Bonjour
Comme une promesse de rosée dans un désert thérapeutique. « Tantalising » trompettent les gazettes anglo-saxonnes. On peut, de fait, trouver l’affaire alléchante.
Résumons. Il s’agit d’une publication de Nature daté de ce 1er septembre . Un essai clinique mené sur 165 personnes souffrant de maladie d’Alzheimer à partir de l’anticorps monoclonal aducanumab administré mensuellement par voie intraveineuse. Développée par la société américaine de biotechnologie Biogen cette molécule expérimentale est depuis quelque temps déjà présentée comme prometteuse dans cette indication. Des résultats préliminaires avaient déjà été présentés l’an dernier à Nice lors d’une conférence internationale sur la maladie d’Alzheimer.
Son action vise, schématiquement, à « dissoudre » les agrégats de protéine bêta-amyloïde dans les tissus cérébraux l’un des signes caractéristiques de cette maladie neurodégénérative aujourd’hui incurable. Est-ce une action sur un symptôme ou sur la cause ? Tout est là… Les auteurs de la publication de Nature annoncent avoir observé, après un an de traitement à doses élevées, des résultats positifs en terme de réduction des pertes de mémoire – résultats positifs également à l’imagerie cérébrale. Mais ils font aussi état d’effets secondaires handicapants (céphalées) qui ont conduit un quart des personnes à arrêter cet essai.
Frisson de fièvre
Ces résultats mitigés seront suivi d’un essai clinique de phase III qui inclura 2700 personnes à un stade très précoce de la maladie en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. L’enthousiasme des promoteurs de ce travail (la société Biogen et la société suisse Neurimmune ) tranche avec les commentaires prudents de spécialistes recueillis par quelques titres de la presse anglo-saxonne comme la BBC ou encore The Guardian.
On retiendra le commentaire du Dr Tara Spires-Jones (Centre for Cognitive and Neural Systems at the University of Edinburgh) : « Je suis prudemment optimiste quant à ce traitement, mais en essayant de ne pas trop être excité parce que de nombreux médicaments ont donné des résultats à un stade précoce avant de se révéler des échecs lors d’essais plus importants ». Ou encore la phrase de John Hardy, professeur de neurosciences à l’University College de Londres : «Ces nouvelles données sont alléchantes, mais elles ne sont pas encore définitives ».
« Alléchantes » ? En 1899, dans Les Morts qui parlent le vicomte Marie-Eugène-Melchior de Vogüé écrit : « ‘’Nouvelles révélations sur le Panama. Demandes de poursuites contre plusieurs députés. Séance sensationnelle. ‘’ − Sous ces titres alléchants, les rédacteurs s’efforçaient de communiquer au public le frisson de fièvre qui secouait leur prose. »
A demain