Bonjour
L’absurdité à ses charmes. Elle atteint parfois au sublime. En voici un exemple, précieusement rapporté par Le Monde (Séverin Graveleau). Un exemple issu de l’état d’urgence et centré sur le tabac et dont on nous assure, d’entrée et sans rire, qu’il ne s’agit pas d’une blague. Ecoutons donc Michel Richard, secrétaire général adjoint du SNPDEN (Syndicat national des personnels de direction de l’Education nationale). M. Richard a demandé, mardi 2 février 2016 au gouvernement d’autoriser la cigarette à l’intérieur des lycées. Pourquoi ? Pour prévenir les risques d’attentat.
« En tant que responsable de la sécurité des élèves, un certain nombre de proviseurs a été saisi d’effroi en voyant les attroupements de fumeurs à la sortie des établissements » a-t-il expliqué au Monde. « Nous devons prendre toutes les dispositions possibles pour assurer la sécurité de nos élèves », rappelle Michel Richard. Cela va des exercices de confinement ou d’évacuation au contrôle des accès et des cartables.
Question de mathématique au Premier ministre
On savait que la consommation de tabac était proscrite au sein des établissements scolaires. Le Monde nous apprend que les lycées tolèrent que les élèves fumeurs – majeurs comme mineurs – sortent durant les pauses pour fumer leur cigarette. Il nous apprend aussi que depuis les attentats de novembre et « afin d’assurer la sécurité de ces élèves » de nombreux proviseurs ont choisi de les autoriser à fumer dans l’enceinte de l’établissement. Certes « pas dans la cour en tant que telle » mais « dans un lieu ouvert et bien défini », précise M. Richard.
Il fallait de manière rétroactive s’assurer de la légalité de cette décision, prise dans des circonstances exceptionnelles. Aussi le SNPDEN avait-il demandé que soit officiellement levée l’interdiction de fumer à l’intérieur des établissements. Or ce syndicat d’est heurté à la rigueur de la Direction Générale de la Santé qui a récemment refusé. Motif : « l’état d’urgence ne modifie en rien les textes sur l’interdiction de fumer ».
Stupéfactions
Pour le syndicaliste c’est là une « réponse stupéfiante » ; d’autant plus stupéfiante qu’elle est associée « à une menace d’amende si nous ne respectons pas la loi ». Le secrétaire général adjoint du SNPDEN, en appelle cette fois au Premier ministre.
Manuel Valls devra répondre à cette question de mathématiques : « entre rester dans la rue et être la cible potentielle d’un terroriste, ou fumer une cigarette, quel est le risque le plus élevé ? » On pourrait aussi rappeler au Premier ministre, comme aux syndicalistes de l’Education nationale (ainsi qu’aux buralistes) que la loi dispose que la vente de tabac est interdite aux moins de 18 ans. Une loi que nul n’est sensé ignorer. Une loi que l’exécutif est chargé de faire appliquer.
A demain
Superbe rétro-pédale après diffusion le 2 décembre dernier « sur autorisation du
Ministère, un espace est exceptionnellement et temporairement dédié aux élèves du lycée
fumeurs : patio à l’arrière du foyer » par un lycée de France…