Bonjour
Deux mois après. Marisol Touraine vient d’annoncer qu’elle venait de « prendre connaissance » du rapport de la mission « relative aux conflits à l’Hôpital Européen Georges Pompidou (HEGP) ». C’est là une formule qui se rapporte très précisement au suicide par défenestration du Pr Jean-Louis Mégnien survenu le 17 décembre dernier sur le lieu de travail de ce praticien hospitalier. C’est aussi une formule étrangement conclusive : elle laisse clairement entendre que ce suicide est la conséquences des « conflits » qui étaient nés et s’étaient développés au sein de ce prestigieux établissement de l’AP-HP. La ministre des Affaires sociales et de la Santé, rappelle que mission avait été « lancée » par Martin Hirsch, Directeur général de l’AP-HP, et Gérard Friedlander, doyen de la faculté de médecine Paris Descartes.
Marisol Touraine rappelle aussi qu’elle « s’était engagée à confier, sur ce sujet précis, une mission à l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS). Objectif : « analyser les conclusions à tirer des causes de ce drame et formuler des recommandations pour améliorer, au sein de cet établissement et dans l’ensemble des établissements hospitaliers, la détection et la prévention des risques psycho-sociaux ». La tragédie n’interdisant pas la diplomatie, le travail de l’IGAS sera mené « à la lumière des intéressantes préconisations » du rapport demandé par Martin Hirsch.
Qualité et indépendance
Le directeur général de l’AP-HP a pour sa part rendu public le rapport final de la mission « AP-HP » qu’il avait choisi de confier à Madame Marie-Sophie Desaulle et aux Prs Patrick Hardy Didier Houssin. On trouvera ce rapport ici : « AP-HP : LE RAPPORT FINAL DE LA MISSION RELATIVE AUX CONFLITS À L’HEGP PRÉSENTÉ EN DIRECTOIRE LE 16 FÉVRIER 2016 ».
Le directeur général « a remercié, au nom du directoire, les auteurs du rapport pour la qualité et l’indépendance de leur travail ». Il ajoute :
« L’ensemble du directoire a souligné l’apport de ce rapport pour guider les décisions permettant de tirer les enseignements tant du drame que des problèmes qui ont été révélés par les circonstances dans lesquelles il s’est produit, fait savoir la direction générale. L’échange avec les auteurs du rapport a permis certains éclaircissements sur certaines formulations sur les constats contenus dans le texte. Certaines préconisations concernent spécifiquement l’hôpital Européen Georges Pompidou. C’est en tenant compte des recommandations du rapport que sera traitée la question de la chefferie du service de chirurgie cardiaque, la question individuelle d’un MCU-PH de ce service, la question des cumuls emploi – retraite, la bonne compatibilité des activités libérales avec les missions de service public et l’amélioration de la gouvernance de l’hôpital au sein du groupe hospitalier. »
Trébuchet et responsabilités
Ce sont ici des lignes où chaque mot a été pesé au trébuchet avant d’être imprimé. Les intéreressé(e)s se reconnaîtront. Il en va de même avec la suite :
« Le directoire de l’AP-HP, au vu des conclusions de cette mission, réaffirme sa volonté de pouvoir tirer l’ensemble des conséquences de ce drame et des problèmes qu’il a pu révéler, à HEGP ou plus largement. Il réaffirme également son souci d’un respect des personnes et des procédures, afin que ces questions puissent être traitées résolument mais sereinement, avec impartialité, en fonction de l’intérêt général et dans un esprit de responsabilité. »
Le rapport de la commission interne confirme que « la souffrance [du professeur Mégnien] a été révélée par plusieurs alertes qui n’ont pas été prises en compte de façon appropriée ». Il ajoute que la réponse apportée « s’est limitée à la recherche d’une solution au conflit. Aucun entretien n’a été proposé au professeur Mégnien, les médecines du travail universitaire et hospitalière n’ont pas été sollicitées et aucun contact n’a été établi par la suite avec l’université en vue de faire appel à un médecin agréé ou à un comité médical ». Ce rapport ne décrypte toutefois pas les responsabilités (médicales et administratives) impliquées dans les mécanismes qui ont conduit au suicide.
Pour sa part Marisol Touraine précise que la mission de l’IGAS devra rendre ses conclusions dans un délai de deux mois. Nous serons alors quatre mois après le suicide du Pr Jean-Louis Mégnien. Viendront ensuite les conclusions de l’enquête policière. Puis les décisions de justice.
A demain