Bonjour
Les vieilles fêtes chrétiennes sont des oasis médiatiques. Arnaud Montebourg, 53 ans, employé depuis un an chez Habitat (distributeur français de meubles) l’a bien compris. L’ancien ministre de l’Economie a, le lundi de Pentecôte, 16 mai, « un appel » aux Français. L’information est la suivante : « dans les mois qui viennent » il leur proposera « de construire un grand projet alternatif pour la France ». Tous les médias, alors, seront là – comme ils sont là aujourd’hui pour mettre en scène la mise en scène de l’ascension du mont Beuvray (Saône-et-Loire), que M. Montebourg fait traditionnellement chaque lundi de Pentecôte.
Il était entouré d’environ deux cents personnes, dont sa compagne, l’ancienne ministre de la Culture Aurélie Filippetti, 42 ans, et de plusieurs députés socialistes « frondeurs », dont leur chef de file, Christian Paul, 56 ans. Et c’est à la fin de son ascension (821 mètres) que M. Montebourg « n’a pas officiellement fait acte de candidature pour l’élection présidentielle de 2017 ».
Titres médicaux de séjour
Lundi de Pentecôte 2016 : l’association La Cimade (Comité Inter-Mouvements Auprès Des Évacués) accuse « de nombreux médecins » de « se livrer à un racket » auprès des migrants pour la rédaction et la délivrance de certificats médicaux en vue d’un titre de séjour.
« Ils exigent [des migrants] le paiement de plusieurs centaines d’euros pour établir des certificats médicaux selon lesquels leur pathologie peut ouvrir droit à une demande de titre de séjour sur le territoire national », affirme lundi 16 mai dans Le Parisien Laura Petersell (ancienne d’Act-Up) chargée de la « thématique santé » à la Cimade.
La Pitié
Et les médias généralistes travaillant ce 16 mai de rapprocher ces accusations de la décision de Martin Hirsch, 52 ans, directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) : la suspension, annoncée mardi 10 mai, du Dr Yves Benhamou, médecin hépatologue de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Ce médecin suspecté d’avoir délivré contre de l’argent des certificats médicaux à des migrants en vue d’un titre de séjour. L’AP-HP :
« A la suite d’un signalement effectué par un bénévole d’une association d’aide aux migrants, un patient étranger en situation irrégulière bénéficiaire de l’AME a rapporté avoir versé à plusieurs reprises des sommes d’argent en espèce au médecin concerné de l’hôpital La Pitié-Salpêtrière, pour obtenir la délivrance d’un certificat médical permettant d’initier la procédure de demande de titre de séjour pour raisons de santé.
« Il expliquait avoir été mis en contact avec ce médecin par un intermédiaire et que de nombreuses autres personnes bénéficiaient de ce système. L’enquête interne menée par l’AP-HP sur ce dossier laisse supposer que d’autres patients dans des situations comparables auraient également été amenés à effectuer de tels versements. »
Protestantisme
Cette association était-elle La Cimade, depuis toujours proche des milieux protestants ? Martin Hirsch, ancien président d’Emmaüs France en sait-il plus sur le sujet ? D’autres sanctions sont-elles à attendre ? L’affaire dépasse-t-elle le cadre de l’AP-HP ? Laura Petersell :
« Cette affaire est l’arbre qui cache la forêt. Les migrants, qui sont pris en charge par l’AME [aide médicale d’Etat] ou la CMU [couverture maladie universelle], n’ont pas à avancer d’argent aux médecins, car la consultation est prise en charge par l’Assurance-maladie. Ces précaires n’ont pas non plus à payer des dépassements d’honoraires ! Or nous avons recensé de nombreux témoignages sur ce sujet. »
Larbins et/ou voleurs
« Nombreux » ? Combien ? Pour quelles sommes ? Qui sont-ils ? Et qui met en contact ces migrants et ces médecins racketteurs pour l’heure anonymes ? La Cimade et la direction de l’AP-HP n’en disent, pour l’heure, pas plus. La Cimade indique, pour sa part, avoir signalé par écrit « ces entorses à la déontologie » au ministère de la santé et assure que le ministère a confirmé que « des demandes d’honoraires de la part des médecins [étaient] indues ». Ce ministère en a-t-il dit plus ? L’association dit attendre désormais « des réponses fortes » de la part de Marisol Touraine.
C’est bien le moins. Marisol Touraine (qui ne participait pas à l’ascension pentecôtiste du mont Beuvray) répondra-t-elle ? En toute hypothèse l’affaire est grave. Ainsi présentée elle semble dépasser les traditionnels conflits d’intérêts auxquels certains médecins prêtent encore le flanc. Il n’est pas impossible que le conseil national de l’Ordre des médecins, garant de l’image et de la probité de la profession, se montre intéressé.
Le Dr Louis-Ferdinand Destouches, dans son « Voyage au bout de la nuit » : « La médecine, c’est ingrat. Quand on se fait honorer par les riches, on a l’air d’un larbin, par les pauvres on a tout d’un voleur. » Où situer le médecin racketteur ?
A demain
que de contre-vérités, relayées toute la journée, par les media, une fois de plus et comme par hasard au moment des négociations tarifaires …
L’acte effectué par un médecin agréé est un acte médico-administratif, ce n’est pas un acte de soins, contrairement à ce qu’affirme la cimade, il n’a pas a être pris en charge par l’assurance maladie (bien au contraire, le médecin qui prendrait la carte vitale dans ce cas commettrait une faute). La plupart du temps cet acte est pris en charge par l’administration.Si ce n’est pas le cas, c’est au demandeur de régler. Le médecin doit délivrer une facture et informer de cet état de fait, dans sa salle d’attente.
Quant aux tarifs évoqués par la cimade, je ne comprends pas pourquoi le conseil de l’ordre n’a pas été prévenu (mais il y a souvent du chemin à faire entre les accusations médiatiques et les preuves formelles !)
Dr Michel Barris (médecin agréé, président du conseil régional de l’ordre du Limousin, vice-président de l’association de réinsertion sociale du Limousin)
Merci pour ces précisions.