Bonjour
Débandade. Sauve-qui-peut à tous les étages de la République. Après Patrick Kanner, ministre de la Ville et ses « plus de cent Molenbeek » français, voici le ministre de la Justice : il révèle que la Justice française est « sinistrée », « en état d’urgence absolue », « à bout de souffle » « n’ayant plus les moyens de payer ses factures ». Ce ministre qui se « faisait rare dans les médias », en poste depuis deux mois s’alarme aujourd’hui en grandes pompes dans le Journal du Dimanche. Jean-Jacques Urvoas : « la direction de l’administration pénitentiaire a 36 millions d’euros de factures impayées pour des hospitalisations de détenus ». Marisol Touraine lui fera-t-elle crédit ?
Jean-Jaques Urvoas et Marisol Touraine
Il est un autre sujet qui, dans le même quotidien dominical, réunit Jean-Jacques Urvoas et Marisol Touraine. On le trouvera page 13 de l’édition du 3 avril : « Des médecins volontairement ‘’hors la loi’’ …» (Anne-Laure Barret). C’est une suite du « manifeste René Frydman » lancé il y a deux semaines à grand renfort de publicité dans les colonnes du Monde : « Homosexualité et PMA, les 130 médecins et biologistes qui ‘’n’ont pas respecté la loi’’ ».
Aujourd’hui c’est à nouveau un hors la loi qui parle dans la presse. Moins courageux qu’hier il parle, cette fois, sous couvert d’anonymat. Aurait-il peur des foudres de la justice ? Son initiative est en résonance avec la pétition que vient de lancer le magazine Elle pour en finir avec l’interdiction de l’auto-congélation des ovocytes :
« Le 24 mars, ELLE a lancé une pétition sur Change.org pour demander la légalisation de la congélation des ovocytes, alors que plus de 190 médecins signaient dans « Le Monde » un manifeste pour l’assouplissement de l’accès à l’assistance médicale à la procréation. Alors que cette technique autorisée dans tous nos pays voisins pourrait augmenter les chances de succès des procédures d’AMP et limiter le recours au don d’ovocytes, elle n’est pas accessible en France en dehors de raisons médicales.
Cette pétition a d’ores et déjà reçu le soutien d’Elisabeth Badinter, du Pr René Frydman et de nombreux médecins, dont le psychiatre-sexologue Philippe Brenot, d’associations réunissant des personnes infertiles ou engagées dans des parcours d’AMP, comme Bamp et Maïa, et de centaines de femmes directement concernées ou non par la difficulté à concevoir un enfant au-delà de 35 ans. »
Courage et témérité
Dans le Journal du Dimanche le courageux anonyme se dénonce. Il raconte la « situation intenable » qui est la sienne, confronté qu’il est à « des femmes abandonnées ». Il raconte ses confrères qui se contentent de mettre « un orteil dans l’illégalité » : ils donnent (avec ou sans dichotomie) des adresses de cliniques « sérieuses » en Espagne ou en République tchèque où l’on peut moyennant finances des ovocytes que l’on ne trouve plus gratuitement en France.
« D’autres, comme moi, vont au-delà confie-t-il. Nous prescrivons des hormones pour la stimulation ovarienne, faisons pratiquer des échographies pour préparer la FIV à l’étranger. Il m’arrive, comme d’autres confrères, de fermer les yeux sur un faux couple, une lesbienne faisant passer un copain pour son conjoint. Je me retranche derrière le consentement écrit des deux personnes, je ne suis pas flic. Dans ce cas le processus d’assistance médicale à la procréation se déroule en France. »
Faux certificats médicaux
Ces derniers mois il est allé plus loin : il a « accepté de faire congeler les ovocytes de célibataires ». Facile : il a « prétexté un problème de santé » (cancer ou endométriose). En clair il a fait un faux certificat médical. Ce courageux « qui n’est pas flic » ne craint pas, non plus, de dénoncer la « Sécu » au motif qu’elle rembourse tout ce qu’il prescrit et qui est hors la loi. Demain le même praticien « envisage de procéder au dépistage génétiqeus des embryons mal formés pour améliorer le taux de succès des FIV. Là il ne se lancera pas seul. « Plusieurs collègues ont promis de lui emboîter le pas ».
Sans hardiesse inconsidérée, notre médecins parisien conclut : « La force du groupe devrait nous protéger des poursuites ». Les ministres de la Justice et de la Santé apprécieront. De même que le Conseil de l’Ordre des médecins et l’Agence de Biomédecine. Sans parler de celles et ceux qui dirigent, au nom de tous les cotisants, notre Sécurité sociale.
A demain