans nombre de ces établissements. « J’en ai des témoignages incessants et croissants par des soignants qui viennent me parler de leur pratique et/ou se plaindre de la violence institutionnelle, de la maltraitance des institutions envers celles et ceux qu’elles accueillent, explique-t-il. La grande différence, c’est que ce n’est pas mis en ligne. Doit-on se focaliser sur ces filles qui exhibent cette horreur, ou se dire que c’est peut-être une chance que ça puisse être enfin perçu et visualisé par tous. »

Des « actes graves» avait déclaré  Laurence Rossignol, secrétaire d’État aux Personnes âgées qui s’était déplacée dans l’EHPAD de Seine-et-Marne. Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education nationale était restée silencieuse. Les services académiques de Bourges ne nous disent pas ce qui attend la jeune fille exclue de son établissement scolaire. « Pleure de rire« .

A demain

1 « Snapchat » est une application de partage de photos et de vidéos disponible sur plates-formes mobiles de type iOS et Android. Elle est conçue et développée par des étudiants de l’université Stanford en Californie

La particularité de cette application est l’existence d’une limite de temps de visualisation du média envoyé à ses destinataires. Chaque photographie ou vidéo envoyée ne peut être visible par son destinataire que durant une période de temps allant d’une à dix secondes. L’entreprise est valorisée à 16 milliards de dollars en 2015

2  « Humiliations de personnes âgées : retour sur la méchante affaire de l’EHPAD de Seine-et-Marne »