Bonjour
Mouvements de chaises dans les hautes sphères sanitaires. Et bulletin d’information à l’attention du citoyen :
« Le Président de la République a nommé le Pr Agnès Buzyn (53 ans) à la présidence du Collège de la Haute Autorité de Santé (HAS). Elle prend ses fonctions le 7 mars 2016 et succède à ce poste au Pr Jean-Luc Harousseau, nommé en février 2011 et qui a quitté son poste le 31 janvier dernier. Le Pr Agnès Buzyn a été désigné par le Président de la République pour présider le Collège de la HAS à compter du 7 mars 2016 par un décret publié au Journal Officiel le 5 mars 2016. Conformément à l’article 13 de la Constitution, cette nomination a été approuvée le 3 février dernier par les commissions des Affaires sociales de l’Assemblée nationale et du Sénat. »
Le Pr Buzyn remplacera le Pr Jean-Luc Harousseau pour la fin de son mandat jusqu’au 31 janvier 2017. Puis elle sollicitera un nouveau mandat.
« Ancienne interne des Hôpitaux de Paris, elle a réalisé la majeure partie de son parcours de clinicienne hématologue et d’universitaire à l’Université Paris V-Hôpital Necker où elle a été responsable de l’Unité de soins intensifs d’hématologie adulte et de greffe de moelle de 1992 à 2011. »
Parce qu’elle est une femme ?
Précédemment, Agnès Buzyn occupait la fonction de présidente de l’Institut national du cancer (INCa).
« Au sein des agences de l’Etat, elle a exercé les fonctions de présidente du conseil d’administration de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) de 2008 à 2013, et a été membre du Comité à l’énergie atomique, de 2009 à 2015. Nommée membre du conseil d’administration de l’Institut national du cancer en 2009, puis élue vice-présidente en octobre 2010, elle en est devenue présidente par décret du président de la République en date du 27 mai 2011 ».
Pourquoi est-elle nommée à la présidence de la HAS ? Pour quels bilans précédents ? Sur quel programme ? Contre quel(le)s concurrent(te)s ? Parce qu’elle est une femme ? Qu’entend-elle faire d’une HAS qui semble ne pas bien savoir ce qu’elle est elle-même ? Nous ne le saurons pas. Certains diront qu’il y a là comme un manquement à la transparence citoyenne de la démocratie sanitaire. Le citoyen se consolera en relisant Libération et un article (Eric Favereau) daté du 4 décembre dernier : « Bientôt une femme à la tête de la Haute Autorité de santé? » :
Ça y est, la voie est ouverte pour qu’Agnès Buzyn soit prochainement nommée à la tête de la Haute Autorité de santé (HAS). Son ancien président, le professeur Jean-Luc Harousseau avait annoncé en septembre son départ précipité. Mais que de difficultés pour y arriver… Il a fallu ainsi un amendement à un article de loi, rajouté en catastrophe à la loi santé, pour que la directrice de l’INCA (l’Institut national du cancer) puisse atterrir à la HAS. La raison? Agnès Buzyn est une femme. Or le législateur avait prévu que les membres du collège qui dirigent cette Haute Autorité indépendante soient quatre hommes et quatre femmes. Et que lorsqu’un membre quitte son poste, il soit remplacé par une personnalité de même sexe pour préserver cet équilibre. Or, aujourd’hui, les huit membres sont… huit hommes. Et les autorités voulaient, pour le moins, une femme. D’où un changement législatif cocasse pour permettre l’atterrissage d’Agnès Buzyn qui, pourtant, elle, n’avait rien demandé.
Une bonne idée ?
Cette hématologue, qui dirige l’INCA depuis 2011, n’avait, en effet, aucune envie de changer de poste. «J’aime mon travail», nous disait-elle. Et ces propos n’étaient pas purement diplomatiques; lorsque le poste de Directeur Général de Santé lui a été proposé en 2013, elle a refusé tout net. «Aller à la HAS? Pas en tout cas, avec cette gouvernance», nous disait-elle, il y a plusieurs mois. En octobre, le Pr Jean-Luc Harousseau a cassé le calendrier officiel, en annoncant qu’il allait partir un avant la fin de son mandat, «pour des raisons personnelles». A la demande de la ministre de la Santé il a accepté de rester jusqu’au 31 janvier 2016. Et cette fois-ci, Agnés Buzyn n’a pas refusé.
Est-ce, pour autant, une bonne idée? Il y avait un autre candidat, non-médecin celui ci, à forte stature, en l’occurrence l’ancien ministre, Claude Evin. Et ce n’était pas en soi un mauvaise choix que de retenir une personnalité non médicale, devenue sur le tard incontestable, pour présider une structure dont une des fonctions est d’avoir des propos fermes et clairs sur la santé, loin des corporatismes et lobbies en tous genres. Mais voilà, il fallait une femme, et en plus Marisol Touraine n’a jamais eu une grande affinité avec l’ancien ministre de Michel Rocard. »
Doux et feutrés mouvements des orbes dans les hautes sphères sanitaires.
A demain