Bonjour
Pour tous les historiens de la médecine et des vaccins le « calendrier 2016 » est, d’ores et déjà, un précieux document : c’est le dernier de son espèce. Dans un an, si tout va bien, le paysage vaccinal sera différent puisque le gouvernement a souhaité percer l’abcès et modifier les conditions d’immunisation des citoyens français.
Ce calendrier ainsi daté vient d’être diffusé par la Direction Générale de la Santé : « Calendrier vaccinal 2016 ». Oublions un instant une nouveauté qui, déjà, est contestée (la recommandation officielle de vacciner – 130 euros- contre le zona les personnes presqu’âgées). Soulignons la nouvelle notion (qui sera également contestée) concernant la vaccination contre l’hépatite virale de type B 1. Et citons le Pr Daniel Floret, président du Comité technique des vaccinations (CTV) et professeur de pédiatrie à l’université Claude Bernard de Lyon.
Cible privilégiée de nombreux opposants aux vaccins en général ou à la politique actuelle de vaccination Le Pr Floret vient de commenter, pour Le Quotidien du Médecin, la publication et le contenu du « calendrier 2016 ». Commentaires rapides mais essentiels puisque c’est la dernière année où les recommandations officielles font la distinction entre vaccins « obligatoires » et vaccins « recommandés ». Ce sera, on le sait, le dernier grand chantier de Marisol Touraine à la tête du ministère de la Santé.
« Exiger » de préférence à « obliger » ?
« Le problème sera tranché fin 2016 par la ministre, commente le Pr Floret. Une chose fait consensus, la situation actuelle n’est pas tenable. Il faut trouver un système qui clarifie les choses et qui mette fin aux polémiques, tout en garantissant une couverture vaccinale élevée. À titre personnel, je pense qu’il faut sortir la notion d’obligation. »
Depuis la rue Bonaparte, non loin de leurs collègues de l’Académie française, les membres de l’illustre Académie de Médecine ont proposé que la notion de vaccin « exigible » remplace celles de vaccin de vaccin « obligatoire » 2. C’est dire si la langue française est riche et ses nuances infinies.
Il nous reste encore quelques mois pour phosphorer : en quoi « exiger » est-il différent d’ « obliger » ?
A demain
1 L’article L.3111-4 du Code de la santé publique rend obligatoire l’immunisation contre l’hépatite B pour les personnes exerçant une activité professionnelle les exposant à des risques de contamination et pour les élèves ou étudiants se préparant à l’exercice de certaines professions de santé, afin de les protéger de cette infection. Il prévoit également que cette immunisation des professionnels ait pour objectif de protéger les patients15 vis-à-vis de la transmission de ce virus par un soignant.
Le Pr Daniel Floret souligne pour sa part ailleurs une nouvelle notion introduite par la récente loi de modernisation du système de santé au sujet de la vaccination hépatite B du personnel soignant. « Il est écrit noir sur blanc que la vaccination des soignants a aussi pour but de protéger les soignés d’une contamination par les soignants, explique-t-il au Quotidien du Médecin. C’est un point de vue tout à fait nouveau. La notion de responsabilité vis-à-vis des autres rend la vaccination plus contraignante. »
2 Pour l’Académie de médecine, il faut évoluer d’une obligation de principe (jusqu’ici invariablement limitée à trois valences vaccinales) vers une exigibilité des preuves de la vaccination dans un certain nombre de circonstances de la vie telles que : -l’entrée en collectivité : crèches, garderies, écoles, jusqu’à l’université ; -des professions exposées : métiers de la santé, militaires… – les cas particuliers : voyageurs, migrants, missions à l’étranger… – un contexte épidémique. Toutes ces conditions nécessiteront des mesures réglementaires adaptées.
Sur ce thème, se reporter au communiqué de l’Académie publié en novembre 2015 : « À propos du maintien ou de la levée de l’obligation vaccinale ».