Bonjour
C’était écrit : la polémique sur les causes de la mort, le 19 juillet, d’Adama Traoré, se structure en feuilleton médiatiquement filé. Nous somme le 2 août. Après Libération c’est Le Monde (Julia Pascual) qui a pu consulter (admirable terme) les rapports des deux autopsies médico-légales pratiquées l’une à Garches (le 21 juillet) l’autre à l’Institut médico-légal de Paris (le 26 juillet). Comme on l’avait déjà indiqué ces deux rapports parlent d’asphyxie sans établir les causes premières de cette dernière.
Est-ce l’« ensemble lésionnel compatible avec une cardiomyopathie hypertrophique 1» (rapport d’autopsie du 26 juillet) qui est la cause de l’asphyxie mortelle ? Est-ce la méthode, musclée, mise en œuvre par trois gendarmes ? Est-ce la conjonction des deux ? Qui tranchera ? Faudra-t-il réunir un collège d’experts légistes ? A quand les conclusions de l’instruction est en cours au tribunal de grande instance de Pontoise, qui vise à éclairer les circonstances de la mort. La famille d’Adama Traoré va-t-elle déposer une plainte pour « violence volontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner » ?
Imbroglio
On sait que l’imbroglio tient pour beaucoup à la communication, sur ce dossier médico-légal, d’Yves Jannier, procureur de la République de Pontoise. Il « distille les informations avec parcimonie » écrit Le Monde. Une bien mauvaise distillation, beaucoup d’ombres et de vapeurs – un creuset pour rumeurs. Une « communication sélective » dit encore Le Monde. Le procureur a sélectionné Le Monde pour se « justifier » :
« J’ai fait état des éléments saillants des différents comptes rendus. Je ne communique que pour fixer un certain nombre de points par rapport à des informations qui circulent. Or, depuis le début, la famille a indiqué qu’[Adama Traoré] avait fait l’objet de violence. »
« Je ne sais pas si l’asphyxie est la cause de la mort, tout ceci est assez fragmentaire. Si on avait une conclusion précise, on la communiquerait. »
La défense de la famille de la victime annonce qu’elle va faire « une demande de dépaysement, compte tenu du fait que le procureur communique des éléments contraires aux constatations ». C’est un bras de fer. Il ne fait que commencer. Il aurait pu être évité.
A demain
1 Les « cardiomyopathies hypertrophiques » constituent la première cause de mort subite chez l’adulte jeune. Elles peuvent être « sporadiques » ou « familiales ». On peut parfois les confondre avec les hypertrophies ventriculaires gauches secondaires à une hypertension artérielle ou à un entraînement sportif poussé. La distinction entre cardiomyopathie hypertrophique et « cœur sportif » est parfois difficile, le premier cas contre-indiquant la poursuite du sport de haut niveau.