Bonjour
C’est une méchante mouche, cousine germaine de celle dite du vinaigre : Drosophila suzukii. La combattre est devenu enjeu majeur pour la filière arboricole (en particulier pour les producteurs de cerises). Ses larves ont la capacité de détruire les fruits, occasionnant des pertes de productions considérables. Cette même mouche peut aussi, dans certains cas, se révéler redoutable pour les vignerons. Elle s’attaque aux grains de raisin et provoque des foyers détestables de pourriture acide. Ce fut notamment le cas en 2014 dans quelques-unes des plus belles parcelles de l’appellation Vouvray et de la région Centre.
Jusqu’à présent plusieurs solutions de lutte contre cet insecte ravageur existaient – parmi lesquelles l’utilisation d’un produit à base de Diméthoate, le DIMATE BF 400. Il en est d’autres 1.La pratique agricole courante consiste à utiliser cette arme dans le courant du mois d’avril. On ne plaisante pas avec ce produit :
« Le diméthoate est un insecticide systémique qui agit par contact et ingestion sur de nombreux insectes dont il inhibe la cholinestérase. Sa persistance d’action est de 2 à 3 semaines mais son usage répété favorise les tétranyques. Son utilisation est interdite sur les végétaux en période de floraison. Sur asperge, il est réservé aux aspergeraies en cours d’établissement. »
Autorisations retirées
L’affaire est aujourd’hui prise très au sérieux par le ministère français de l’Agriculture :
« En 2013, l’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a identifié un problème potentiel en termes de risque pour la consommation de denrées traitées avec du Diméthoate, renvoyant alors aux Etats membres le soin de statuer produit par produit et usage par usage sur le niveau de risque pour le consommateur.
« En France, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a conclu fin 2015 à la nécessité de retirer le produit DIMATE BF400 – sauf à ce que l’entreprise détentrice de l’autorisation apporte des données permettant d’écarter tout risque de toxicité (cette procédure est la procédure d’usage dans tout réexamen des conditions de mise sur le marché d’un produit).
« En l’absence de transmission de données par l’entreprise sur les fruits pour l’ensemble de l’Union européenne, l’ANSES a retiré l’autorisation de mise sur le marché de ce produit en Février 2016. »
Interdictions immédiates et totales
Aujourd’hui 29 mars 2016 Stéphane Le Foll, ministre français de l’Agriculture se dit « conscient du risque de distorsion de concurrence pouvant peser sur nos producteurs » ; le DIMATE BF 400 peut en effet être utilisé dans d’autres pays d’Europe ou dans le monde. Il se dit également conscient de l’enjeu que constitue la protection des consommateurs. M. Le Foll annonce avoir saisi la Commission européenne pour lui demander d’activer les mesures d’urgence prévues par le droit européen :
. Interdiction immédiate de l’utilisation du Diméthoate dans toute l’UE sur les fruits et légumes
. Interdiction immédiate sur l’ensemble du territoire européen de mise sur le marché de cerises provenant de pays ou d’Etats membres dans lesquels l’utilisation du Diméthoate est permise.
Précision ministérielle : l’utilisation par la France de la procédure d’urgence impose à la Commission de se prononcer dans les 7 jours. Dans l’éventualité où la Commission, à l’issue de ce délai, n’aurait pas répondu à la France, Stéphane Le Foll déclenchera une clause de sauvegarde nationale pour interdire la commercialisation en France de cerises traitées au Diméthoate qu’elles soient produites en France ou ailleurs dans le monde.
A demain
1 Il existe d’autres produits de protection des cerisiers contre cet insecte ravageur qui, eux, restent autorisés.On peut en trouver la liste en cliquant ici.