Bonjour
Brexit ou pas, les bonnes nouvelles peuvent être brèves. Plus de six millions de fumeurs dans l’Union européenne ont arrêté de fumer et plus de 9 millions ont réduit leur consommation de tabac fumé avec la cigarette électronique. Telle est la principale conclusion d’une étude publiée aujourd’hui sur le site de la revue Addiction : “Electronic cigarette use in the European Union: analysis of a representative sample of 27 460 Europeans from 28 countries”
C’est là un travail mené par quatre spécialistes : Farsalinos KE , Voudris V et Poulas K (University of Patras, Greece) associés à Jacques Le Houezec (UK Centre for Tobacco and Alcohol Studies, Division of Epidemiology & Public Health, University of Nottingham ; Addiction research unit, INSERM 1178 (Mental & Public Health), Paris). Ils ont analysé les données de l’Eurobaromètre 2014 sur le tabagisme et l’utilisation de la cigarette électronique. Il ressort de ce travail que 48,5 millions d’Européens ont déjà essayé la cigarette électronique, et que 7,5 millions sont actuellement des utilisateurs. Parmi les utilisateurs actuels, 35,1% ont arrêté de fumer du tabac et 32,2% ont réduit leur consommation.
Sevrage sans précédent
Laissons parler les auteurs. « Ce sont probablement les taux de sevrage et de réduction tabagiques les plus élevés jamais observés sur une population aussi large, souligne Konstantinos Farsalinos. Les données de l’Union européenne montrent que l’utilisation de la cigarette électronique semble avoir un impact positif sur la santé publique pour deux raisons principales. D’une part les taux élevés d’arrêt et de réduction de consommation observés. D’autre part le fait que l’utilisation de la cigarette électronique est largement confinée à la population de fumeurs (actuels et anciens), et qu’elle est minimale chez les non-fumeurs. »
« Chez les non-fumeurs, nous avons observé une certaine expérimentation de la cigarette électronique, mais l’utilisation régulière est faible avec seulement 1,3% des non-fumeurs ayant déclaré utiliser une cigarette électronique contenant de la nicotine, et 0,09% ayant rapporté une utilisation quotidienne, explique Jacques Le Houezec. En pratique il n’y a pas d’utilisation actuelle ou régulière de cigarette électronique avec nicotine par les non-fumeurs ». C’est dire que la préoccupation politique quant à un possible effet passerelle vers le tabagisme ne semble en rien devoir tenir le haut du pavé.
Tabagisme post-Brexit
« Le questionnaire de l’Eurobaromètre est probablement l’un des plus détaillés en termes d’analyse de l’utilisation de la cigarette électronique au niveau de la population, soulignent les auteurs. Il fournit des informations détaillées sur la fréquence d’utilisation, différencie l’expérimentation de l’utilisation régulière et examine l’utilisation de nicotine avec la cigarette électronique. En outre, l’enquête a porté sur un large échantillon d’Européens représentatif de la population totale de l’UE. Ce type de questionnaire devrait être utilisé dans toutes les études en population. »
Eurobaromètre survivra-t-il au Brexit ? En toute hypothèse ne jamais oublier que le Royaume Uni obtient actuellement, et sans l’aide du Vieux Continent, les plus beaux résultats dans la lutte contre la tabagisme. Avec les Etats-Unis et l’Australie. Le fruit de la cigarette électronique et de la volonté politique.
A demain
A reblogué ceci sur Pour le moment, on ne sait pas. Mais cela devrait venir. Ou pas….
Bonjour,
sachant qu’il y a, dans l’Union européenne, plus de 500 millions d’habitants dont 28% soit 140 millions sont fumeurs, cette étude me paraît surtout une belle opération promotionnelle pour la cigarette électronique, faite par quelqu’un qui, si je ne m’abuse, en est un supporter historique et a écrit une bonne trentaine d’articles en faveur de la cigarette électronique.
L’aspect manipulateur de l’étude peut être repéré par l’utilisation immodérée des pourcentages. Si on nous dit que , p exp, 6% des fumeurs se sont arrêtés de fumer grâce à la cigarette électronique (en réalité c’est moins, 6/140) mais que »seulement 2% des non fumeurs ont adopté la cigarette électronique cela laisse à penser qu’il y aurait très peu de non fumeurs qui auraient adopté la cigarette électronique. En réalité, les nombres sont à peu près équivalents parce qu’il y a environ trois fois plus de non fumeurs que de fumeurs. Et d’autres petits trucs et astuces tels que ne pas définir les bornes temporelles de l’étude. Ainsi, il s’agit donc de données cumulées. Le taux de succès pour un groupe donné (données non cumulées) d’arrêt du tabac utilisant les simples patchs nicotiniques est de l’ordre de 5%, ai-je lu, donc supérieur.
La réponse à ce commentaire de Jacques Le Houezec, co-auteur de l’étude:
« Bonjour,
Avant de critiquer cette étude, il faudrait :
1) d’abord la lire correctement ;
2) s’assurer de vos calculs ;
3) éviter de diffamer son auteur principal.
Votre calcul du nombre de fumeurs en Europe est faux, on parle de la population de 15 ans et plus.
Les données analysées dans cet article proviennent de l’Eurobaromètre 2014 dont la méthodologie et la réalisation ont été assurées par la Commission européenne, entre le 29 novembre et le 8 décembre 2014 (pas de données cumulées).
La lecture du résumé permet de savoir qu’il ne s’agit pas de 6% de fumeurs qui ont arrêté de fumer avec la cigarette électronique, mais 6.1 millions (soit 35.1% des utilisateurs actuels au moment de l’enquête). Quant aux non-fumeurs ils s’agit de 2.3% de ceux qui ont au moins essayé une fois la e-cig, pas des utilisateurs actuels qui étaient 0.2% (dont seulement 0.09% utilisaient un liquide contenant de la nicotine).
Finalement, si l’on compare l’efficacité, 35% pour la e-cig vs. 5% pour le patch, il n’y a pas photo.
Bien cordialement »
A Jacques Le Houezec,
Je ne connaissais pas cette étude avant d’avoir lu le post de l’auteur de ce blog et ce qui m’a dérangé c’est d’abord le titre tapageur et le commentaire acritique, qui, à mon avis, n’a aucun rapport avec la réalité de ce que montre cette étude.
Je suis d’accord avec vous sur le fait qu’il n’y a pas 140 millions de fumeurs sur une population de 508 millions puisqu’il faut exclure les 0-14 ans, qui représentent 16% de la population soit quelques 81 millions. 28% de fumeurs chez les plus de 15 ans représentent alors 120 millions de fumeurs et non 140.
En réalité il s’agit d’une étude transversale, c’est-à-dire d’une étude de faible niveau de preuve, extrapolée à l’ensemble de la population européenne. Mais les chiffres sont cumulés, dans la mesure où ils étudient le nombre total de personnes qui se sont arrêtées de fumer depuis que la cigarette électronique existe, c’est-à-dire depuis 5 à 10 ans, selon que l’on veut prendre pour point de départ l’introduction de la cigarette électronique en Europe ou « l’explosion », c’est-à-dire l’effet de mode qui l’a rendue populaire http://e-liquide-shop.com/blog/historique-cigarette-electronique/ .
J’ai utilisé des chiffres simplifiés (j’ai dit « p exp »), mais j’aurais peut-être du expliciter davantage que ce n’étaient pas les chiffres de l’étude, mais des chiffres pris pour la démonstration. Je voulais clarifier le sens de cette phrase du résumé : » Ever e-cigarette use was reported by 31.1% (30.0-32.2%) of current smokers, 10.8% (10.0-11.7%) of former smokers, and 2.3% (2.1-2.6%) of never smokers.” Présentée sous forme de pourcentages, elle laisserait à penser qu’il y a peu de non fumeurs qui ont essayé la cigarette électronique. En réalité leur nombre est supérieur au nombre de ceux qui ont arrêté de fumer grâce à la cigarette électronique. Un petit calcul, une règle de trois, permet de conclure que 7 millions de non fumeurs ont essayé la cigarette électronique (427 millions de plus de 15 ans, parmi lesquels il y a 307 millions de non fumeurs, parmi ceux-ci 2,3% ont essayé la cigarette électronique, soit 7 millions).
Au total en 5 à 10 ans, selon le point de départ qu’on veut bien prendre 6 millions de fumeurs sur 120 millions, soit 5%, ont arrêté de fumer grâce à la cigarette électronique. 48 millions l’ont pourtant essayé dont 41 millions de fumeurs si les chiffres sont cohérents soit un tiers des fumeurs. Ce qui signifie que sur 41 millions de fumeurs qui l’ont essayé pendant tout ce temps 6 millions ont arrêté de fumer. Quant aux autres qui l’ont essayée certains ont peut-être continué à utiliser les deux, ou il est probable que la majorité d’entre eux n’ont pas été convaincus par la cigarette électronique et n’y reviendront plus.
Au total, depuis 5 ans d’engouement pour la cigarette électronique, 5% des fumeurs ont arrêté le tabac grâce à elle, dont une certaine proportion sont peut-être devenus dépendants de la cigarette électronique.
Il y a –t-il de quoi crier au miracle ?
Je ne pense pas
Cordialement
« Titre tapageur » et « commentaire acritique » démontrent que bien du travail reste à faire avant d’être toujours compris. Il en va de même de la notion de « réduction des risques ». Quant au « miracle » on a beau tendre l’oreille… la tendre encore… on n’entend personne crier.
A J-Y Nau,
« Cigarette électronique au zénith : six millions d’Européens ont arrêté de fumer avec elle ». Je ne sais pas ce qu’il vous faut de plus.
Je ne suis pas allée au bout de l’analyse, et n’en ai pas le temps ni l’envie, mais l’étude en question présente les chiffres de manière à donner une impression trompeuse sur l’efficacité de la cigarette électronique.
D’autre part, on peut se poser des questions sur cette manière d’extrapoler les résultats d’une population, qui s’est comportée au cours du temps comme un groupe ouvert (des gens se sont mis à fumer, d’autres ont arrêté de fumer) en un instantané pour tirer des conclusions sur l’efficacité de la cigarette électronique.
Les bonnes questions ne sont pas posées. Sur la population étudiée, combien de personnes ont réduit leur consommation de tabac sans aucune aide ? avec l’aide d’un patch ? avec une autre méthode ? Comment cela se compare-t-il avec la cigarette électronique pendant une période donnée?
Et que veut dire une phrase comme : « Initiation with e-cigarettes was reported by 0.8% (0.6-0.9%) of participants who reported ever use of any tobacco-related product.”. J’ai fume une cigarette à 13 ans. Je rentre donc dans la catégorie des “ever users ». On peut penser que cette catégorie comprend tous les expérimentateurs c’est-à-dire 80% de la pop de plus de 15 ans en France et probablement en Europe. Soit 0,8X427 millions soit 3, 4 millions de personnes.
Ce qui me gêne c’est cet engouement permanent et terriblement néfaste pour la santé publique, car il est associé à une absence de vision globale , à la puissance des groupes de pression et au détournement des politiques de santé publique rendues inefficaces par la pression de ces groupes. Et il n’y a pas , que je sache, de club de fans du patch nicotinique, ce qui montre bien qu’on passe d’une logique de dépendance à une autre, même si à priori bien moins néfaste, raison pour laquelle beaucoup de fumeurs ne veulent même pas essayer la cigarette électronique.
Voici ce que disait le communiqué de presse de l’eurobaromètre http://europa.eu/rapid/press-release_IP-15-5028_fr.htm .
« …Quant à la cigarette électronique, 12 % des Européens l’ont testée, contre 7 % en 2012. 67 % d’entre eux ont déclaré qu’ils souhaitaient ainsi réduire ou cesser leur consommation de tabac. Toutefois, seuls 14 % des utilisateurs de la cigarette électronique ont réussi à arrêter de fumer, ce qui montre que cette méthode de sevrage n’est pas particulièrement efficace. […]
Cigarette électronique
L’enquête Eurobaromètre révèle quelques chiffres intéressants sur la cigarette électronique, un produit relativement nouveau. Alors que 12 % des Européens ont testé l’e-cigarette, ils sont actuellement 2 % à l’utiliser. Ces chiffres ont sensiblement augmenté depuis 2012 (où ils se situaient respectivement à 7 % et 1 %). En Europe, les jeunes sont plus enclins à y goûter (13 % des 15-24 ans contre 3 % des plus de 55 ans). Si les Européens passent le plus souvent à la cigarette électronique pour réduire ou arrêter leur consommation de tabac (67 %), pas plus de 21 % des fumeurs ont réussi à refréner leur consommation grâce à ce produit et seuls 14 % ont pu arrêter complètement. »